Amélie Hoste, doctorante à la Tour du Valat, a soutenu sa thèse avec succès le 16 décembre 2024, intitulée :
« Croissance de l’anguille européenne en milieu lagunaire méditerranéen : comparaison inter-habitats de la démographie, des tactiques d’utilisation de l’habitat et de la condition des futurs géniteurs »
Amélie a réalisé son doctorat sous la direction de Jean-Christophe POGGIALE, professeur à Aix-Marseille Université, ECOMAD et en co-encadrement par Delphine NICOLAS, chargée de recherche à la Tour du Valat.
Résumé :
L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est une espèce migratrice au cycle de vie complexe, se reproduisant en mer et grandissant dans les eaux continentales, sur une vaste zone allant des côtes nord-africaines au nord de l’Europe. Elle est classée en danger critique d’extinction dans la liste rouge de l’IUCN, avec une chute de son recrutement de plus de 95 % depuis les années 1980. Bien que des efforts aient été faits pour restaurer ses populations, la compréhension de sa croissance durant sa phase continentale est cruciale pour la gestion de l’espèce. L’anguille, colonisant une diversité d’habitats d’eau douce, saumâtre et salée, a une croissance variable (pouvant durer entre 2 et 30 ans) selon plusieurs paramètres biotiques et abiotiques telles que les conditions environnementales
Cette thèse s’est concentrée sur la croissance de l’anguille dans le delta du Rhône (France), un complexe lagunaire méditerranéen, en étudiant l’influence du type d’habitat sur la production d’anguilles argentées, en termes de quantité et de qualité, et en examinant les tactiques d’utilisation de l’habitat par l’anguille durant sa croissance. Ces travaux se sont basés sur une variété de méthodes dont la modélisation, la sclérochronologie, les quantifications microchimiques, et les analyses écotoxicologiques et épidémiologiques. Cette approche multidisciplinaire a montré l’existence de sous-populations distinctes en termes d’abondance, de sex-ratio et de traits d’histoire de vie, avec une forte variabilité entre et au sein des sites étudiés.
Des différences de traits d’histoire de vie ont été observées entre des anguilles capturées dans un milieu saumâtre, l’étang du Vaccarès et celles provenant de son principal apport d’eau douce, le canal du Fumemorte. L’étang du Vaccarès, un habitat mésohalin à euhalin, semble offrir les meilleures conditions pour la production d’anguilles argentées, avec un taux de croissance élevé et une abondance de mâles. En revanche, les anguilles du canal d’eau douce du Fumemorte montrent une croissance plus faible, mais un sex-ratio en faveur des femelles.
Les résultats soulignent l’importance de la diversité des habitats pour maintenir la variabilité des traits d’histoire de vie de l’anguille et la nécessité d’améliorer la qualité de l’eau. L’étude sur la qualité des anguilles a montré une plus forte contamination des anguilles au niveau des sites les plus pollués (c.-à-d., l’étang du Vaccarès et le canal du Fumemorte). Les connaissances acquises offrent une base de référence pour envisager des actions visant à améliorer la production d’anguilles en bonne condition corporelle et sanitaire, tout en tenant compte des spécificités d’habitat.
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