Le premier rapport de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM)
L’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes, coordonné par la Tour du Valat, a été créé en 2008 dans le cadre de l’initiative MedWet. Ses analyses portent, entre autres, sur vingt-cinq indicateurs concernant l’état de la biodiversité, les services écologiques qu’elles fournissent, les pressions qu’elles subissent et les réponses de la société pour les conserver et les gérer. Dans ce premier rapport, dix-sept indicateurs ont été développés et évalués.
L’analyse de la situation des zones humides méditerranéennes montre quelques résultats saillants:
La surface de zones humides en régression continue
La perte de surface de zones humides en région méditerranéenne est estimée à plus de 50% au XX° siècle. A ce jour, la tendance à la baisse se poursuit, même si elle ralentit dans les pays européens du Bassin.
Biodiversité: une évolution contrastée entre l’Ouest et l’Est méditerranéen
L’Indice Planète Vivante montre une stabilité des populations de vertébrés vivants dans les zones humides, résultat de tendances contrastées. Certaines populations d’oiseaux d’eau se portent bien, en particulier dans l’ouest du bassin méditerranéen. Cependant, les autres groupes tels que les reptiles, les amphibiens et les poissons, montrent une baisse importante de leurs populations, de l’ordre de 40% depuis 1970.
Des pressions très fortes et croissantes sur l’eau
Le bassin méditerranéen est l’une des régions dans le monde la plus exposée au manque d’eau avec 7% de la population mondiale et seulement 3% des ressources en eau douce. Elle concentre près de 60% de la population « pauvre en eau », en particulier dans le sud du bassin.
Une tendance à l’amélioration de la qualité…
En Europe, la qualité de l’eau s’est globalement améliorée depuis les années 80, notamment pour les nutriments et les métaux lourds. Cependant, il manque des données fiables sur les autres polluants tels que les pesticides. En outre, les autres régions du bassin méditerranéen ne sont pas suffisamment suivies.
Mais une baisse de quantité !
La quantité d’eau disponible pour l’environnement et les zones humides est en baisse, principalement dans le Sud et l’Est. Les débits des rivières sont profondément affectés par les prélèvements d’eau et les barrages construits le long de leur cours. La surexploitation des aquifères est inquiétante dans les zones arides des pays du sud.
Des causes multiples de dégradation
La croissance démographique, les modèles de développement économique, la gouvernance, la faible place des zones humides dans l’agenda politique et le niveau insuffisant d’application des lois environnementales sont les principales causes expliquant les changements profonds dans les zones humides.
Si l’agriculture est le secteur qui impacte le plus largement les zones humides et l’eau, l’urbanisation, les infrastructures publiques et le tourisme exercent des pressions croissantes.
Les modifications subies par les zones humides impactent sur le bien-être humain
Les zones humides apportent de nombreux services à l’Homme encore méconnus, notamment les services de régulation tels que la purification de l’eau et la diminution du risque d’inondation. En outre, les décideurs et les acteurs socio-économiques ne sont pas encore familiers avec le concept de services écologiques et ne l’intègrent pas dans leurs agendas, en particulier dans les pays hors de l’Union Européenne.
Des réponses possibles et des perspectives d’actions
Au-delà d’un état des lieux alarmant, le rapport apporte des perspectives d’actions en proposant des préconisations pour la sauvegarde des zones humides et le maintien des avantages générés par celles-ci pour les générations futures :
- Elaborer et mettre en œuvre des politiques et des cadres juridiques plus efficaces pour enrayer la perte continue des zones humides et la dégradation et l’homogénéisation de leur biodiversité;
- Impliquer tous les acteurs, des décideurs politiques à la société civile, le secteur privé et les agences de développement, etc. pour sauvegarder les zones humides ;
- Renforcer la labellisation de sites Ramsar, les mesures de protection et la mise en œuvre de plans de gestion ;
- Promouvoir la conservation dans les zones non-protégées en participant activement aux niveaux national et local d’aménagement du territoire ;
- Renforcer la gestion rationnelle des zones humides pour assurer une disponibilité en eau saine et durable et l’approvisionnement des pays méditerranéens.
Ce rapport est constitué de deux volumes : un rapport général, destiné à un public scientifique et technique, qui détaille les dix-sept indicateurs et analyse leurs résultats. L’autre volume, plus concis, propose une analyse dans un contexte plus large et s’adresse aux décideurs.
Les deux volumes seront officiellement présentés lors du Symposium international sur l’eau et les zones humides en Méditerranée qui se déroulera à Agadir (Maroc), du 6 au 8 février 2012 (voir Agenda).
Les résultats et les rapports seront très prochainement disponibles en téléchargement sur le site de l’OZHM.