Les populations d’espèces d’oiseaux communs ont subi en Camargue depuis le 19ème siècle un déclin plus fort qu’estimé jusqu’à présent, avec une baisse particulièrement rapide durant la dernière moitié du 20ème siècle, principalement du fait de l’intensification de l’agriculture.
Telle est la principale conclusion d’un article publié en novembre dans la revue Plos One, sur la base d’une étude menée par deux chercheurs de l’Université de Montpellier et de la Tour du Valat, institut de recherche sur les zones humides méditerranéennes basé en Camargue.
Les deux chercheurs ont passé en revue la littérature « grise » (récits de voyage, revues naturalistes, livres, etc) disponible concernant les données ornithologiques en Camargue entre 1830 et 2009, et les ont analysées en complément des données de suivi scientifique, afin de tenter de reconstruire l’évolution des populations de 173 espèces qui se sont reproduites durant la période dans la plus grande zone humide de France.
Les résultats montrent un déclin en termes d’abondance des populations d’oiseaux particulièrement fort et jusqu’ici mal documenté sur la période 1950-1989, les espèces les plus spécialisées, c’est-à-dire inféodées à des milieux particuliers (agricoles notamment) subissant les plus lourdes pertes au profit d’espèces plus généralistes. C’est ainsi le cas de la Pie-grièche méridionale, de la Perdrix rouge, du Hibou petit-duc ou encore de la Tourterelle des bois, dont les effectifs ont fortement chuté en Camargue.
Au final, et malgré une tendance stable pour les oiseaux d’eau sur la même période, seulement une espèce sur trois présentes en Camargue est encore considérée comme commune aujourd’hui, contre deux sur trois au 19ème siècle.
Ce déclin paraît fortement corrélé aux changements d’occupation du sol en Camargue durant les décennies 1950 à 1980, période durant laquelle l’agriculture, dominée jusque-là par l’agropastoralisme vivrier et la vigne, a connu de grands bouleversements au profit d’une agriculture céréalière intensive, sur de grandes parcelles, qui a fortement affecté la diversité des milieux et de l’avifaune.
Cette méthodologie innovante a été rendue possible grâce à l’abondance des données historiques disponibles concernant la Camargue, qui constitue depuis le début du 19ème siècle un site privilégié d’observation et d’étude des oiseaux.
Contact : Thomas Galewski, chef de projet à la Tour du Valat (e-mail)
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Photo : Pie-grièche à tête rousse Larius senator (© F. Veyrunes)