Jean-Philippe Lefrançois, Directeur général d’Alpina Savoie répond aux questions de la Tour du Valat concernant l’agroécologie en Camargue. |
1. Alpina Savoie soutient depuis 2019 un projet de recherche mené par la Tour du Valat sur l’agroécologie en Camargue. Pourquoi Alpina Savoie a-t-elle choisi de s’engager dans un tel projet ?
Alpina Savoie est le plus ancien pastier meunier français. L’entreprise a été créée à Chambéry en 1844 dans une région de grande tradition pastière.
Aujourd’hui, face aux défis climatiques planétaires, nous voulons contribuer au renouveau et à la souveraineté de notre alimentation en fabriquant des produits français au goût « vrai », respectueux de la terre et de ceux qui la cultivent.
Notre volonté est de proposer à nos clients Grand Public et Pro des solutions pour faciliter et inspirer une assiette plus saine, végétale et durable. Nous développons des pâtes et produits céréaliers de haute qualité organoleptique, nutritionnelle et technique, avec un impact environnemental positif.
Alpina qui a toujours eu son propre moulin, travaille depuis toujours en forte proximité et confiance avec ses partenaires agriculteurs français afin de cultiver des blés de haute qualité dans le respect de la terre, des femmes et des hommes qui la travaillent. L’entreprise a été pionnière il y a plus de 25 ans dans le développement de filières de blé dur françaises durables aux cahiers des charges exigeants.
En 2012, l’entreprise a créé sa 1ère et unique filière de blé dur bio en France avec ses partenaires de l’association de Sud Blé Dur Bio afin de proposer des pâtes bio 100% françaises du champ à l’assiette.
Un grand nombre d’agriculteurs partenaires bio sont situés en Camargue où il existe des conditions climatiques favorables pour la culture du blé dur et un vrai levier agronomique avec la rotation des cultures.
Nous les accompagnons sur la mise en place de nouvelles pratiques agricoles tout en leur garantissant une visibilité sur leur avenir avec une juste rémunération de leur travail.
Pour nous, ce projet agroécologique avec la Tour du Valat fait totalement sens avec notre mission d’entreprise.
2. Pourquoi avez-vous choisi d’accompagner cette démarche en Camargue ?
L’objectif de cette démarche était d’abord de mesurer et démontrer l’impact de la culture bio sur l’écosystème fragile de la Camargue et la préservation de sa biodiversité unique.
Ensuite, l’étude avait pour but d’identifier les axes de progrès dans les modes culturaux pour conjuguer performances agricoles et préservation des ressources. Nous avons ainsi bénéficié de l’expertise de La Tour du Valat pour structurer un projet ambitieux autour de l’évolution des pratiques agricoles. Aujourd’hui, nous sommes fiers de constater que les travaux menés depuis 3 années maintenant amènent de plus en plus de producteurs à s’intéresser à la biodiversité sur leur parcellaire agricole et surtout, aux bénéfices que cette biodiversité peut leur apporter dans leur lutte contre les bioagresseurs du blé dur bio notamment.
A présent, nous souhaitons changer la dimension de ce projet, afin qu’il fasse boule de neige sur un plus grand nombre de producteurs.
3. Quelles sont, selon vous, les blocages ou contraintes qui limitent aujourd’hui le développement du bio et de l’agroécologie ?
Le premier élément de réponse est conjoncturel : avec l’inflation que nous constatons depuis plusieurs mois, les coûts de production s’envolent et par extension, les prix pratiqués sur les produits biologiques auprès des consommateurs. Tous les produits semblent concernés. Le marché des pâtes a connu une régression de 3% des ventes bio en 2022.
La baisses des ventes bio en alimentaire est due à l’inflation mais aussi à une offre locale et/ou responsable. Avec l’émergence d’une multitude de labels qui se positionnent sur un ou deux éléments très clairs, à l’instar du Zéro Résidus de Pesticides par exemple ou encore du Commerce Equitable, les consommateurs ne comprennent plus tellement la différence des garanties apportées par les produits Bio. Par exemple, de nombreux produits bio viennent de loin. Ils ne garantissent pas non plus l’absence de pesticides et les emballages sont souvent en plastique.
Chez Alpina Savoie, nous avons fait le choix de garantir des produits 100 % Bio Français équitable, sans utilisation de pesticides y compris ceux homologués en AB et donc sans résidu de pesticides. De plus, nous les proposons dans des étuis cartons issus de forêts gérées durablement et localement.
Aujourd’hui, 63% des Français sont préoccupés par le réchauffement climatique dont ils voient concrètement l’impact. Ils attendent de leurs marques qu’elles agissent. L’agroécologie est bien un enjeu majeur dans la lutte contre le réchauffement. Mais il faut sensibiliser et accompagner les consommateurs pour qu’ils comprennent la valeur ajoutée et le sens de notre démarche.
4. Quels rôles Alpina Savoie joue dans l’encouragement à la transition agroécologique ?
Alpina Savoie s’engage sur son impact à l’échelle de sa chaîne de valeur, de la fourche à la fourchette et qu’il s’agisse de la production biologique ou conventionnelle du blé dur, nous travaillons main dans la main avec l’ensemble des acteurs de l’amont agricole :
- Les coopératives et les négociants qui accompagnent les producteurs au quotidien, dans la production d’une haute qualité de blé dur,
- Les instituts de recherche comme La Tour du Valat, mais aussi citons l’INRAE, ou Arvalis, avec lesquels nous travaillons sur des projets de recherche, visant à parfaire la maîtrise de l’itinéraire cultural du blé dur. Là encore, nous travaillons sur des questions de lutte contre le réchauffement climatique, mais aussi d’optimisation de la qualité intrinsèque de notre matière première qu’est le blé dur,
- Et même d’autres partenaires industriels de l’agroalimentaire, avec qui nous partageons nos engagements et conjuguons nos efforts pour accompagner l’amont agricole sur ses propres défis.
Par ailleurs, nos outils contractuels et de fixation des prix sont conçus pour permettre une rémunération juste des producteurs afin d’accompagner les efforts qu’ils déploient pour s’inscrire dans une logique agroécologique ambitieuse.