Cet article a été publié dans la revue Wildlife Biology en septembre 2018 dans le cadre de la thèse de Benjamin Folliot, doctorant Tour du Valat/Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.
Il traite des comportements migratoires du Fuligule milouin.
Le Fuligule milouin, canard plongeur qualifié de migrateur partiel, accuse depuis les années 2000 un déclin préoccupant des population hivernantes européennes ayant mené à la réévaluation de son statut de protection. Depuis 2015, cette espèce est dorénavant considérée comme vulnérable selon l’IUCN. Une diminution de son succès de reproduction en Europe de l’Est a été évoquée, selon les dires d’expert européens, comme responsable de ce déclin. Dans cet article nous avons cherché à déterminer si la diminution récente (observée principalement grâce aux comptages en hiver en Europe de l’Ouest) n’est pas la conséquence de changements qui ont lieu au-delà de la voie de migration d’Europe de l’Ouest. Pour cela, nous avons utilisé les données de baguage-reprise depuis 1960.
Nos résultats montrent qu’effectivement de nombreux échanges ont lieu entre les voies de migration classiquement délimitées, et en particulier avec la voie de migration sud-ouest asiatique. Nous avons ainsi déterminé une très forte connectivité des milouins bagués en Europe de l’Ouest avec une importante aire de reproduction (~ 500 000 km²) située à l’Est de l’Oural, à la frontière entre la Russie et le Kazakhstan. La littérature récente atteste que cette aire de reproduction a subi une forte dégradation de son habitat notamment par l’assèchement des zones humides pour la culture de coton et l’intensification de l’exploitation de gaz et de pétrole entraînant une pollution des eaux et des habitats.
Ainsi, le déclin des populations hivernantes observé en Europe pourrait provenir d’une diminution du succès de reproduction à la fois en Europe de l’Est mais également en Russie, ce qui n’était pas envisagée auparavant. L’état de la population hivernante dans la voie de migration sud-ouest asiatique reste inconnu (trop forte incertitude autour de la tendance moyenne des effectifs hivernants). Nous suggérons ainsi la nécessité de prendre sérieusement en compte cette voie de migration dans les objectifs de gestion du fuligule milouin, ce qui passe par l’amélioration de nos connaissances en Russie.
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Référence bibliographique : Folliot B., Guillemain M., Champagnon J., Caizergues A. 2018. Patterns of spatial distribution and migration phenology of common pochards Aythya ferina in the Western Palearctic: a ring-recoveries analysis. Wildlife Biology 2018:wlb.00427. doi: 10.2981/wlb.00427
Photo : fuligule milouin en Camargue © Thomas Galewski