Des chercheurs de la Tour du Valat, de l’Université Montpellier II (ISEM) et de l’Université de Bourgogne (Biogéoscience – UMR CNRS / uB / EPHE 6282) ont étudié les effets combinés du réchauffement climatique et de la dégradation des habitats sur les communautés d’oiseaux en plaine et en altitude. Cette étude vient d’être publiée dans la revue Journal of Biogeography.
Le réchauffement climatique est une menace majeure pour la biodiversité. Et certaines conditions aggravent encore la situation. Certaines espèces sont en effet plus vulnérables que d’autres au réchauffement, soit à cause de leur plus grande sensibilité soit parce que leur habitat est lui aussi dégradé. Dans cette étude, les chercheurs ont mesuré la réponse des communautés d’oiseaux au réchauffement climatique en tenant compte d’un facteur additif, la dégradation des habitats, et de la sensibilité des espèces suivant un gradient d’altitude, les espèces de montagnes étant fortement vulnérables au changement climatique. Les changements d’abondance de 115 espèces d’oiseaux ont été analysés grâce à plus de 30 ans de collectes de données, distribués sur trois grands cours d’eau Français, la Loire, l’Allier et le Doubs, et piloté par l’Université de Bourgogne.
Les résultats montrent que les communautés d’oiseaux, en plaine comme en altitude, ont changé au cours de la période d’étude, entrainant un déclin significatif des espèces en altitude. « Les espèces spécialistes, fidèles à des habitats précis sont de moins en moins abondantes, traduisant la dégradation des habitats sur l’ensemble des cours d’eau étudiés » précise Elie Gaget, auteur principal de l’étude.
En réponse à l’augmentation des températures de 1.2°C en 30 ans, les communautés d’oiseaux ont changé de composition en espèces, avec davantage d’espèces thermophiles, qui aiment les températures plus chaudes. Une bonne nouvelle ? « Nous observons que le réchauffement est plus rapide que la réponse des oiseaux » note Elie Gaget « et cette réponse est même complètement absente dans les milieux montagnards où le déclin des espèces a également été mesuré ».
Cette étude montre qu’en France, le réchauffement climatique et la dégradation des habitats ont un impact qui s’additionne sur les oiseaux, entraînant un déclin des espèces en particulier dans les milieux vulnérables comme en altitude. Cela rend les enjeux de conservation des cours d’eau encore plus prégnants.
Bergeronnette grise.
REFERENCES
Gaget E., Devictor V., Frochot B., Desbrosses R., Eybert MC. & Faivre B. Disentangling the latitudinal and altitudinal shifts in community composition induced by climate change: the case of riparian birds. Journal of Biogeography. DOI: 10.1111/jbi.14016
Contact : Elie Gaget : Post-doctorant – Université de Turku, Finande