Lundi 10 décembre à 11h, Christine Demmer (Post-doc) présentera à la Tour du Valat un séminaire intitulé : « Restitution de l’enquête IFB : Grands propriétaires et biodiversité. Une réflexion sur la conservation de la nature sur les propriétés privées ».
Dans le cadre d’un projet interdisciplinaire coordonné par la Tour du Valat et financé par l’IFB intitulé « Biodiversité, Perceptions et Usages », j’ai mené une enquête auprès de grands propriétaires Camarguais sur leur rapport à la biodiversité (en parallèle d’une enquête auprès de chercheurs et gestionnaires de la nature). L’objectif pratique était de pouvoir envisager, résultats à l’appui, une amélioration des modes de gestion à l’échelle des propriétés privées au sein du Parc Naturel Régional de Camargue (PNRC) où les grands propriétaires ont eu, pendant longtemps, un poids prépondérant dans le système de décision.
Je présenterai mes méthodes de travail et les résultats de l’enquête visant à cerner quelle place prennent, pour ces propriétaires, les théories et les enjeux autour de la biodiversité, médiatisés depuis le début des années 1990. Les résultats font valoir un discours assez homogène entre différentes catégories de propriétaires qui est, parfois éloigné, parfois convergent, avec celui des scientifiques et gestionnaires mais, dans tous les cas, assez différent de celui porté par la notion de biodiversité. Une étude complémentaire menée dans les archives du PNRC (PV des réunions du conseil d’administration de la fondation depuis le début des années 70) permet de saisir le caractère structurant, pour les grands propriétaires, des débats internes à cette institution concernant les usages de la nature et leur rôle dans sa protection.
Ce constat, croisé avec la connaissance de la place particulière occupée par les grands propriétaires dans le PNRC, permet de réaliser à quel point la problématique à l’honneur dans les politiques publiques depuis 1992 et la Conférence de Rio, mettant en valeur l’implication des « populations locales » dans une action d’intérêt général est ici « travaillée » depuis plusieurs décennies sur un mode particulier. Il convient d’expliciter la forme de cet « intérêt » si l’on veut appréhender – et tenter de dépasser – les tensions existant aujourd’hui entre des usages, des savoirs, des savoir-faire et une certaine éthique de la protection portés d’un côté par les grands propriétaires privés et de l’autre par de nouveaux acteurs du public (gestionnaires du PNRC qui sont de plus en plus attachés à une protection envisagée selon les canons de la préservation de la biodiversité). C’est pourquoi l’analyse s’oriente vers la compréhension de l’histoire des modalités d’interaction privé/public au sujet de la protection de la nature dans le contexte camarguais.