L’Agence régionale pour l’environnement et l’écodéveloppement Provence-Alpes-Côte d’Azur (ARPE PACA) vient de publier l’Indice Région Vivante PACA, co-élaboré avec la Tour du Valat. Cet indicateur permet de mesurer l’évolution de la biodiversité en PACA depuis l’année 2000. Il met en évidence des tendances contrastées selon les espèces et démontre l’efficacité des mesures de protection de la nature.
Coordonné par l’ARPE PACA, l’Observatoire régional de la biodiversité vient de publier les résultats de l’évolution de la biodiversité en Provence-Alpes-Côte d’Azur avec l’expertise scientifique de la Tour du Valat. Pour cela de très nombreuses données de suivi des populations de 282 espèces de vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles, amphibiens), collectées par diverses structures publiques et privées entre 2000 et 2015, ont été analysées selon un protocole standardisé. Cet indicateur dénommé Indice Région Vivante PACA (IRV PACA), élaboré sur le modèle de l’Indice Planète Vivante du WWF, met en évidence les grandes tendances suivantes :
- La biodiversité en PACA a connu depuis l’année 2000 une stagnation globale, qui masque cependant de fortes disparités selon les espèces et les milieux ;
- Les milieux bénéficiant du plus fort niveau de protection et/ou les moins impactés par les pressions humaines ont vu leur biodiversité progresser, tels par exemple les milieux alpins où les populations d’ongulés de montagne (Chamois, Bouquetin) sont en augmentation, les aires marines protégées (Mérou brun dans le Parc national de Port-Cros par exemple), ou encore les zones humides protégées où les oiseaux d’eau effectuent un retour marqué (Flamant rose et Spatule blanche en Camargue) ;
- En revanche d’autres milieux non protégés voient leur biodiversité régresser, dans des proportions parfois alarmantes. C’est notamment le cas en Provence intérieure, qui subit de plein fouet une tendance forte à l’urbanisation et à la modification des pratiques agricoles, souvent néfastes à de nombreuses espèces. De même, reptiles et amphibiens subissent globalement des menaces croissantes.
- Les tendances négatives sur ces milieux sont si lourdes que certaines espèces autrefois communes ont aujourd’hui beaucoup régressé; c’est ainsi le cas pour les oiseaux du Chardonneret élégant, de l’Alouette des champs, ou encore des pies-grièches.
L’IRV permet donc désormais de mesurer de façon fiable l’évolution de la biodiversité en région PACA, et constitue en cela un outil indispensable pour les décideurs et les gestionnaires de la nature. En particulier, les résultats positifs mis en évidence pour certains milieux et espèces plaident pour un renforcement des politiques publiques de protection de la nature, au sein mais aussi et surtout en dehors des espaces naturels les mieux préservés (notamment les milieux agricoles, forestiers et urbains).
La Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides basé en Camargue, développe depuis plus de 60 ans ses activités sur l’ensemble du pourtour méditerranéen avec un souci constant : mieux comprendre les zones humides pour mieux les gérer. Convaincue que ces milieux menacés ne pourront être préservés que si activités humaines et protection du patrimoine naturel vont de pair, la Tour du Valat développe depuis de nombreuses années des programmes de recherche et de gestion intégrée qui favorisent les échanges entre usagers et scientifiques, mobilise une communauté d’acteurs et promeut les bénéfices des zones humides auprès des décideurs. Elle plaide pour une généralisation de l’IRV à d’autres régions françaises, sur la base d’une méthodologie qui pourrait être aisément reprise dans d’autres territoires.
Contact :
Thomas Galewski, chargé de projet à la Tour du Valat (e-mail)