Cet article a été publié par la revue Science of the Total Environment en juillet 2019.
Qu’en sera-t-il des zones humides méditerranéenne dans les prochaines décennies ?
Pourront-elles se maintenir face aux changements climatiques qui prévoient une augmentation des températures et l’occurrence d’épisodes pluvieux de plus forte intensité mais plus rares ?
Grâce à un partenariat avec l’institut des Sciences Atmosphériques et du Climat du Conseil National de la Recherche à Turin dans le cadre du projet H2020 Ecopotential, les projections météo pour les période 2050 et 2100 ont été estimées pour 229 localités autour de la Méditerranée et intégrées à Mar-o-sel.net selon deux scénarios, l’un prévoyant une stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (RCP4.5) et l’autre la poursuite de leur croissance actuelle (RCP8.5).
Des simulations ont permis de paramétrer des zones humides virtuelles pour chaque localité selon les conditions climatiques actuelles, puis en fonction des conditions climatiques de 2050 et 2100 selon les deux scénarios. Des valeurs seuils en termes de durée d’inondation et de sécheresse nécessaire au bon état des zones humides ont été définies pour que l’impact des changements climatiques puisse être visualisé en termes de dégradation ou transition d’écosystèmes.
Malgré un déficit hydrique accru sur l’ensemble de la Méditerranée en 2100 (de -239 mm ou -472 mm en moyenne selon les scénarios), certaines zones humides pourront se maintenir en bon état grâce à leur caractère semi-permanent (évaporation moindre lorsque le sol est sec) et leur capacité de réservoir (précipitations accrues en hiver dans certains pays). Néanmoins, c’est seulement 68 % (2050) et 27 % (2100) des zones humides qui se maintiendront en bon état si les émissions de gaz à effet de serre poursuivent leur croissance actuelle.
Le volume annuel moyen d’eau nécessaire pour préserver la biodiversité et les services rendus par ces écosystèmes variera d’1 million (sites légèrement dégradés) à plus de 3,5 millions (sites en voie d’assèchement permanent) de litres d’eau par année et hectare. Les pays les plus à risque quant à la dégradation ou perte de zones humides sont l’Algérie, le Maroc, le Portugal et l’Espagne.
Vous pouvez le retrouver sur le portail documentaire de la Tour du Valat (cliquer ici).
Référence bibliographique : Lefebvre G., Redmond L., Germain C., Palazzi E., Terzago S., Willm L., Poulin B. 2019. Predicting the vulnerability of seasonally-flooded wetlands to climate change across the Mediterranean Basin. Science of The Total Environment 692:546–555. doi: 10.1016/j.scitotenv.2019.07.263