Le 21-22 mai dernier, un atelier regroupant tous les partenaires du projet européen LIFE+ MC SALT (Gestion Environnementale et Conservation des Marais Salants et des Lagunes Côtières en Méditerranée), ainsi que les acteurs locaux, était organisé en Camargue à Arles et Aigues-Mortes Le projet, démarré fin 2011, est coordonnée par le Parc naturel du Delta du Pô d’Emilie-Romagne, avec pour partenaires le Parc naturel régional de Camargue, la Tour du Valat, le groupe Salins, le Parc naturel régional de Molentargius-Saline (Sardaigne) et l’ONG Green Balkans. Il cible cinq salins et anciens salins situés en France, en Italie et en Bulgarie (voir les liens ci-contre).
Cet atelier fut l’occasion de faire un point sur l’état d’avancement des actions sur le site des étangs et marais des salins de Camargue, acquis récemment par le Conservatoire du littoral, et pour lequel les actions de conservation du projet LIFE+ MC SALT sont mises en oeuvre par le PNR de Camargue et la Tour du Valat.
Ces actions portent plus particulièrement sur la restauration des lagunes côtières, la réhabilitation des sansouires et l’aménagement de sites de nidification pour les oiseaux d’eau coloniaux, avec le soutien financier de la Région PACA, de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, du Ministère de l’écologie, de l’énergie et du développement durable, et du Conservatoire du littoral.
Études préalables et définition des travaux
Un important volet d’études préalables engagé début 2012 a été finalisé en juin 2014. Il a permis de collecter de nombreuses données sur le terrain : relevés bathymétriques et mesure des niveaux d’eau en continu grâce à 12 limnigraphes installés dans les principales lagunes du site, relevés topographiques, analyses de sol, et relevés de végétation sur les zones ciblées pour la restauration de sansouires (habitats végétaux typiques de la Camargue et des zones à fort taux de salinité, et à forte valeur écologique).
Atelier du projet LIFE MC-SALT en Camargue les 21 et 22 mai 2014
Les données bathymétriques et les mesures de niveau d’eau en continu ont été utilisées pour la création de plusieurs modèles hydrauliques permettant d’étudier différents scénarios hydrauliques prédictifs, contribuant ainsi à la définition des aménagements et de la gestion future des lagunes.
Sur les parties hautes, les données collectées, confrontées aux données historiques, ont permis d’évaluer les potentialités de restauration des habitats côtiers et en particulier des sansouïres.
D’importants travaux à venir
Les premières actions de conservation ont été lancées dès 2013, avec notamment la conception par le PNR de Camargue, en collaboration avec la Tour du Valat et les Amis des Marais du Vigueirat, d’un enclos de protection des sternes sur la plage de la pointe des Sablons. Cet aménagement a eu pour effet positif immédiat l’installation d’une colonie de sternes naines dès la première année, puis à nouveau en 2014, ce qui n’était plus arrivé sur ce secteur depuis 2009. Compte tenu cependant du très faible succès de reproduction obtenu sur ces deux années, des actions complémentaires vont être recherchées par les partenaires du projet.
La réalisation des autres aménagements, quant à lui, devrait démarrer à l’automne 2014. Il est notamment prévu l’installation d’ouvrages hydrauliques, la réfection de berges et le curage d’anciens chenaux. Ces travaux répondront à plusieurs objectifs : renforcer les échanges biologiques entre les lagunes, le Vaccarès et la Méditerranée, maintenir des niveaux d’eau nécessaires à la reproduction des oiseaux coloniaux, et rétablir des périodes favorables aux sansouires en termes de niveaux d’eau.
Par ailleurs des travaux d’aménagement d’îlots de nidification pour les flamants roses sur l’étang du Fangassier, et pour les espèces laro-limicoles sur l’ancien salin de la Vignolle, sont également prévus dans les prochains mois.
Ces aménagements constituent une première étape dans la renaturation de ce site, actuellement en transition du fait de l’abandon progressif de l’activité salinière dans cette zone. Le processus engagé est accompagné d’un programme de suivis ; ce dernier permettra de mesurer les changements écologiques sur le long-terme, et d’évaluer les efforts de gestion mis en oeuvre.
Photo : © Stéphan Arnassant / PNRC