Espoir Bouvier, chargé de projet Réserves naturelles régionales au service Parcs, espaces naturels et biodiversité du Conseil régional Provence – Alpes – Côte d’Azur (PACA)
Au niveau de la région PACA, pouvez-vous présenter en quelques mots les principales caractéristiques du patrimoine naturel et les enjeux qui lui sont liés, en termes de biodiversité ?
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur possède la plus grande biodiversité de toutes les régions métropolitaines françaises. Aux milieux exceptionnels, s’ajoutent aussi des milieux dits « de nature ordinaire » notamment en milieu urbain, périurbain et cultivés, qui contribuent aux connexions entre espaces et permettent aux espèces de bénéficier de corridors écologiques adaptés à leurs besoins alimentaires ou de reproduction.
Ainsi, la région abrite une flore très variée : 4000 espèces dont 511 protégées (sur 4900 espèces au total en France) et 86 espèces endémiques à la région. Elle regroupe également 245 espèces d’oiseaux nicheurs (sur 312 en France), 23 espèces de reptiles (sur 37 en France), 16 espèces d’amphibiens (sur 35 en France), et 114 espèces de mammifères (sur 134 en France). Ce capital naturel exceptionnel donne aux acteurs du territoire la responsabilité de le préserver pour assurer une meilleure qualité de vie à ses habitants.
Quelles sont les grandes lignes de la politique de gestion et de protection de la Région en ce qui concerne ce patrimoine naturel ? Et notamment, quel est l’avancement de la politique régionale en matière de réserves naturelles ?
Consciente de cette richesse et des enjeux de sa préservation, la Région a décidé par délibération du 10 octobre 2010 d’engager l’élaboration de la Stratégie régionale globale pour la biodiversité dans le but de lutter contre son érosion, continue et exponentielle depuis un demi-siècle, et qui s’articule autour de cinq piliers suivants : parfaire la connaissance de la biodiversité et son évolution, protéger et valoriser la biodiversité et les paysages, intégrer la biodiversité dans les politiques sectorielles régionales, favoriser une dynamique régionale en faveur de la biodiversité, et mobiliser les acteurs.
Cette stratégie complète les efforts de la Région en matière d’espaces protégés dans lesquels un autre type de développement est recherché, plus en adéquation avec les patrimoines, leur préservation et leur valorisation.
Ainsi la Région compte six Parcs naturels régionaux (PNR) et 3 projets de Parcs. De même, la Région, depuis sa prise de compétence en 2008, a ainsi contribué en la création de Réserves naturelles régionales (RNR), d’abord à partir d’anciennes réserves naturelles volontaires (RNV), puis via de nouveaux sites. Elle compte aujourd’hui six RNR et plusieurs projets sont à l’étude !
Les mares temporaires méditerranéennes (MTM) constituent un milieu caractéristique du Sud de la France, protégé par la Directive européenne Habitats – Faune – Flore car en forte régression sur le pourtour du bassin méditerranéen. Au niveau de la Région PACA plus particulièrement, quels sont aujourd’hui l’état de santé et les perspectives d’évolution de cet habitat ?
Comme partout ailleurs, même si elles sont parfois encore plus contraintes dans d’autres régions du pourtour méditerranéen, l’état de santé des MTM n’est pas optimal. Les activités anthropiques à visée économique ont fortement impacté ces espaces, à l’origine peu ou mal connus. D’une manière générale, il en va de même des zones humides, dont le nombre est en régression. De plus, les effets du changement climatique se font d’abord sentir sur ces milieux extrêmement fragiles.
La réserve naturelle régionale de la Tour du Valat est caractérisée par la présence de nombreuses mares, dont une proportion importante de MTM. À l’échelle de la région PACA ce site présente-t-il un enjeu important, dans le cadre des obligations fixées à la France par la Directive Habitats-Faune-Flore pour cet habitat ? Quels sont les autres sites importants pour les MTM en région PACA ?
Maintenir ces milieux très spécifiques à la biodiversité riche, fragile et rare font partie des priorités de la politique régionale. Après la RNR de la Tour du Valat, le classement au cours de l’année 2012 des réserves naturelles régionales du Domaine de l’Ilon, situé dans les anciens marais des Baux et des Gorges de Daluis en sont le témoignage.
On rencontre prioritairement les mares temporaires en Camargue, dans le delta du Rhône. Certains sites sont connus dans les basses Alpes, puis surtout dans la plaine des Maures.
En dehors des MTM, quels sont les autres enjeux, atouts, menaces de la RNR de la Tour du Valat en termes de biodiversité par rapport à la région PACA ?
Les atouts majeurs de la RNR de la Tour du Valat sont :
- d’avoir protégé une mosaïque de milieux emblématiques de la Camargue (sansouïres, enganes, mares temporaires…) ;
- de maintenir en bon état un site essentiel pour l’accueil des oiseaux migrateurs ;
- et d’avoir réussi la mise en place d’une activité économique (l’agropastoralisme) dans des conditions de très bonne compatibilité avec les enjeux de préservation de ces milieux ouverts. Une cohabitation fructueuse d’une activité économique et d’un espace protégé, se rendant réciproquement service !
De quelle façon la Région PACA contribue-t-elle à la protection et/ou à la gestion du patrimoine naturel de la Tour du Valat, directement ou indirectement ?
En premier lieu, en permettant le passage de la Réserve naturelle volontaire (RNV) à la RNR depuis sa prise de compétence. Également en apportant un soutien technique et financier à la gestion de cette réserve, puisque chaque année la Région finance 60 % des coûts de gardiennage, d’entretien et surveillance du site. Enfin en intégrant la Tour du Valat dans le réseau des RNR de Provence Alpes-Côte d’Azur qui verra le jour en 2013, si le temps pour le mettre en place et l’animer est trouvé !
Réponses collectives d’Espoir Bouvier et d’Annabelle Jaeger, Conseillère régionale PACA déléguée à la biodiversité.