Depuis 1995 la Tour du Valat mène un suivi quinquennal, puis triennal (depuis 2010), des populations d’oiseaux nicheurs sur son domaine (2600 ha), par le biais d’écoutes de 20 mn sur 115 points. Ces dénombrements ont permis de mettre en évidence un peuplement diversifié à l’image des différents milieux présents sur le domaine : sansouïres, marais, fourrés méditerranéens, pelouses sèches, ripisylves et milieux cultivés. En 2019, les trois espèces les plus abondantes sur le domaine sont le Rossignol philomène, l’Hypolaïs polyglotte et l’Alouette des champs.
Si le nombre d’espèces présentes a globalement relativement peu évolué en 25 années de suivi, fluctuant entre 56 et 71, de même que le nombre total de couples (minimum de 1648 en 2000 et maximum de 2310 en 2016), une analyse plus fine de ces résultats montre toutefois des modifications notables des populations.
Ainsi depuis l’année 2000, quatre espèces ont connu des déclins très marqués en ce qui concerne leurs effectifs : la Pie bavarde (-86 %), la Corneille noire (-76 %), le Moineau friquet (-97 %) et le Choucas des tours (-100 %). Ces espèces sont aujourd’hui quasi voire totalement absentes du domaine de la Tour du Valat, alors qu’elles étaient encore présentes à hauteur de plusieurs dizaines d’individus en 1995. La Tourterelle des bois, la Huppe fasciée et le Pic vert voient également leurs effectifs s’éroder sur le long terme.
D’autres espèces, à l’inverse, ont vu leurs effectifs fortement augmenter ; l’Hypolaïs polyglotte (+ 180 %), la Fauvette mélanocéphale (+ 242 %) tandis que le Bruant proyer et la Cigogne blanche se sont solidement implantés sur le domaine alors qu’ils en étaient quasiment absents deux décennies plus tôt.
La majorité des espèces ne connaissent cependant pas d’évolution significative de leurs effectifs, ceux-ci demeurant stables ou fluctuants sans tendance nette.
Globalement, ces résultats semblent démontrer que le domaine de la Tour du Valat est le reflet de ce qu’était la Camargue fluvio-lacustre avant les grands aménagements agricoles et hydrauliques qui ont marqué le delta au cours du 20ème siècle. En témoignent l’abondance des oiseaux de sansouïres et des pelouses pâturées ou encore la fluctuation des espèces de zones humides en fonction des années sèches ou pluvieuses.
La superficie restreinte du domaine ne suffit toutefois pas à enrayer le déclin de toutes les espèces, en particulier les oiseaux des milieux agricoles qui sont en forte régression en Camargue, comme dans le reste de la France, depuis plusieurs décennies.
Vous pouvez accéder au résultats détaillés de ce suivi via les deux documents ci-dessous.