François MOUTOU, Docteur vétérinaire et épidémiologiste à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA)
1 – Qu’est-ce que le monde de la conservation peut apporter au monde de la santé ?
Le monde de la santé est, logiquement, essentiellement préoccupé par les êtres humains. De ce fait le regard et l’approche sont très « anthropocentrés », ce qui, souvent ne permet pas de voir tout ce qui est à côté, autour, c’est-à-dire le non humain, les autres formes de vie, animales, végétales, leurs intrications, les différents écosystèmes et leurs fonctionnements. Or, ce que nous appelons une « émergence » chez l’homme correspond le plus souvent au passage d’un facteur de risque préexistant ailleurs depuis une autre espèce vers l’homme. Donc mieux connaître cet environnement doit permettre de mieux anticiper.
2 – Qu’est-ce que le monde de la santé peut apporter au monde de la conservation ?
Inversement, le monde de la santé impose un certain nombre de responsabilités au monde de la conservation. Connaître la diversité ne peut pas seulement correspondre à compléter des listes d’inventaires, y compris de microorganismes. Il faut aussi analyser les interrelations et vérifier, autant que faire se peut, quels cycles épidémiologiques existent et si leur spectre d’action peut se modifier au contact des changements globaux auxquels nous assistons.
3 – Plus spécifiquement, les vétérinaires ont ils un rôle à jouer dans la conservation ?
Il me semble que la profession vétérinaire peut répondre à des questions touchant à la fois des notions importantes dans le domaine de la diversité zoologique, de l’écologie, de la santé et de l’économie. Ceci conduit logiquement à des préoccupations de conservation. En effet, évolution et adaptation, essentielles face à ces changements, reposent sur un niveau minimum de complexification dans les écosystèmes. Or les actions humaines sur l’environnement ont tendance à tout simplifier donc à accroître les facteurs de risques.