Pierre Mallet, doctorant à la Tour du Valat a soutenu avec succès sa thèse de doctorat le 21 octobre 2022 intitulée :
Rôle des infrastructures et des pratiques agroécologiques pour la conservation de la biodiversité dans les systèmes de grandes cultures en Camargue
Pierre a réalisé son doctorat sous la direction du Dr. François Mesléard, directeur de recherche à la Tour du Valat et Professeur associé, IMBE, Avignon Université et le co-encadrement du Dr. Arnaud Béchet, directeur de recherche à la Tour du Valat, de Thomas Galewski, Chargé de recherche à la Tour du Valat et de Clélia Sirami, chargée de recherche à l’UMR Dynafor. Ce doctorat était financé par le Ministère en charge de l’Agriculture et Alpina-Savoie.
Pierre est maintenant en poste à la DREAL Bourgogne-Franche-Comté à Besançon en tant que chargé de mission dérogation espèces protégées.
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Résumé:
L’intensification de l’agriculture est une menace majeure pour la biodiversité. L’homogénéisation des paysages et les changements de pratiques réduisent la quantité et la qualité des habitats disponibles. Dans ce contexte, l’écologie des paysages peut être utilisée dans le but de proposer des modes de gestion agroécologique favorables à la biodiversité.
Dans cette thèse j’ai étudié les effets des interactions entre les bordures de parcelles et les pratiques agricoles ainsi qu’entre les bordures de parcelles et les milieux semi-naturels. J’ai pris pour modèle d’étude les paysages rizicoles du delta du Rhône en Camargue. Les paysages camarguais se caractérisent par de grands espaces de zones humides protégés en réserve, des zones de pâturage extensif et de marais à vocation cynégétique et des parcelles de grande culture. Selon leur localisation, ces cultures sont entourées de milieux semi-naturels ou dans des paysages d’openfields. En tant que zone humide majeure du bassin méditerranéen, il existe dans le delta du Rhône des enjeux de conservation de la biodiversité très importants. La Camargue est donc une zone d’étude intéressante pour travailler sur des modes de gestion agroécologique qui permettent de concilier la production alimentaire et la conservation de la biodiversité.
En étudiant l’effet de l’hétérogénéité du paysage le long d’un gradient d’intensité d’utilisation de produits phytopharmaceutiques, je montre que la présence de milieux semi-naturels surfaciques et de bordures de parcelles a un effet positif plus important pour la biodiversité dans les paysages agricoles intensifs. Ces milieux sont utilisés comme des zones refuges par différentes espèces. J’ai ensuite étudié l’effet des surfaces de bordures de parcelles le long d’un gradient de surface de milieux semi-naturels dans des paysages en agriculture biologique. J’ai ainsi mis en évidence le rôle d’habitat de substitution que peuvent avoir les bordures de parcelles pour les oiseaux nicheurs ainsi que leur utilisation comme habitat complémentaire pour les oiseaux hivernants. Cependant, la diversité des niches des espèces rencontrées dans les milieux agricoles camarguais induit des réponses contrastées aux variations de la quantité des différents types d’infrastructures agroécologiques. Afin de prendre en compte ces variations, j’ai modélisé l’effet de la plantation de haies dans le but d’optimiser la conservation de la biodiversité et la fourniture de services écosystémiques.
En conclusion, l’intensification agricole est une menace majeure pour la biodiversité, mais l’adoption de pratiques agroécologiques peut permettre de réduire ces impacts et même offrir des milieux favorables aux espèces. La prise en compte des milieux agricoles dans les programmes de conservation de la biodiversité en Europe est donc nécessaire.