Questions à Ammar Boumezbeur, Point focal national de l’AEWA pour l’Algérie et Point focal sous-régional de l’AEWA pour l’Afrique du Nord
Tout d’abord pourriez-vous présenter rapidement votre parcours personnel, et nous expliquer comment vous en êtes arrivés à devenir le Point focal de l’AEWA pour l’Afrique du Nord ?
Ingénieur forestier de formation, j’ai été chef du Bureau des parcs nationaux au sein de la Direction de la protection de la nature du Ministère de l’hydraulique, de l’environnement et des forêts, avant de me spécialiser dans le domaine de la faune pendant quatre ans. J’ai ainsi obtenu en 1993 un doctorat sur la biologie et l’écologie de la reproduction de deux espèces d’oiseaux, l’Erismature à tête blanche et le Fuligule nyroca, sur le lac Tonga à El Kala, en Algérie.
J’ai ensuite exercé les fonctions de sous-directeur des parcs nationaux et des groupements végétaux naturels, dont les zones humides, ce qui m’a amené à être désigné point focal national de la Convention Ramsar pour l’Algérie et devenir, de fait, une sorte de « Monsieur zones humides » au niveau national. C’est dans le contexte de ce mandat que j’ai mené à bien la désignation de 48 sites Ramsar, ainsi que la publication entre 1999 et 2004 de quatre atlas des zones humides algériennes qui font aujourd’hui lieu de référence en la matière, y compris dans les milieux universitaires.
Depuis 2009 je suis directeur de la faune et de la flore à la Direction générale des forêts, et point focal national de l’AEWA pour l’Algérie. Par ailleurs je suis également point focal national pour le Protocole de Nagoya.
C’est l’ensemble de ce parcours professionnel et personnel qui m’a amené, lors de la réunion sur les DIOE à El Kala (Algérie) en juin 2013, à être désigné point focal de l’AEWA pour l’Afrique du Nord.
Quelles sont vos principales fonctions et activités en tant que Point focal de l’AEWA pour l’Algérie ?
Mon rôle en tant que point focal de l’AEWA pour l’Algérie, et celui de mon équipe, reste modeste et se confond parfois avec celui mené dans le cadre de la convention de Ramsar dont un des mes collègues est d’ailleurs désormais également point focal national.
J’ai ainsi présidé la réunion algérienne d’El Kala sur les DIOE, en juin 2013. J’ai également assisté à la 9ème réunion du Comité permanent, et je réponds depuis aux diverses sollicitations du Président et Secrétaire exécutif de l’AEWA pour le suivi de l’Accord entre les deux sessions. L’Afrique a pu dans ce cadre parler d’une seule voix, consolider sa position et défendre ses intérêts propres qui sont aussi également, bien sûr, ceux de l’AEWA.
J’espère pouvoir jouer un rôle important dans ce cadre, notamment en mettant mon expérience de Point focal Ramsar au profit de l’AEWA. Une des questions sur lesquelles j’espère pouvoir influer positivement est-celle des divergences de vue entre l’Europe et l’Afrique, qui peuvent parfois s’avérer importantes comme lors de la 9ème réunion du Comité permanent.
Quel est le niveau de coopération actuel entre les pays d’Afrique du Nord en ce qui concerne la mise en œuvre de l’AEWA, et quels sont les points positifs et/ou éventuelles difficultés que vous voyez à ce niveau ?
Il n’existe pas encore de coopération très soutenue entre les pays d’Afrique du Nord, hormis les rencontres à l’occasion des réunions qui se tiennent dans la sous-région (deux en 2013, une en Algérie et une en Tunisie). Il est cependant notable que les relations avec le représentant de la Tunisie, membre du Comité technique de l’AEWA, tendent à se renforcer de plus en plus.
Et quel est le niveau de coopération que vous entretenez avec les autres sous-régions du continent africain d’une part, et également les pays du Nord de la Méditerranée d’autre part, en tant que Point focal pour l’Afrique du Nord ?
Le niveau de coopération sur le continent africain est excellent, notamment dans le cadre des réunions officielles telles que la MOP5 et la 9ème réunion du Comité permanent. Le groupe africain est fort et soudé, ce qui lui permet de défendre efficacement les intérêts africains dans le contexte de l’AEWA.
Il est vrai que les relations sont en revanche parfois un peu plus complexes avec les pays européens, notamment sur le plan budgétaire, du fait du contexte actuel de crise économique qui touche les pays du Vieux continent
D’une façon plus générale, quel est selon vous le bilan de l’accord AEWA en termes de protection des populations migrateurs d’Afrique-Eurasie depuis sa signature en 1999 ?
Le bilan me semble pour l’instant modeste en ce qui concerne l’Afrique du Nord, en tout cas dans le cas de l’Algérie où nous n’avons pas encore pu bénéficier d’aide de l’AEWA depuis notre adhésion. Le bilan est à mon sens plus positif pour les autres sous-régions africaines, où le contexte est différent. Il est vrai qu’en Algérie nous avons encore des besoins importants en termes de formation, d’expertise et d’accompagnement qui restent à combler préalablement avant de pouvoir entamer des projets plus concrets.
Contact : Ammar Boumezbeur