Les résultats d’une nouvelle étude viennent d’être publiés dans la revue Biological Conservation, qui mettent en lumière les avantages pour les canards hivernants à inonder les rizières européennes en période hivernale (cf. lien ci-contre pour accéder au résumé).
Cette étude a été menée par Claire Pernollet, doctorante depuis 2013 à la Tour du Valat, et co-encadrée par cette dernière ainsi que le bureau de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) spécialisé sur l’avifaune migratrice.
Rizière inondée dans le delta de l’Ebre, Espagne (photo J. C. Cicera)
Selon cette étude, menée en parallèle sur cinq grands sites rizicoles en Europe méridionale (la Camargue en France, les provinces de Pavie et Vercelli en Italie, le delta de l’Ebre et Albufera de Valencia en Espagne), l’abondance des canards en période hivernale est positivement corrélée à la surface des zones humides au sens large, c’est à dire autant les zones humides naturelles que des rizières inondées.
C’est notamment le cas en Espagne, où des aides européennes mises en place au début des années 2000 (Mesures agro-environnementales ou MAE) encouragent l’inondation des rizières pour 62 % de leur surface en moyenne sur les sites étudiés, et où les effectifs de canards hivernants ont considérablement augmenté.
L’inondation des rizières en période hivernale en Espagne (ici le delta du Guadalquivir en Andalousie) y est particulièrement favorable à l’avifaune locale (photo C. Pernollet – Tour du Valat / ONCFS)
La Camargue, quant à elle, est la région où les milieux naturels sont les mieux représentés, mais où seules 9 % des rizières sont inondées en hiver. La mise en eau de ces dernières durant cette période de l’année pourrait donc permettre d’offrir aux canards des habitats d’alimentation complémentaires aux milieux naturels, et d’y augmenter leurs populations hivernantes. Une analyse coûts/bénéfices d’une telle mesure est d’ailleurs actuellement en cours, afin d’analyser à la fois sa pertinence environnementale et sa faisabilité économique.
En Camargue, les rizières ne sont pas inondées l’hiver et les pailles de riz incendiées après la récolte (photo M. Renaudin)
Une réflexion de gestion commune de cette inondation tout au long de la voie de migration serait également intéressante à mener, en commençant par la Plaine de Pô en Italie, où pratiquement toutes les zones humides naturelles ont disparu et où très peu de rizières sont inondées en hiver.
Références de l’article : C. Pernollet *, A. Guelmami, A. Green, A. Curco Masip, B. Dies, G. Bogliani, F. Tesio, A. Brogi, M. Gauthier-Clerc, M. Guillemain. A comparison of wintering duck numbers among European rice production areas with contrasting flooding regimes. Biological Conservation (2015, 186:214-224). DOI : 10.1016/j.biocon.2015.03.019
Contact : Claire Pernollet (e-mail)