SWOS (Satellite-based Wetlands Observation Service) est un projet Horizon-2020, financé par la Commission européenne pour une durée de trois ans et demi (juin 2015 à novembre 2018). Il regroupe 13 partenaires issus de huit pays européens (trois universités, quatre entreprises privées et six ONG). Il vise à appuyer les spécialistes de la gestion et de la conservation des zones humides (gestionnaires, décideurs, scientifiques) dans la protection, la mise en valeur et la restauration de ces milieux. Ceci se fera principalement avec l’apport d’informations utiles (sous forme de cartes et d’indicateurs), nécessaires à la compréhension, la caractérisation et le suivi de la structure et du fonctionnement de ces écosystèmes, avec une particularité liée au fait que l’essentiel de ces informations seront issues des outils d’observation de la Terre (OT).
SWOS permettra de :
- Fournir des cartes et des indicateurs issus des données d’observation de la Terre ;
- Promouvoir et améliorer l’intégration des zones humides dans les politiques sectorielles ;
- Contribuer au développement d’un système mondial d’observation des zones humides qui appuiera le suivi des Objectifs de Développement Durable (ODD) à la fois pour l’eau et la biodiversité ;
- Favoriser le développement de mesures de conservation et de restauration des zones humides en insistant sur le maintien de leur biodiversité et des services écosystémiques qu’elles fournissent ;
- Soutenir les autorités de gestion des zones humides dans leurs programmes de suivi, en lien avec les obligations internationales des pays (Directives Européennes, Ramsar, CBD…etc).
Pourquoi s’intéresser aux zones humides ?
Les zones humides sont des « hotspots » (point chauds) pour la biodiversité et jouent un rôle essentiel de fourniture d’inestimables services écosystémiques à l’Homme, tels que l’approvisionnement en eau douce, la protection contre les inondations et les sécheresses, la régulation du climat, etc. Paradoxalement, elles font également partie des écosystèmes qui déclinent le plus rapidement dans le monde depuis la seconde moitié du 20ème siècle, notamment à cause des menaces grandissantes qui pèsent sur elles (destruction des habitats naturels, surexploitation des ressources en eau et de leur biodiversité, pollutions, etc).
De plus, les informations sur leur localisation, leurs caractéristiques écologiques ainsi que sur les services qu’elles procurent sont essentielles pour leur conservation, mais sont généralementrares, difficiles à trouver et/ou inexistantes. Il en résulte une prise en compte trop souvent limitée de ces milieux par rapport à leurs enjeux, dans les politiques de gouvernance et les pratiques de gestion.
Comment fonctionne le projet ?
SWOS utilise l’ensemble des opportunités offertes par les données satellitales gratuites, pour générer des produits cartographiques et des indicateurs qui seront applicables partout et qui auront été testés sur une sélection de 50 sites pilotes en Europe, en Afrique et en Asie. Il s’appuie sur des approches déjà existantes, ainsi que sur le développement de nouvelles méthodes innovantes. Les observations répétées permettront un suivi dynamique de l’état des zones humides et des changements (ainsi que les moteurs de ces changements) sur de larges échelles spatiales et temporelles. Au final, SWOS intégrera les données issues des satellites, les produits cartographiques et les données in-situ dans un géo-portail qui sera connecté à d’autres systèmes de surveillance environnementale. Cela permettra de fournir aux futurs utilisateurs un point d’entrée unique pour localiser, accéder et traiter l’information spatialisée sur les zones humides.
De nombreux produits cartographiques sont attendus :
- Localisation et délimitation des zones humides à grande échelle, en appui aux inventaires nationaux ;
- Qualité de l’eau (suivis intra- et interannuels des perturbations physiques au niveau des grandes masses d’eau) ;
- Cartographie des habitats humides et de l’occupation des sols à l’échelle des sites et des bassins versants (état et tendances des changements pour les 40 dernières années) ;
- Suivi des variations de la température de surface afin de mieux détecter les changements dans l’utilisation des sols dans et autour des ZH ;
- Caractérisation de l’humidité relative du sol pour la délimitation des habitats humides ;
- Suivi des dynamiques des eaux de surface (variations saisonnières et interannuelles) ;
- Indicateurs de suivi de l’état et des tendances des ZH, issus des produits cartographiques ci-dessus et dont le calcul se fera de manière automatisée.
À l’issue du projet SWOS, les méthodes (tutoriels) et les outils (logiciels) permettant d’obtenir l’ensemble de ces produits seront disponibles et librement accessibles en ligne pour tous.
En outre, et dans le but de promouvoir une approche multi-niveaux, plusieurs utilisateurs travaillant à différentes échelles géographiques (globale, régionale, nationale et locale) ont été impliqués, dès le début du projet, dans les phases de conceptualisation des méthodes. Cette approche permettra surtout une meilleure mise en valeur des nouvelles opportunités offertes par les données satellitales afin d’améliorer la gestion, la planification et la prise de décision en faveur des ZH, et aussi de fournir une information harmonisée sur ces milieux à l’ensemble de ces échelles.
Dans ce contexte, les contributions de la Tour du Valat se feront à tous les niveaux de mise en œuvre du projet SWOS avec :
- l’appui à l’étude des besoins des utilisateurs ciblés par le projet (organisations issues de plus de 25 pays différents) ;
- la participation au développement et à la conceptualisation des méthodes de suivi des ZH par satellite (en particulier les indicateurs ainsi que la cartographie des ZH à grande échelle spatiale, en appui aux inventaires locaux et nationaux) ;
- les démonstrations sur les 15 sites et bassins versants pilotes méditerranéens ;
et enfin la dissémination, le transfert et le renforcement des capacités à travers l’organisation de plusieurs ateliers de formation régionaux (aux Balkans, au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et dans les pays arabes du Golfe).
Les formations régionales SWOS organisées par la Tour du Valat en collaboration avec d’autres partenaires du projet, en Algérie (en haut à gauche), au Monténégro (en haut à droite), au Maroc (en bas à gauche) et aux Émirats Arabes Unis (en bas à droite).
Enfin, grâce à la fourniture d’un point d’entrée unique aux données (via le géo-portail) et au développement d’une approche multi-niveaux harmonisée (qui sera démontrée sur 50 sites pilotes dans plus de 25 pays, répartis entre trois continents), SWOS fera en sorte que l’Union européenne joue un rôle de leader dans l’appui à une meilleure considération des zones humides dans les processus de gestion, en contribuant à leur intégration dans les agendas politiques des pays.
Contact : Anis Guelmami, chef de projet à l’Observatoire des zones humides méditerranéennes / Tour du Valat (e-mail)