Cet article a été publié en ligne par la revue Plos One en novembre 2016. Vous pouvez y accéder en libre accès via le lien ci-contre.
Il présente l’intérêt de la littérature naturaliste dite « grise » (livres, compte-rendus, rapports de voyage…) pour retracer les variations démographiques historiques d’une population, d’une espèce ou d’une communauté d’espèces.
Nous nous sommes intéressés ici à la communauté d’oiseaux nicheurs de Camargue que l’on a pu reconstruire depuis le début du 19ème siècle jusqu’à nos jours. Il a été possible de coder de manière semi-quantitative l’abondance de toutes les espèces à différents pas de temps.
En utilisant cette méthodologie, on peut observer que la communauté a beaucoup évolué dans le temps, avec notamment une diminution de l’abondance spécifique et une perte de spécialisation.
En d’autres termes, si deux espèces sur trois pouvaient être qualifiées de communes au 19ème siècle, ce n’est plus le cas que pour une espèce sur trois aujourd’hui. La diminution a principalement affecté les espèces spécialistes des milieux agricoles et pâturés (ex : alouettes, perdrix rouge, chouette chevêche, hibou petit-duc, tourterelle des bois, linotte et beaucoup d’autres), tandis que les oiseaux utilisant les milieux humides ont mieux résisté.
Ce déclin s’est produit dans les années 1950-1980, à une époque où on enregistre une très forte perte de milieux naturels et semi-naturels en Camargue (pelouses et sansouires en premier lieu), ainsi qu’un changement majeur de l’agriculture camarguaise, qui délaisse l’élevage extensif au profit d’une céréaliculture intensive.
Cette étude met en évidence un déclin important des oiseaux des milieux agricoles bien antérieur et supérieur au déclin observé depuis 20 ans à travers les programmes de science citoyenne.
Photo : Hibou petit-duc scops, By Bohuš Číčel – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=12769317