Hichem Azafzaf est président de l’Association Les Amis des Oiseaux (AAO)/Birdlife Tunisia en Tunisie. Il répond aux questions de la Tour du Valat concernant les collaborations avec l’AAO et d’autres partenaires d’Afrique du Nord dans le cadre du programme de suivi des spatules blanches, et le 9ème atelier du groupe d’experts internationaux sur l’espèce qui se déroulera en Tunisie, à Djerba, du 14 au 18 novembre 2018 (plus d’informations).
La Spatule blanche est une espèce de présence récente en Camargue où elle ne niche régulièrement que depuis le début des années 2000, et d’où elle hiverne parfois en Afrique du Nord. Quel est le statut de l’espèce en Tunisie, et les éventuelles menaces qui y pèsent sur elle ?
La Spatule blanche peut s’observer pratiquement partout dans les zones humides tunisiennes, selon le niveau et la salinité d’eau, et la disponibilité de la nourriture. Les effectifs hivernants de l’espèce atteignent les 4000 individus dans le pays. De nombreux jeunes nés en Europe viennent en Tunisie, précisément dans le Golfe de Gabès, et y restent pendant les deux ou trois premières années de leur vie. Bien que cette espèce soit protégée par la loi tunisienne, la chasse illégale reste le premier facteur de mortalité des spatules en Tunisie.
Quel est le travail mené sur la Spatule par l’AAO et ses partenaires nord-africains en Afrique du Nord, et les collaborations avec la Tour du Valat et d’autres structures en Europe ?
Plusieurs activités sont menées par les partenaires nord-africains pour assurer la conservation et le développement de la population de la Spatule blanche :
- Le suivi des déplacements de cette espèce à travers la lecture des bagues plastiques,
- Le plaidoyer pour l’interdiction de la chasse dans les sites-clés de l’espèce, la gestion durable de ses sites et la création d’aires protégées,
- La surveillance et la signalisation des infractions à l’encontre de l’espèce et de ses sites-clés.
L’espèce étant considérée migratrice hivernante en Afrique du Nord, la Spatule blanche niche désormais également au Maroc où cette année 2018, pour la première fois, des jeunes ont été bagués au nid. L’AAO évalue aussi l’importance des zones humides tunisiennes pour la Spatule blanche, en se concentrant sur les individus hivernants et les immatures estivants, un programme d’étude qui devrait être développé pour l’Afrique du Nord en partenariat avec la Tour du Valat.
En novembre aura lieu en Tunisie, à Djerba, le 9ème atelier international du groupe d’experts internationaux de l’AEWA sur la Spatule. Quels en seront les grands enjeux pour la conservation de cette espèce emblématique ?
Ce 9ème atelier international du groupe d’experts internationaux de l’AEWA sur la Spatule est à ma connaissance le premier atelier de ce groupe qui se déroule dans une zone d’hivernage. Les échanges sur les dernières découvertes concernant les voies de migration et le comportement de la Spatule seront au centre de cette réunion d’experts, qui donnera également l’occasion de proposer une meilleure conservation des sites importants pour la survie de l’espèce.