Chaque année depuis 2007, la Tour du Valat et l’Office Français de la Biodiversité (OFB) invitent les acteurs de la chasse, de la conservation de la nature et de la recherche à se réunir en Camargue lors d’une demi-journée d’échange.

L’objectif de cette journée est de favoriser les interactions entre les différents acteurs du territoire autour des questions cynégétiques et de gestion des populations d’oiseaux d’eau et de leurs habitats en Camargue. Cette année, 74 participants ont répondu présent et se sont réunis à la Tour du Valat, le vendredi 16 mai.
Après un mot d’accueil par Jean Jalbert, directeur général de la Tour du Valat, Jean-Baptiste Mouronval, ingénieur d’études à la Tour du Valat, a présenté les résultats des dénombrements aériens d’oiseaux d’eau de l’hiver 2024-2025 (retrouvez une synthèse des résultats en fin d’article).
Matthieu Guillemain, de la Direction de la Recherche et de l’Appui Scientifique de l’OFB a ensuite présenté les travaux conduits à la demande de la Commission Européenne concernant les espèces d’oiseaux chassables en mauvais état de conservation. Les échanges avec la salle ont permis de mettre en avant les données scientifiques sur lesquelles se base cette approche, qui conduisent la Commission à proposer des mesures de gestion incluant la suspension de la chasse de certaines espèces les plus fragilisées.
En parallèle des enjeux réglementaires européens, la gestion quotidienne des territoires reste centrale. Le bilan du projet PACTE Camargue financé par la fondation Albert II de Monaco a été présenté par Raphaël Mathevet, directeur de recherche CNRS EPHE au CEFE de Montpellier. Ce projet sur les conditions de coexistence des activités humaines et de la faune sauvage a permis la réalisation de la thèse de D. Coz sur les sangliers et les grues cendrées en Camargue qui a été valorisée par deux publications scientifiques. Deux outils de mise en situation (jeux sérieux) sur la chasse adaptative des canards et des sangliers ont été également présentés. Enfin, un ouvrage collectif de partage d’expériences sur la gestion des marais chassés en Camargue a été présenté. Réalisée par des gestionnaires de marais chassés, des experts et des chercheurs, cette publication illustre l’intérêt de prendre en compte la diversité des pratiques de gestion et des savoirs pour mieux contribuer à la préservation du patrimoine naturel et culturel du grand delta du Rhône. Adossé à cet ouvrage, un second livret a permis également de donner une lecture plus sociologique et ethnologique de ce travail collectif.
Cette approche collaborative trouve un écho dans une étude récemment publiée dans la revue Landscape Ecology qui illustre le rôle complémentaire des marais chassés et des espaces naturels pour le cycle annuel et le cycle de vie des spatules blanches. Présentée par Jocelyn Champagnon, directeur de recherche à la Tour du Valat, cette étude souligne l’importance de concilier différentes approches de gestion de l’eau afin de répondre aux objectifs de conservation des oiseaux d’eau ainsi qu’aux besoins spécifiques d’autres espèces patrimoniales.
Les stratégies de conservation passant également par la connaissance de la situation sanitaire au sein des espaces naturels, un temps a été dédié à la situation de la grippe aviaire en Camargue. Marion Vittecoq, directrice de recherche à la Tour du Valat, a présenté le protocole de surveillance active déployé en Camargue depuis l’automne (les résultats sont disponibles en ligne) et incité les participants à se tenir informés de l’évolution rapide de la situation grâce aux synthèses proposées régulièrement par la Plateforme ESA.
Enfin, la réunion s’est achevée par la projection d’un film produit par l’équipe mixte TDV/OFB qui participe aux suivis d’oiseaux d’eau migrateurs au Sahel. Ce film relate la découverte et la désignation d’une nouvelle zone humide Ramsar au Soudan, d’une importance exceptionnelle à la fois pour les oiseaux d’eau et les communautés locales qui en dépendent. Dans un contexte différent, ce film témoigne pourtant d’enjeux similaires à ceux de la Camargue : la nécessité de coopérer entre acteurs afin de concilier activités humaines et préservation de la biodiversité.
Retrouvez le film produit par l’équipe mixte TDV/OFB et projeté lors de cette réunion :