L’antibiorésistance – la capacité d’une bactérie à résister à l’action d’un antibiotique – est une menace majeure pour la santé publique et vétérinaire. Loin de se cantonner aux populations humaines et aux élevages, les bactéries antibiorésistantes passent d’un compartiment à l’autre par de multiples voies et sont ainsi présentes au sein des milieux aquatiques et de la faune sauvage. Ces bactéries sont par exemple portées par de nombreux rongeurs en Camargue, notamment dans les réserves naturelles : c’est ce que vient de montrer Marion Vittecoq, chercheuse à la Tour du Valat, en collaboration avec le laboratoire Mivegec et SYNLAB Midi dans un nouvel article paru dans la revue Ecohealth.
On y apprend que les rongeurs présents en Camargue, notamment les souris, sont porteurs d’une grande diversité d’entérobactéries antibiorésistantes. Même si cette diversité est plus grande en milieu urbain et dans les stations d’épuration que dans les habitats ruraux, des bactéries antibiorésistantes sont retrouvées jusque dans les réserves naturelles. Tout ceci s’accorde avec la littérature scientifique et vient compléter notre connaissance de l’antibiorésistance en Camargue et plus généralement dans la faune sauvage.
Ces résultats nous rappellent l’importance d’utiliser les antibiotiques de façon raisonnée pour nous-mêmes comme pour nos animaux domestiques afin de limiter la présence des antibiotiques et de leurs résidus dans l’environnement.
Vous pouvez retrouver cet article sur le portail documentaire de la Tour du Valat.
Résumé :
It is increasingly suggested that the dynamics of antimicrobial-resistant bacteria in the wild are mostly anthropogenically driven, but the spatial and temporal scales at which these phenomena occur in landscapes are only partially understood. Here, we explore this topic by studying antimicrobial resistance in the commensal bacteria from micromammals sampled at 12 sites from a large heterogenous landscape (the Carmargue area, Rhone Delta) along a gradient of anthropization: natural reserves, rural areas, towns, and sewage-water treatment plants. There was a positive relationship between the frequency of antimicrobial-resistant bacteria and the level of habitat anthropization. Although low, antimicrobial resistance was also present in natural reserves, even in the oldest one, founded in 1954. This study is one of the first to support the idea that rodents in human-altered habitats are important components of the environmental pool of resistance to clinically relevant antimicrobials and also that a “One Health” approach is required to assess issues related to antimicrobial resistance dynamics in anthropized landscapes.
Référence bibliographique : Vittecoq, M., Elguero, E., Brazier, L. et al. Antimicrobial-Resistant Bacteria Carriage in Rodents According to Habitat Anthropization. EcoHealth 20, 84–92 (2023). https://doi.org/10.1007/s10393-023-01638-7