Les mesures de conservation les plus à même d’aider les communautés d’oiseaux d’eau à s’adapter au changement climatique sont celles qui ciblent directement la conservation des zones humides, selon une étude récemment publiée dans la revue Biological Conservation.

Face au réchauffement climatique, les communautés d’oiseaux d’eau répondent aux modifications de leur environnement. La stratégie principale qui a pu être observée chez ces espèces est de déplacer leur aire de distribution vers des régions plus froides, soit en remontant vers les pôles, soit en gagnant en altitude.
Ce déplacement est particulièrement visible chez les oiseaux d’eau migrateurs, dont la grande mobilité leur permet de modifier rapidement leurs zones d’hivernages lorsque la température change. C’est par exemple le cas des grues cendrées qui, plutôt que de descendre en Espagne ou de traverser la mer Méditerranée, sont de plus en plus nombreuses à hiverner en Camargue.
Cependant, bien que les oiseaux d’eau modifient leur répartition géographique, cette adaptation reste trop lente face au changement climatique. Ce décalage croissant crée une « dette climatique » pour les espèces, dont les environnements correspondent de moins en moins à leurs besoins biologiques.
L’adaptation au changement climatique représente un défi crucial pour les scientifiques et les gestionnaires d’espaces naturels qui doivent développer de nouvelles approches de conservation. Souvent appelées « stratégies d’adaptation au changement climatique pour la biodiversité », ces approches deviendront essentielles dans les années à venir.

Protéger les habitats pour mieux protéger les espèces
Cette étude a évalué comment la gestion des sites Natura 2000 menée dans le cadre des projets LIFE a aidé les communautés d’oiseaux d’eau à s’adapter au réchauffement climatique. Elle s’est appuyée sur des données provenant de 26 pays de l’UE et sur plus de 2 300 sites situés dans des sites Natura 2000 bénéficiant d’un financement LIFE.
Il en ressort que les mesures de conservation qui aidaient le plus à l’adaptation des oiseaux d’eau étaient les mesures ciblant directement la conservation des zones humides. En effet, elles permettent une adaptation deux fois plus rapide que d’autres mesures de conservation ciblant directement les oiseaux d’eau, d’autres espèces ou des habitats autres que les zones humides.
« Les résultats sont encourageants car ils suggèrent également que, bien que la grande majorité des projets LIFE n’aient pas ciblé explicitement le changement climatique, ils ont permis aux espèces de s’adapter au réchauffement. », note Elie Gaget, chargé de recherche en écologie statistique à la Tour du Valat et co-auteur de l’article.
Des études antérieures nous ont appris que les zones protégées, et en particulier celles qui disposent d’un plan de gestion, contribuent le plus à l’adaptation des communautés d’oiseaux d’eau au réchauffement climatique, tandis que la destruction des lhabitats naturels est néfaste à l’adaptation. A présent, cette étude démontre que la conservation des habitats des oiseaux d’eau est un paramètre clé pour leur adaptation au réchauffement climatique.
Référence de l’étude
Leonie Jonas, Jon E. Brommer, Martin Jung, Michal Baláž, John J. Borg, Luka Božič, Preben Clausen, Antoine Derouaux, Koen Devos, Cristian Domșa, Sándor Faragó, Niamh Fitzgerald, Valeri Georgiev, Fredrik Haas, Menno Hornman, Christina Ieronymidou, Tom Langendoen, Aleksi S. Lehikoinen, Kim Lindner, Leho Luigujõe, Włodzimierz Meissner, Tibor Mikuska, Blas Molina, Filipe Moniz, Zuzana Musilová, Danae Portolou, Gwenaël Quaintenne, Juhani Rantanen, Laimonas Šniaukšta, Antra Stīpniece, Norbert Teufelbauer, Marco Zenatello, Elie Gaget
Interactions between climate warming and management actions determining bird community change in protected areas,
Biological Conservation, Volume 308, 2025, 111213, ISSN 0006-3207, https://doi.org/10.1016/j.biocon.2025.111213.