Fidèle à sa mission d’étude et d’expertise des zones humides méditerranéennes et d’appui à ses partenaires sur les deux rives du bassin, la Tour du Valat était particulièrement active dans les pays d’Afrique du Nord en cette fin d’année 2019.
Le projet de conservation de Sebkhat Sejoumi en Tunisie
En Tunisie tout d’abord, elle a activement participé au projet de conservation de Sebkhat Sejoumi, via une formation de deux journées fin octobre, sur l’utilisation des techniques d’observation de la Terre pour le suivi des zones humides (au bénéfice des partenaires locaux et nationaux issus des agences gouvernementales, des organisation de la société civile ainsi que du secteur privé), suivie d’un atelier public de restitution des résultats clôturé par une conférence de presse.
Sebkhat Sejoumi est un grand lac salé intermittent de près de 3000 hectares, situé à l’ouest du Grand Tunis, dans un environnement très densément peuplé. Il est considéré comme une des deux dernières grandes zones humides naturelles (avec Sebkhat Ariana) entourant cette importante agglomération urbaine d’Afrique du Nord et constitue un des principaux refuges, à l’échelle régionale, pour de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau dont des migrateurs entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Il est, à ce titre, classé Zone Humide d’Importance Internationale selon la Convention Ramsar (en savoir plus).
Le site est menacé depuis plusieurs années par un gigantesque projet d’aménagement qui ne prend pas suffisamment en compte les aspects écologiques, selon les ONG environnementales locales, dont l’Association des Amis des Oiseaux (AAO) et le Réseau Enfants de la Terre (RET).
L’étude menée par la Tour du Valat et ses partenaires, et présentée publiquement à Tunis le 28 octobre dernier, a permis de mettre en avant les conséquences néfastes de l’urbanisation anarchique survenue tout autour du site au cours des trois dernières décennies, notamment la récurrence des inondations au niveau des habitations.
Afin de mieux réguler ces dernières, le projet d’aménagement prévoit (dans sa forme actuelle) de sur-creuser la sebkha, tout en consolidant une grande partie de ses berges. Or selon la Tour du Valat, ces changements risquent de dégrader considérablement le site naturel et ses fonctions écologiques. D’autant plus que les dégâts causés par ses épisodes de crue seraient davantage imputables à une mauvaise gestion des plans d’urbanisation, en amont du lac, en autorisant par exemple des constructions en zones inondables.
Les acteurs de la société civile plaident donc pour une révision du projet en faveur d’une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, tout en considérant les problématiques sociale et économiques des population riveraines, dans une logique de développement durable (voir ci-dessous l’interview d’Anis Guelmami, chef de projet à la Tour du Valat).
Lancement du Fonds de l’eau du Sebou au Maroc
Au Maroc voisin, la Tour du Valat a également activement contribué au projet d’élaboration d’un Fonds de L’Eau dans le bassin versant de l’oued Sebou. Ce dernier a été officiellement lancé le 13 novembre 2019, lors d’une cérémonie publique près du lac Aoua (province d’Ifrane) et en présence de l’ensemble des partenaires locaux et internationaux, ainsi que de différents médias nationaux.
Initié par l’ONG Living Planet Morocco (WWF Maroc), ce fonds constitue un mécanisme de financement durable et participatif pour la conservation et la restauration des ressources en eau et de la biodiversité, en particulier au niveau des six grands lacs naturels d’eau douce du Moyen-Atlas marocain. La valorisation des atouts culturels et des activités socio-économiques de la région, au premier rang desquels l’agriculture durable, en constitue également un axe essentiel (en savoir plus).
À ce titre, la contribution de la Tour du Valat à ce projet ambitieux et novateur (première initiative du genre en Méditerranée et dans le monde arabe) consiste essentiellement à apporter un appui scientifique pour améliorer les connaissances sur les zones humides de la région, des services écosystémiques qu’elles procurent, ainsi que des nombreuses pressions qu’elles subissent. En particulier à travers l’utilisation des techniques d’observation de la Terre (ex. les images satellitales) et les systèmes d’information géographique (SIG).
En Algérie une collaboration active avec la Direction Générale des Forêts dans le complexe de l’Oranais-Dahra
Enfin en Algérie, la Tour du Valat collabore activement avec son principal partenaire institutionnel dans ce pays, la Direction Générale des Forêts (DGF), dans le but de mettre en œuvre un système de suivi et de gouvernance locale des zones humides dans le complexe de l’Oranais-Dahra. Cette initiative s’intègre dans le cadre de l’implémentation de la Stratégie Nationale Zones Humides, visant, entre autre, à gérer ces milieux selon une approche écosystémique et est financée par le programme de coopération franco-algérien PROFAS-C+.
C’est dans ce contexte qu’a été organisé le 2 décembre 2019 à Tlemcen le premier atelier participatif régional pour la mise en place du comité de gouvernance locale des zones humides du complexe de l’Oranais-Dahra. Il a réuni 67 participants représentatifs des principales organisations et acteurs impliqués dans la gestion et la préservation de ces milieux à cette échelle du territoire (essentiellement issus des organisme publiques, de la société civile et du monde de la recherche scientifique).
Lors de cet atelier, la Tour du Valat et la DGF ont co-animé deux ateliers de travail , dont les thèmes étaient orientés sur la définition des bases structurant le comité de gouvernance locale des zones humides du complexe de l’Oranais-Dahra, son futur fonctionnement ainsi que ses principaux objectifs, et la mise en place du futur système de suivi des zones humides à cette échelle géographique.
Contact : Anis Guelmami, chef de projet à la Tour du Valat / Observatoire des zones humides méditerranéennes (e-mail)