Jeudi 6 juillet 2023 à 13h00, Jan Perret – CEFE, Montpellier – présentera en salle Jean-Paul Taris un séminaire/webinaire intitulé :
« Les plantes sont immobiles et attendent qu’on vienne les compter » : confronter mesures in situ et simulations numériques pour améliorer les méthodes de suivi des populations de plantes
Résumé
Les suivis de population jouent un rôle central dans la conservation de la biodiversité. Ils permettent d’estimer les tailles et les tendances des populations, deux informations cruciales pour identifier les populations menacées d’extinction, comprendre les causes de leur déclin, puis tester et valider des moyens pour enrayer ce phénomène. Cependant, l’efficacité des suivis est controversée, notamment car ils souffrent de problèmes méthodologiques récurrents qui les empêchent parfois de fournir des estimations précises et non-biaisées des tailles et des tendances de population, ce qui peut mener à prendre des mesures de conservation inefficaces voire néfastes. Cela semble être particulièrement le cas pour les populations de plantes, car les erreurs d’observation, l’une des principales sources d’erreurs des suivis de population, sont la plupart du temps ignorées. Durant mon doctorat j’ai cherché à améliorer les méthodes de suivi des populations de plantes en m’intéressant aux deux principaux problèmes méthodologiques des suivis de population : les plans d’échantillonnage et les erreurs d’observation, et plus spécifiquement les erreurs de détection. Je présenterai aujourd’hui deux axes de mes travaux.
Dans le premier axe, j’ai utilisé des simulations numériques pour comparer la précision des estimations de taille de population obtenues avec trois méthodes d’échantillonnage pour des populations dont les individus étaient plus ou moins spatialement agrégées. L’agrégation spatiale est une caractéristique courante des populations de plantes, et cela rend les estimations de taille de population moins précises par rapport à des populations spatialement homogènes. Les simulations ont mis en évidence de très importantes différences de précision entre les méthodes d’échantillonnage, et cela m’a permis de proposer une manière d’améliorer la précision des estimations en adaptant le plan d’échantillonnage au niveau d’agrégation de la population étudiée.
L’objectif du deuxième axe était de vérifier que la détection des individus est imparfaite lorsque l’on compte des plantes non marquées, ce qui n’avait pas encore été montré formellement. Pour cela, j’ai réalisé une expérimentation durant laquelle un grand nombre d’observateurs ont compté des plantes de différentes espèces dans différents habitats, et ce avec plusieurs méthodes de comptage. Les résultats ont montré que des individus sont toujours manqués, peu importe l’espèce, l’habitat et la méthode de comptage employée. De plus, cela a permis de décrire comment la probabilité de détection des individus varie selon de multiples facteurs écologiques (visibilité de l’espèce, fermeture de l’habitat, etc.) et observationnels (méthode et temps de comptage, expérience de l’observateur). Cela a également permis de donner des recommandations pour réduire la variabilité des comptages en adaptant la méthode d’observation aux conditions de chaque étude.