A l’occasion de la Conférence de Ramsar en Corée du Sud qui débute le 27 octobre, la Tour du Valat publie une étude sur l’évolution de la biodiversité des zones humides en Méditerranée depuis 1970. Cette étude confirme les menaces qui pèsent sur la biodiversité de ces milieux mais montre également que les mesures de protection et de gestion, notamment sur les oiseaux d’eau, peuvent être efficaces.
Tous les trois ans, la Conférence de Ramsar réunit les représentants gouvernementaux des parties contractantes. Ensemble ils examinent les questions importantes en matière de conservation et d’utilisation rationnelle des zones humides et décident d’actions concrètes à mener. La communauté non gouvernementale et universitaire participe également de manière active à cette réflexion.
C’est à cette occasion que la Tour du Valat, centre de recherche sur la conservation des zones humides méditerranéennes basé en Camargue, présentera une étude sur l’évolution de la biodiversité des zones humides méditerranéennes de 1970 à nos jours. Une étude importante qui contribue à améliorer la connaissance de l’état et des tendances d’évolution de ces milieux et permet d’orienter les politiques publiques.
LES ZONES HUMIDES, UN ECOSYSTEME EN PERIL
Marais, lacs, étangs, lagunes, estuaires, mares, ruisseaux,… Les zones humides procurent aux hommes ressources et services essentiels –eau, nourriture, plantes, animaux, matériaux divers et voies d’accès– à la base de leurs activités. Pourtant leur superficie n’a cessé de régresser. On estime qu’au cours du siècle passé, environ la moitié des zones humides méditerranéennes ont été détruites. Cette étude – et grâce à l’outil « Indice Planète Vivante », indice de référence du WWF [1] – vient confirmer cette tendance générale de dégradation, tout particulièrement dans l’est du bassin méditerranéen et la mer Noire où de nombreuses populations de vertébrés sont en déclin. Par exemple certains groupes d’oiseaux comme les sternes, mouettes, hérons, ibis et canards y ont vu leur indice chuter de 40 à 70%. Ces zones humides sont mises en péril principalement par le récent essor économique des pays de cette région, conjugué à une forte croissance démographique qui entraîne une pression drastique sur les ressources en eau.
DES MESURES DE PROTECTION QUI PORTENT LEUR FRUIT
Toutefois, et c’est encourageant, les mesures de protection et de gestion de certaines espèces menacées, mises en place il y a 30 ans dans l’ouest du bassin méditerranéen, portent aujourd’hui leurs fruits. Citons pour exemple l’indice calculé uniquement pour les espèces classées vulnérables ou en voie d’extinction qui montre que leur tendance au déclin s’est inversée à partir de 1980. L’identification et la protection de ces zones humides d’importance majeure ont été possibles grâce à la Convention internationale de Ramsar [2] (1971) qui promeut la conservation et l’utilisation durable de ces milieux afin d’enrayer leur perte et l’Initiative MedWet (1991) qui applique les principes de Ramsar à l’échelle méditerranéenne. D’autres mesures ont également joué un rôle majeur. Citons parmi elles la convention internationale de Berne (1979) et les directives Oiseaux (1979) et Habitats (1992) de l’Union Européenne.
VERS UN OBSERVATOIRE DES ZONES HUMIDES MEDITERRANEENNES
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large, la création d’un Observatoire des zones humides méditerranéennes. Le constat est que, aujourd’hui, l’information sur ces milieux est fragmentaire et hétérogène. Le risque : des pans entiers de la biodiversité peuvent disparaître dans l’indifférence générale ! L’objectif est donc de créer un observatoire qui puisse fournir aux décideurs une information issue des meilleures connaissances scientifiques et régulièrement actualisée. Ainsi mobilisés, les décideurs pourront engager des actions concrètes, ciblées sur les enjeux clés. D’ores et déjà, cet observatoire prend forme sous l’impulsion de la Tour du Valat et de nombreuses organisations scientifiques et techniques collaborent à ce dispositif.
L’exemple de la Camargue : une zone humide d’importance internationale
Dans cette étude, l’Indice Planète Vivante appliqué à la Camargue est riche d’enseignements. Il montre une tendance globalement positive de 1970 à 2007 avec une augmentation de l’indice de 65%. Ce sont les espèces d’eau douce, principalement liées aux marais, rizières et canaux d’irrigation, qui connaissent la plus forte progression proche de 100% (leur effectif a donc doublé) sur une période de 37 ans. Leur dynamisme trouve en partie son origine dans l’augmentation de la superficie et la gestion conservatoire des aires protégées en Camargue. Au contraire après s’être maintenu à un haut niveau depuis le milieu des années 1970, l’indice des milieux saumâtres de Camargue (étangs lagunaires et salins) est actuellement en diminution. Principalement en cause : la stabilisation des conditions écologiques dans les salins et la prolifération du Goéland leucophée. L’indice est actuellement largement calculé sur des populations d’oiseaux d’eau, biaisant la perception des changements dans la biodiversité de la Camargue. La mise en place de nouveaux programmes de suivis – sur les amphibiens, les chauves-souris et les oiseaux terrestres – permettra d’aller encore plus loin dans l’analyse et l’interprétation des tendances.
La version intégrale de cette étude est disponible ci-contre en téléchargement.
A télécharger également : la dépêche AFP qui relaie la sortie de cette étude menée par la Tour du Valat.
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[1] L’« Indice Planète Vivante » ou « Living Planet Index » se base sur les tendances récoltées de 1970 à nos jours sur des milliers de populations de vertébrés à travers le monde.
[2] A ce jour plus de 1700 sites, zones humides d’importance internationale, ont été désignés au titre de la Convention de RAMSAR.