La fin de l’année 2013 s’avère particulièrement riche en termes de projets de recherche universitaire pour la Tour du Valat, avec la soutenance de trois thèses de doctorats d’étudiants accueillis sur son site depuis fin 2010 et début 2011.
Isabelle Muller tout d’abord, de l’école doctorale « Sciences et Agrosciences » de l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, a soutenu le 6 décembre dernier sa thèse sur la « Restauration de marais temporaires et de pelouses méso-xériques à partir d’anciennes rizières : rôle respectif des filtres dans l’assemblage des communautés » dans la salle de conférences de la Tour du Valat. L’assistance nombreuse était constituée, entre autres, des nombreux partenaires avec qui elle a travaillé en Camargue durant ces trois années. Préparée conjointement au sein de l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie (IMBE) et de la Tour du Valat, la thèse d’Isabelle a consisté en l’étude des premiers résultats en termes de restauration des communautés végétales d’un projet d’ingénierie écologique au Cassaïre. Il s’agissait de transformer d’anciennes rizières en marais temporaires à des fins conservatoires et cynégétiques. Le projet se situe sur un terrain du Conservatoire du Littoral, géré par les Amis des marais du Vigueirat. Notons que ce projet, qui mêle des dimensions écologiques, socio-économiques et culturelles, est considéré comme majeur par le CNRS, puisque potentiellement à même de constituer un véritable modèle pour la restauration écologique d’autres sites naturels dégradés du bassin méditerranéen.
Anne-Sophie Deville, quant à elle, a soutenu sa thèse le 13 décembre à l’Université Montpellier II Sciences et Techniques. Arrivée à la Tour du Valat à l’automne 2010, son sujet d’étude a été les « Besoins énergétiques et (la) distribution spatiale du flamant dans les salins de Giraud, conséquences de la reconversion du site pour la conservation de l’espèce« . Anne-Sophie s’est attachée à étudier les impacts potentiels pour l’espèce emblématique qu’est le Flamant rose de la reconversion des anciens salins de Giraud. Le projet a été initié et financé (Fonds unique interministériel et région PACA) dans le contexte d’un projet de recherche pour le développement d’une activité de cultures de micro-algues (projet SALINALGUE) sur des anciens salins. Ce sujet de thèse a également toute sa pertinence dans le contexte du rachat de la moitié de la surface des salins de Salins-de-Giraud par le Conservatoire du littoral en 2008, avec pour principale conséquence immédiate une modification importante des pratiques de gestion hydraulique afférentes. Ce projet de recherche est essentiel dans un contexte actuel de mutation profonde de l’industrie salinière en Camargue et plus largement dans le bassin méditerranéen. Cette dernière a, depuis la seconde moitié du 19ème siècle, profondément marqué la culture, l’économie, les paysages et la biodiversité camarguaise, notamment par la création et l’entretien de milieux propices à la reproduction de la seule colonie de flamants roses nichant en France depuis plusieurs décennies.
Enfin Sébastien Ficheux, accueilli au sein de la Tour du Valat depuis début 2011, soutiendra sa thèse doctorale le 20 décembre à l’Université de Bourgogne (université de co-tutelle) à Dijon, sur le thème de la « Dynamique et génétique des populations de Cistude d’Europe (Emys orbicularis)« . Cette espèce de tortue est menacée du fait de la dégradation des milieux naturels et des pratiques de capture depuis le 19ème siècle, ainsi que de l’introduction plus récente d’autres espèces exogènes compétitrices telle que la Tortue de Floride (Trachemys scripta sp). Dans ce contexte il est essentiel de comprendre de quelle façon la fragmentation croissante de son habitat peut influer sur la connectivité des populations de Cistude et, in fine, impacter sur la dynamique et la structure génétique de leurs populations. Sébastien a pu bénéficier durant ces trois années d’un cadre de travail idéal et de nombreuses données, puisque la Tour du Valat est impliquée depuis 1997 dans un projet quasi-unique en France de suivi à long-terme des populations camarguaises de Cistude, via notamment des programmes annuels de capture-marquage-recapture (CMR). Un projet de recherche là encore essentiel, pour améliorer les connaissances sur une des espèces de reptiles les plus menacées d’Europe et participer activement à la conservation de ses populations relictuelles.
Les résumés de ces thèses sont accessibles ci-contre, et leurs versions électroniques intégrales sont ou seront mises en ligne dès que possible sur le site internet de la Tour du Valat (rubrique « Nos dernières publications »)