Les partenaires du réseau Medwaterbirds ont marqué une étape importante fin novembre 2014 à Tunis, en se réunissant pour dresser le bilan de la première phase du programme de dénombrements internationaux des oiseaux d’eau (DIOE) en Afrique du Nord.
Le réseau Medwaterbirds a été initié conjointement par la Tour du Valat, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et Wetlands International, dans le but de venir en soutien au programme de dénombrements internationaux des oiseaux d’eau (DIOE) dans le bassin méditerranéen, et plus particulièrement en Afrique du Nord (cf. lien ci-contre).
Cette dernière constitue en effet une zone prioritaire pour la conservation des oiseaux, accueillant potentiellement près de 2 millions d’oiseaux d’eau hivernants. Elle constitue de plus une étape indispensable avant la traversée du Sahara ou de la Méditerranée, pour les oiseaux d’eau migrateurs en transit entre l’Europe et l’Afrique sub-saharienne.
Le lac Ichkeul en Tunisie, une zone Ramsar d’importance prioritaire pour les oiseaux migrateurs du bassin méditerranéen (© H. Azafzaf)
Malgré l’absence indépendante de leur volonté des partenaires libyens, l’Association des Amis des Oiseaux de Tunisie, le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc, la Direction Générale des Forêts d’Algérie, l’Egyptian Environmental Affairs Agency, la Tour du Valat et l’ONCFS ont donc pu discuter des analyses et des perspectives des programmes nationaux des DIOE des cinq pays nord-africains.
Outre une meilleure compréhension des facteurs affectant la distribution spatiale des populations d’oiseaux d’eau de la région, cette analyse régionale devrait permettre à terme une ré-évaluation à la hausse des populations de Sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), d’Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) et de Fuligule Nyroca (Aythya nyroca) dont les effectifs dénombrés récemment dans cette région sont supérieurs aux estimations de taille de population publiées pour cette voie de migration.
Les résultats sont globalement positifs puisque pour la Tunisie, le Maroc et l’Algérie, le nombre de sites suivis et le nombre d’oiseaux comptés ont augmenté entre 2013 et 2014. En Libye, en raison des problèmes de sécurité, peu des sites ont pu être couverts, toutefois la motivation et l’investissement des partenaires locaux, qui tentent de poursuivre le programme malgré les conditions très difficiles, méritent d’être soulignés. Une visite de terrain sur le lac Ichkeul (Tunisie) a également permis de se rendre compte de l’importance remarquable de ce Parc national pour l’hivernage des anatidés et foulques paléarctiques, et des investissements significatifs de la Tunisie pour la gestion de cette zone.
Dès ce mois d’avril 2015, les premières décisions émanant de cet atelier ont été mises en œuvre avec la venue des partenaires algériens, puis tunisiens et enfin marocains afin de préparer les analyses sur les données historiques pour pouvoir estimer les tendances des populations, notamment pour quelques espèces emblématiques ou avec un statut de conservation défavorable.
Ce travail sera conduit par Laura Dami, nouvelle coordinatrice du programme d’appui au DIOE dans le bassin méditerranéen, qui a pris ses fonctions mi-avril.
Dénombrement et identification des limicoles en Tunisie en janvier 2015 avec l’appui de la Tour du Valat (© H. Azafzaf)
Dans le cadre de ce programme, la collaboration avec l’AAO de Tunisie a été renouvelée cette année, afin de fournir un appui à la formation pour la détermination des limicoles. Yves Kayser, ornithologue expert, a passé 10 jours au mois de janvier dernier en Tunisie avec les partenaires tunisiens, mais également libyens pour contribuer à renforcer leur capacité d’identification et de dénombrement des limicoles. Cette formation a eu lieu en parallèle des Dénombrements Internationaux d’Oiseaux d’Eau en Tunisie.
Par ailleurs, lors du 2ème symposium sur la conservation des oiseaux marins et côtiers en Méditerranée qui s’est tenu du 19 au 22 février dernier à Hammamet, en Tunisie, Hichem Azafzaf (AAO, Tunisie) et Clémence Deschamps (Tour du Valat) ont présenté les premiers résultats des analyses du programme. Organisé par le CAR/ASP (Centre d’activités régionales pour les aires spécialement protégées), l’Association des Amis des Oiseaux de Tunisie, le Conservatoire du littoral, Medmaravis et la Tour du Valat, il a réuni 50 participants de 13 pays méditerranéens.
Ce symposium concernait plus particulièrement la conservation des oiseaux de l’annexe II du protocole ASP/DB (Aires spécialement protégées / diversité biologique) de la Convention de Barcelone. Il a été l’occasion d’un état des lieux et d’échange sur les suivis de ces espèces (hivernages, colonies), mais aussi sur les techniques utilisées pour la détermination des aires protégées essentielles à leur conservation. L’assemblée générale de Medmaravis tenue à cette occasion a marqué la relance de cette association et de leurs actions, centrées sur la recherche et la conservation des écosystèmes côtiers et des oiseaux marins en méditerranée.
Contact : Laura Dami (e-mail), chargée de projet « Suivi des oiseaux d’eau – région Méditerranée »