La Tour du Valat et ses partenaires mènent depuis 2017 un projet de recherche sur l’impact des contaminants aquatiques sur les reptiles en Camargue.
Il est désormais clairement démontré que les zones humides en Camargue sont exposées à des niveaux de concentration de polluants très élevés, notamment du fait des apports de contaminants présents dans le Rhône et de l’agriculture intensive. C’est notamment le cas dans le bassin du canal de drainage du Fumemorte, qui débouche dans l’Étang du Vaccarès (en savoir plus ici p. 117 et ici).
De nombreuses études ont déjà été menées sur les poissons. Cependant les reptiles sont également considérés comme de très bons indicateurs de la qualité biologique des milieux aquatiques du fait de leur faible capacité de déplacement, d’où l’intérêt de s’y intéresser dans le cadre de cette étude.
Plusieurs espèces sont étudiées, soit strictement aquatiques (Cistude d’Europe, Couleuvre vipérine et Couleuvre helvétique) et donc très exposées aux contaminants dilués, soit terrestres mais naturellement présentes en Camargue à proximité des zones humides, et pour lesquelles l’exposition aux contaminants est donc à priori plus limitée (Couleuvre de Montpellier, Couleuvre à échelons, Coronelle girondine, Orvet fragile, Lézard à deux raies et Lézard des murailles).
La longévité variable de ces espèces (jusqu’à plusieurs dizaines d’années pour la Cistude) permet également de prendre en compte la durée de leur exposition aux polluants.
Des premiers résultats publiés en 2018 (en savoir plus), permettant de comparer les niveaux de mercure des couleuvres vipérines recueillies sur la Tour du Valat et ceux d’autres populations en France, semblent montrer que les individus se nourrissant d’amphibiens accumulent moins de mercure que ceux se nourrissant de poissons. C’est donc une première étape dans la compréhension des paramètres qui influencent la bio-accumulation des contaminants selon les espèces..
En 2019, les échantillons sanguins prélevés sur 174 cistudes d’Europe ont été analysés, pour y évaluer les concentrations de 18 polluants PCB (Polychlorobiphényles) et 16 pesticides organochlorés. Ces résultats, complétés des échantillons collectés en 2019, devraient faire l’objet de publications en 2020.
Les partenaires de ce projet sont :
- Centre d’Études Biologiques de Chizé, CEBC UMR 7372 CNRS – Université de La Rochelle
- Littoral Environnement et Sociétés (LIENSs), UMR 7266 CNRS – Université de La Rochelle
- Milieux environnementaux, transferts et interactions dans les hydrosystèmes et les sols – UMR 7619 METIS – Sorbonne Université, Paris
- Université d’Ottawa (Canada), Laboratoire de biologie