Alors que la deuxième année du projet Rest-Chir’Eau touche à sa fin, retour sur deux ans de collectes de données sur les chauves-souris et les zones humides, réalisées grâce à deux campagnes de terrain.

Depuis fin 2024, le projet Rest-Chir’Eau étudie l’activité des chauves-souris sur le secteur du Canal du Japon, l’ancien Bras de fer du Rhône, en Camargue.
L’objectif de cette étude est de s’appuyer sur les chauves-souris en tant qu’espèce bio-indicatrice, dans le but d’évaluer la fonctionnalité des milieux humides et de la Trame Turquoise* puis, à terme, de proposer un plan de restauration pour ce secteur de l’ancien Bras de Fer en Camargue, en y intégrant les différents acteurs du territoire. Biodiversité présente au cours de l’année, fonctionnement hydrologique, qualité et utilisation des milieux ou encore continuités écologiques sont autant d’informations apportées par l’étude de l’activité des chiroptères dans ces milieux.
Focus sur un protocole de suivi innovant
Au cours des deux années passées, plusieurs actions ont été mises en place afin de réunir les connaissances nécessaires au projet.
Le premier volet du projet avait pour objectif d’améliorer la compréhension des liens étroits qui relient chauves-souris et zones humides. Pour cela, un protocole de suivi expérimental a été déployé au sein de 7 marais situé le long de l’ancien Bras de fer du Rhône durant 4 périodes clés de l’année.
Cette campagne de terrain était un défi ambitieux, car elle demandait la prise en compte de contraintes importantes tout en faisant appel à un protocole expérimental rigoureux. À ce jour, ce défi semble avoir été relevé avec succès dans son ensemble : un important jeu de données environnementales et biotiques a pu être récolté en complément de l’enregistrement passif de l’activité des chauves souris.
Cette réussite a été rendue possible par l’ingéniosité et l’adaptabilité de l’équipe Rest-Chir’Eau, qui ont été précieuses dans le développement de la méthodologie, l’organisation logistique du terrain ou encore la mise en œuvre du matériel utilisé. Le soutien des partenaires et des acteurs locaux (propriétaires, usagers, bénévoles…) a également été crucial, et nous les remercions grandement !
À ce jour, l’ensemble de ce jeu de données a été traité : il est à présent en cours d’analyse. En voici quelques chiffres :
- 1790 données environnementales issues de 135 évènements d’échantillonnage (Site x Point x Nuit)
- 119893 enregistrements sonores de l’activité des chauves-souris avec 15 343 394 cris et 310 537 buzz (signature sonore spécifique identifiant une capture d’insectes)
- 8218 invertébrés identifiés et regroupés dans 88 familles, 121 espèces de plantes et plus de 13 traits de végétation
Miser sur un programme important de sciences participatives : une première qui donne des ailes !

Le second volet du projet vise à modéliser et tester la fonctionnalité de la Trame Turquoise associée à ces marais sur le secteur de l’ancien Bras de Fer. Pour y parvenir, un programme de sciences participatives d’envergure a été déployé sur le terrain au cours de l’année 2025, avec une enquête de recherche de gîte interactive et la réalisation de suivis participatifs.
Quatre sessions de suivis ont été organisées avec, pour objectif, la documentation des déplacements des chauves-souris le long de l’ancien Bras de Fer. Grâce à la mobilisation remarquable de plus de 130 volontaires, les relevés ont pu être réalisés sur 79 points de suivi tout au long des sessions, plus 15 complémentaires.
L’ensemble de ces données a également été traité et intégré dans nos bases de données : elles sont désormais prêtes à intégrer les analyses en cours.
Le volet 2 du projet en quelques chiffres :
- 482 enregistrements sonores traités
- 482 fiches de terrain complétées par les participants
- 4 466 individus de chauves-souris observés
- 1 base de données cartographique complète (Excel et SIG)

Un beau retour d’expérience en termes d’intégration et participation
Au-delà des chiffres, les dynamiques issues des différentes campagnes de sciences participatives du projet ont permis de répondre à l’un des objectifs sous-jacents du projet : promouvoir l’appropriation et l’intégration du projet et de ses enjeux au sein de ce territoire camarguais.
Ainsi, les synergies avec les partenaires et acteurs locaux ont permis de récolter des connaissances complémentaires et parfois surprenantes.
La mobilisation autour des suivis participatifs a, quant à elle, permis l’appropriation et le partage des connaissances liées au projet, ainsi qu’un transfert d’expertise quant aux protocoles de suivis et à l’identification des chiroptères sans les déranger. Le résultat ? De beaux moments de partage et de production de connaissances collectives, plébiscités par l’ensemble des participants.
La réussite de ces deux volets de suivis n’aurait pas été possible sans l’implication de nombreux acteurs : nous tenons à remercier chaleureusement l’ensemble des participants volontaires, les propriétaires fonciers (et usagers) qui ont autorisé l’accès à leurs terrains, ainsi que l’ASCO du Canal du Japon et le Syndicat Mixte de gestion des associations syndicales du Pays d’Arles, dont l’appui a été précieux pour accéder à certains secteurs le long du canal dans ce deuxième volet ou encore les partenaires techniques qui sont venus apporter leur aide lors des suivis, tels que le Parc naturel régional de Camargue, la Réserve naturelle nationale de Camargue ou encore le CPIE Rhône-Pays d’Arles.
Les prochains mois seront consacrés à l’analyse des données récoltées et à leur modélisation, avec pour objectif de proposer un plan de restauration adapté aux enjeux identifiés.
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