« Dans le bassin méditerranéen, une espèce sur 5 en voie d’extinction d’après le Rapport Méditerranée Vivante en préparation »
La biodiversité du bassin méditerranéen est en chute libre. C’est ce que révèle l’étude menée par plusieurs instituts de recherche et ONG¹ dont certains résultats ont été dévoilés en avant-première. La Liste Rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) montre que parmi les 7363 espèces sur lesquelles les experts se sont penchés, une sur cinq est menacée d’extinction. Les auteurs ont aussi repris la méthodologie de l’Indice Planète Vivante et rassemblé des dizaines de milliers de données leur permettant de calculer des tendances pour un quart de toutes les espèces de vertébrés rencontrées dans le bassin méditerranéen. Les résultats définitifs nous seront communiqués dans le « Rapport Méditerranée Vivante » dont la parution est annoncée au cours du premier semestre 2021.
Pour les chercheurs de l’institut de la Tour du Valat, qui ont initié cette étude, la situation est particulièrement alarmante car le bassin méditerranéen est un point-chaud mondial de biodiversité, abritant plus d’un tiers d’espèces endémiques (36.5%) qui n’existent nulle part ailleurs sur le globe. Parmi les raisons qui expliquent cette situation critique citons la pollution, le changement climatique, l’agriculture intensive et l’urbanisation. Deux menaces apparaissent prépondérantes dans le bassin méditerranéen : la pêche intensive et les prises accidentelles qui affectent 45% des espèces marines et la mauvaise gestion des ressources en eau (prélèvements et pollution d’eau pour l’agriculture ou encore construction de barrages sur les fleuves) qui assèchent les zones humides et menacent 33% des espèces d’eau douce.
Infléchir la tendance négative est pourtant possible. La désignation d’aires protégées, la restauration d’écosystèmes dégradés, un contrôle renforcé des prélèvements d’espèces animales et végétales sauvages ou encore une gestion intégrée du territoire qui prend en compte les enjeux de biodiversité sont autant de solutions qui ont fait leurs preuves. Depuis son inscription sur la liste des espèces protégées et la surveillance de ses principaux sites de pontes dans l’Est de la Méditerranée, la Tortue caouanne voit ses populations progresser. Beaucoup d’espèces d’oiseaux d’eau telles que le Flamant rose ou le Pélican frisé sont aussi plus nombreuses qu’il y a 40 ans car elles ont bénéficié de la mise en protection de plusieurs grandes zones humides et de l’interdiction de leur chasse. Certains grands ongulés comme le Bouquetin ibérique ou le Cerf de Corse ont bénéficié d’opération de réintroduction dans des régions d’où ils avaient disparu. Ces exemples démontrent que l’espoir est permis et que des populations au seuil de l’extinction peuvent se rétablir si les bonnes actions sont prises à temps. Décideurs politiques, scientifiques, société civile et secteur privé doivent désormais établir une communication régulière et transparente pour que de leurs échanges émergent des décisions à même de répondre à l’ampleur de la crise écologique. Rappelons que de la bonne santé de la biodiversité et des écosystèmes méditerranéens dépend celle de 500 millions de personnes.
¹Ce rapport est co-rédigé par l’institut de recherche de la Tour du Valat, le Centre de coopération méditerranéenne de l’UICN, le WWF, la Société Zoologique de Londres, MedPAN, l’Université de Lisbonne.
Contact : Thomas GALEWSKI, Chef de projet suivi et évaluation de la biodiversité – 04 90 97 29 78