Antonio Troya est directeur du Centre de coopération pour la Méditerranée de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Il répond aux questions de la Tour du Valat concernant les solutions basées sur la nature en tant qu’outil d’adaptation aux impacts du changement climatique (voir l’article), alors que se tiendra du 22 au 24 janvier 2019 à Marseille l’atelier international « Mise en œuvre de solutions basées sur la nature pour lutter contre le changement climatique : focus sur la région méditerranéenne » (en savoir plus).
Le changement climatique menace de plus en plus les écosystèmes, les populations et les économies. Selon vous, quels sont les bénéfices des solutions fondées sur la nature pour résoudre ces problèmes dans la région méditerranéenne, par rapport à des solutions infrastructurelles plus classiques ?
Les solutions fondées sur la nature peuvent être aisément adaptées aux défis sociétaux actuels de la région méditerranéenne, tels que la mitigation des impacts du changement climatique sur les écosystèmes et les zones urbaines (inondations, érosion côtière, séquestration du carbone). Elles sont un concept parapluie pour de multiples solutions souvent inspirées des infrastructures “classiques”, mais adaptées pour bénéficier durablement à l’environnement et aux populations. Sur le long-terme, elles tendent aussi à être moins coûteuses et plus stables.
Le bassin méditerranéen est particulièrement concerné par les changements globaux, dont beaucoup sont liés à la croissance de la densité de la population littorale. Les scénarios de changement climatique y sont également très préoccupants. Dans ce contexte, pensez-vous que les solutions fondées sur la nature y soient mieux adaptées ?
La région méditerranéenne fait face à d’énormes défis démographiques, climatiques et structurels, principalement du fait de la croissance de la population et du changement climatique. L’adaptation à ce dernier est un enjeu majeur pour toute politique structurelle dans la région. Nous devons nous orienter vers une approche de la gestion des risques et des ressources davantage préventive et adaptative sur le long-terme. Les solutions fondées sur la nature dans la région doivent prendre en compte les différents scénarios possibles, afin de pouvoir s’adapter aux futures conditions possibles dans les territoires. Il est primordial de prendre en compte la population des zones littorales et les secteurs économiques concernés, tels que le tourisme. La clé pour une conservation efficiente et soutenable consiste en une gestion des zones côtières intégrée et adaptative.
Différentes solutions fondées sur la nature ont été mises en place dans la région méditerranéenne, dont le projet de restauration des anciens salins de Camargue. Pensez-vous que les dynamiques politiques soient favorables aux solutions fondées sur la nature dans la région ?
Dans le cadre de l’Union européenne les pays du nord de la Méditerranée possèdent un cadre politique commun pour la conservation, qui promeut les solutions fondées sur la nature et les politiques infrastructurelles “vertes” dans la recherche et les projets. Toutefois, il est nécessaire de créer un espace de discussion commun pour inclure les pays du sud du bassin dans cette dynamique. Cela permettra la participation de davantage de sites, et d’améliorer la capacité à mettre en œuvre des projets dans la région méditerranéenne. Les efforts communs de plusieurs organisations régionales qui travaillent dans le cadre de la Convention de Barcelone participent à la promotion de cette approche.