Il apparaît que la situation globale de ces écosystèmes, qui présentent un intérêt écologique majeur, s’est nettement dégradée sur la période étudiée. 48 % des zones humides ont en effet vu leur état se détériorer, contre seulement 11 % qui ont connu une amélioration. De plus, il est à noter que ce bilan négatif est majoritairement la conséquence d’une dégradation qualitative des zones humides( urbanisation, drainage, événements climatiques exceptionnels, prolifération d’espèces envahissantes…) plutôt que d’une diminution de leur surface, et que, dans l’ensemble, les espaces littoraux résistent mieux que les zones continentales. De façon plus positive, on remarque cependant une amélioration de la perception sociale des zones humides, qui se traduit par le renforcement des programmes de gestion et de conservation.
La Tour du Valat a directement participé à cette enquête en renseignant, parmi les 152 zones humides étudiées, le cas de la Camargue. Les conclusions concernant cette dernière sont celles d’une stabilisation globale de son état de santé écologique sans tendance très marquée durant la période 2000-2010, du fait de facteurs négatifs (érosion côtière, progression des espèces invasives, apparition de nouveaux polluants) contre-balancés par d’autres facteurs positifs (progression de certaines espèces patrimoniales, reconquête de secteurs anciennement drainés, etc).
Les conclusions de cette enquête coïncident avec celle d’un rapport du PNUE réalisé dans le cadre du projet de recherche TEEB (The Economics of Ecosystemes and Biodiversity), rendu public le 16 octobre dernier en Inde lors de la 11ème conférence des parties de la Convention pour la diversité biologique, et qui alertait sur les très graves menaces qui pèsent sur les zones humides à l’échelle mondiale. Ces dernières ont en effet perdu la moitié de leur superficie entre 1900 et 2003, du fait des six facteurs principaux que sont l’urbanisation galopante à échelle mondiale durant le dernier siècle, la surpêche, le développement massif des pratiques d’irrigation agricole, l’utilisation croissante des pesticides et les phénomènes d’eutrophisation en résultant, le changement climatique, et le développement de l’industrie, notamment dans le secteur extractif. Un constat très alarmant alors que les zones humides rendent des services essentiels à l’humanité, tant en termes de biodiversité que de sécurité alimentaire, ou de limitation des impacts du changement climatique. Le rapport incite donc à mettre les zones humides au cœur des politiques publiques, ainsi qu’à mieux évaluer les services qu’elles rendent et à intégrer les relations entre ces écosystèmes et les populations qui en dépendent.