La chasse au gibier d’eau est une activité traditionnelle importante en Camargue.
À ce titre les gestionnaires d’espaces naturels sont intéressés de longue date par la gestion cynégétique. En collaboration avec d’autres acteurs, l’objectif est de concilier au mieux les forts enjeux environnementaux, culturels et économiques imbriqués dans les espaces naturels, chassés ou adjacents.
Ils publient aujourd’hui dans le dernier numéro de la revue de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) Faune sauvage, les résultats de l’expérimentation de plusieurs pratiques visant à rendre la chasse en Camargue plus durable dans ses diverses dimensions.
Ces innovations ont été menées sur cinq territoires de chasse camarguais qui ont fait office de sites-pilotes depuis plusieurs années, pour un total de plus de 1000 ha : la Tour du Valat et les marais du Verdier au Sambuc (Arles), le marais des Gargattes et l’étang de Coute en Camargue gardoise (communes de Saint-Gilles et Vauvert), Lou Cassaïre au Plan-du-Bourg (Arles), et le site des Grandes cabanes du Vaccarès (Saintes-Maries-de-la-Mer).
Ils sont respectivement gérés ou co-gérés par la Tour du Valat, le Syndicat mixte de la Camargue gardoise, les Amis des Marais du Vigueirat, l’association des Marais du Verdier, et l’ONCFS.
Sur la base de ces expérimentations, sept pratiques sont recommandées par les gestionnaires d’espaces naturels, afin d’accroître la durabilité des pratiques cynégétiques, notamment sur les marais publics et/ou à vocation multiple (la plupart pouvant s’appliquer également sur des marais privés) :
- Favoriser davantage les assecs estivaux, afin de revenir à un fonctionnement hydrologique plus naturel des marais en zone méditerranéenne et éviter la prolifération d’espèces végétales invasives (par exemple la Jussie) qui peuvent nuire à la biodiversité (oiseaux d’eau, plantes) et au fonctionnement hydraulique des marais. Ces assecs peuvent être tournants sur les différents marais d’une même propriété ;
- Privilégier le contrôle de la végétation envahissante par le pâturage bovin et équin extensif, plutôt que par des tracteurs équipés de roues-cages dont l’utilisation abusive peut être contre-productive et nuisible à la biodiversité des zones humides ;
- Proscrire l’agrainage (nourrissage) du gibier d’eau, qui favorise artificiellement la prolifération de certaines espèces (sangliers notamment) et l’introduction de certaines espèces invasives ; il contribue aussi à se dispenser d’une véritable gestion du marais en faveur de l’ensemble de la communauté des oiseaux d’eau ;
- Organiser la cohabitation des pratiques sur les territoires dans un plan de gestion ou un cahier des charges, afin de limiter les conflits d’usage entre chasseurs et autres potentiels utilisateurs (éleveurs, promeneurs, ornithologues, etc) ;
- Privilégier une date d’ouverture unique (par exemple mi-septembre pour le gibier d’eau), afin de limiter les confusions possibles entre les différentes espèces chassables ;
- Mettre en place un suivi des tableaux de chasse individuels, afin de mieux suivre l’impact des pratiques de chasse et les tendances d’effectifs par espèce, et améliorer la compatibilité entre les différentes activités ;
- Prohiber le port sur soi de munitions au plomb, afin de faciliter les contrôles.
Vous pouvez retrouver cet article et le détail de ces recommandations en téléchargement libre sur le site de l’ONCFS (cliquer ici).
Contacts :
- Jocelyn Champagnon, chargé de recherche à la Tour du Valat (e-mail)
- David Vallecillo, doctorant à la Tour du Valat (e-mail)
Ce travail de synthèse a été réalisé dans le cadre du projet « Dénombrements des oiseaux d’eau, gestion et chasse durable en Camargue » financé par la fondation François Sommer.