Vidéo en anglais : « InTentional conversations » pendant le Forum entre Jean Jalbert et Igor Ustinov (22-01-2020)
Davos, 23 janvier 2020
Les principales menaces pour l’économie mondiale sont liées à la dégradation de l’environnement– Et si la Nature détenait une grande partie des solutions ?
L’édition 2020 du « rapport sur les risques mondiaux » vient d’être présentée lors du Forum économique mondial de Davos et pour la première fois de son histoire, ses perspectives à dix ans sont dominées par les risques environnementaux. Le changement climatique frappe plus durement et plus rapidement que prévu, avec diverses conséquences, depuis des phénomènes météorologiques extrêmes jusqu’aux migrations massives. La perte de la biodiversité a des conséquences majeures pour l’humanité, depuis l’effondrement des systèmes alimentaires et sanitaires à la perturbation de chaînes entières d’approvisionnement. La nature s’effondre autour de nous.
Notre priorité doit être de mettre un terme à cette dégradation de l’environnement, restaurer les écosystèmes et optimiser les services environnementaux qu’ils fournissent à l’humanité et à la planète. Nous devons en particulier concentrer nos efforts sur les zones humides, l’écosystème le plus prodigue de la planète. Bien gérées et restaurées, les zones humides sont des solutions fondées sur la nature permettant de répondre aux plus grands défis de l’humanité. Mais il n’y a pas de temps à perdre – c’est maintenant qu’il nous faut agir !
Le Forum Economique Mondial de Davos est cette année, placé sous le thème «Des acteurs pour un monde solidaire et durable». La Tour du Valat y est présente pour défendre les solutions fondées sur la nature comme réponse pertinente aux enjeux du 21° siècle. Au cours de ce Forum, la Tour du Valat a notamment organisé un évènement intitulé « Les zones humides, des solutions fondées sur la nature pour un bassin méditerranéen durable ». Les interventions de Pavan Sukhdev, économiste de l’environnement, Président du WWF International, et de Jean Jalbert, Directeur de la Tour du Valat ont alimenté un débat riche avec divers acteurs de l’économie mondiale.
Les zones humides, des solutions basées sur la nature
Lacs, étangs, marais, rivières, estuaires, tourbières, lagunes… Les zones humides, les écosystèmes les plus productifs de la planète et pourtant les plus menacés, sont d’extraordinaires réservoirs de biodiversité et sont essentielles pour la survie de l’humanité. Elles fournissent la quasi-totalité de l’eau douce consommée dans le monde, tout en offrant une protection contre les inondations et les conditions climatiques extrêmes. Plus d’un milliard de personnes dépendent des zones humides pour leur subsistance et leur survie, tout comme d’innombrables espèces végétales et animales. Cependant, pendant des siècles, elles ont été détruites, dégradées et transformées pour d’autres usages – industrie, agriculture, tourisme, urbanisation, etc. – et aujourd’hui encore, nous perdons nos zones humides et les multiples avantages qu’elles procurent. Il est urgent d’agir pour les sauver !
Que sont les solutions fondées sur la nature ?
Les solutions fondées sur la nature – lorsque la nature est gérée de manière durable pour relever les défis socio-environnementaux – sont solides, flexibles, rentables, intégrées et pensées sur le long terme. Qu’elles soient autonomes ou combinées à des infrastructures artificielles, les solutions fondées sur la nature offrent des co-bénéfices dans les domaines de la sécurité alimentaire, des moyens de subsistance, de la santé ou du bien-être, de la régulation de l’eau et de la réduction des risques de catastrophes, tout en contribuant à la conservation et à la restauration de la nature. En plus de favoriser une biodiversité unique et de fournir la quasi-totalité de notre eau douce, les zones humides stockent l’eau en période de sécheresse et atténuent les effets des inondations et des tempêtes lors des grandes marées. Les zones humides côtières, des dunes aux mangroves, constituent une première ligne de défense contre la montée du niveau de la mer, qui peut submerger les villes et endommager les terres agricoles.
Le bassin méditerranéen : un triple « point chaud »
Les zones humides ont un rôle particulièrement important à jouer dans le bassin méditerranéen. La Méditerranée est en effet l’une des régions les plus vulnérables du monde face au dérèglement climatique, se réchauffant 20 % plus vite que la moyenne mondiale. C’est également une des régions connaissant le plus de pressions liées aux activités humaines. Heureusement, la Méditerranée est également un point chaud de la biodiversité, hébergeant de nombreuses espèces endémiques et possédant des écosystèmes très divers et fonctionnels.
Les zones humides de la Méditerranée offrent des solutions essentielles pour s’adapter au changement climatique et l’atténuer, tout en augmentant la résilience de la société aux stress et aux chocs.
Les voyants sont au rouge !
Pourtant les derniers résultats* de l’Observatoire des zones humides méditerranéennes montrent que les zones humides de la région sont confrontées à des défis sans précédent. Ce qui accentue encore l’urgence d’agir pour les sauver :
- 48% des zones humides du bassin méditerranéen ont disparu au cours des 50 dernières années
- La population du bassin méditerranéen a augmenté d’un tiers depuis 1990, et de 42% sur les zones littorales
- « L’empreinte écologique » humaine dans le bassin méditerranéen est aujourd’hui presque deux fois plus forte que la moyenne mondiale
Eau
- Un tiers des pays méditerranéens subissent un stress hydrique très important, en particulier au Moyen-Orient et dans le Nord-Est de l’Afrique
- La plupart des cours d’eau ont subi une très forte réduction de leur débit (-25 à -75%)
- La capacité de régulation des crues par les zones humides a diminué de 20% dans certains pays du bassin méditerranéen
- L’eau douce restante est de plus en plus polluée par l’utilisation excessive de produits chimiques et le manque de traitement des eaux usées.
Changement climatique
Biodiversité
- 36% des espèces des zones humides méditerranéennes sont aujourd’hui menacées d’extinction. Leur déclin s’accélère, leurs populations ayant presque diminué de moitié depuis 1990.
Pour défier le réchauffement climatique, coopérons avec la nature !
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