Une note de synthèse vient d’être publiée dans le cadre du projet européen Biodiversa auquel la Tour du Valat a participé, et qui vise à traduire en termes politiques les résultats issus des recherches menées.
Elle confirme l’intérêt des infrastructures vertes (IV) dans les systèmes agricoles du continent et énonce des recommandations pour les favoriser.
Les IV consistent en un réseau de zones naturelles et semi-naturelles, couplées à des haies de forte densité et/ou des bandes enherbées en bordure des parcelles.
Insérées au sein des systèmes agricoles, elles permettent d’en maximiser à la fois la durabilité et la productivité, par la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques qui y sont associés.
C’est notamment le cas en ce qui concerne les insectes pollinisateurs, dont le nombre beaucoup plus important dans les infrastructures vertes favorise fortement les récoltes agricoles. Le contrôle des ravageurs des cultures peut également être amplement facilité, à moindre coût, par la présence et la diversité de leurs prédateurs au sein des IV.
Ces résultats s’appuient sur les recherches menées dans le cadre de divers projets européens sur les relations entre biodiversité, services écosystémiques et systèmes agricoles. La Tour du Valat y a notamment participé par le biais du projet Farmland entre 2011 et 2015, pour lequel elle a mené des suivis de la biodiversité dans plusieurs exploitations agricoles de Camargue.
Ils trouvent un écho important alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 8 août 2019 un rapport spécial sur les liens entre agriculture, alimentation et climat. Ce dernier montre la nécessité de réformer rapidement le système mondial de production agricole intensif, afin d’assurer la sécurité alimentaire des populations dans un contexte de réchauffement climatique accéléré et de crise de la biodiversité.
La Tour du Valat s’intéresse aux systèmes de production agricole, notamment dans la perspective de leur influence sur l’évolution de la biodiversité et des zones humides en Camargue et autour du bassin méditerranéen.
Une thèse est ainsi actuellement en cours soutenue par Alpina Savoie, qui permettra de mettre en évidence les infrastructures vertes les plus pertinentes pour les systèmes agricoles en Camargue.
L’expérimentation de cette agriculture de conservation est aussi au coeur du projet du Petit Saint-Jean, en Camargue gardoise.
En savoir plus :
Voir la note de synthèse Green infrastructure within agricultural landscapes strengthens the supply of ecosystem services
Référence bibliographique :
Sirami C., Gross N., Baillod A.B., Bertrand C., Carrié R., Hass A., Henckel L., Miguet P., Vuillot C., Alignier A., Girard J., Batáry P., Clough Y., Violle C., Giralt D., Bota G., Badenhausser I., Lefebvre G., Gauffre B., Vialatte A., Calatayud F., Gil-Tena A., Tischendorf L., Mitchell S., Lindsay K., Georges R., Hilaire S., Recasens J., Solé-Senan X.O., Robleño I., Bosch J., Barrientos J.A., Ricarte A., Marcos-Garcia M.Á., Miñano J., Mathevet R., Gibon A., Baudry J., Balent G., Poulin B., Burel F., Tscharntke T., Bretagnolle V., Siriwardena G., Ouin A., Brotons L., Martin J.-L., Fahrig L. 2019. Increasing crop heterogeneity enhances multitrophic diversity across agricultural regions. Proceedings of the National Academy of Sciences:201906419. doi: 10.1073/pnas.1906419116