Au début de l’année 2024, le ministère en charge de la transition écologique a mandaté conjointement la Tour du Valat et l’Office Français de la Biodiversité pour élaborer un Plan National de Gestion (PNG) décennal visant cinq espèces de limicoles nichant en France au sein des prairies et autres milieux herbacés, tels que les pâturages, les landes, les tourbières et les pré-salés. Les espèces ciblées sont le Vanneau huppé, le Courlis cendré, la Barge à queue noire, le Chevalier gambette et la Bécassine des marais.
Ces espèces, en déclin marqué et continu de leurs populations, sont menacées à divers degrés et jugées prioritaires par l’Union européenne et l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) pour la mise en place de mesures conservatoires. Quatre d’entre elles ont déjà fait l’objet de plans de gestion européens ou internationaux de l’AEWA, certains ayant d’ailleurs bénéficié de l’expertise de la Tour du Valat dans les années 2000.
Le Plan National de Gestion (PNG) pour les limicoles prairiaux est attendu pour juillet 2025. Il s’appuiera sur les bilans et acquis des précédents plans nationaux, ainsi que sur la littérature scientifique et les récentes expertises. Étant donné que les menaces pesant sur ces limicoles sont largement liées à l’intensification du modèle agricole européen, une attention particulière sera portée aux opportunités que pourrait offrir la future Politique agricole commune en matière d’écorégime [1], de mesures agrienvironnementales et climatiques (MAEC) [2], de maintien des pâturages permanents ou encore de protection des prairies sensibles.
L’objectif est de produire un document à la fois opérationnel et stratégique pour appuyer les politiques publiques en faveur des limicoles. La rédaction du PNG s’appuie notamment sur les Normes ouvertes pour la pratique de la conservation [3], que la Tour du Valat a contribué à faire connaître en France. Cette approche repose sur la construction de modèles contextuels et de chaînes de résultats attendus. Elle permet d’analyser en détail les menaces directes et indirectes, les points clés d’intervention, ainsi que les opportunités, de définir des stratégies adaptées, puis de bâtir un programme d’actions concrètes.
Un comité de pilotage, composé d’une quarantaine de représentant.e.s des parties prenantes (scientifiques, gestionnaires, ONG naturalistes et cynégétiques, profession agricole, établissements publics, et représentants de l’État), accompagne la rédaction du plan à travers des ateliers de réflexion participatifs. Ce comité s’est réuni pour la première fois à La Rochelle en mai dernier pour définir les stratégies d’action et se retrouvera en décembre pour poursuivre ce travail.
[1] Paiement direct aux exploitants agricoles de métropole qui s’engagent volontairement à mettre en place sur l’ensemble de leur exploitation des pratiques agronomiques favorables au climat et à l’environnement.
[2] En quoi consistent les MAEC ? par ministère de l’agriculture
[3] Les normes ouvertes de conservations
Contact
Jean-Baptiste Mouronval, chargé de mission coordinateur de la rédaction du Plan National de Gestion des Limicoles à la Tour du Valat
Tél : 04 90 97 06 74