Lundi 30 janvier 2023 à 11h, Patrick Grillas présentera en salle Jean-Paul Taris un séminaire/webinaire intitulé:
Impact de la gestion des marais de Camargue sur les émissions de gaz à effet de serre
Résumé
Les zones humides et les rizières sont des sources importantes d’émissions de gaz à effet de serre. La gestion de l’eau influence très largement le cycle du carbone au travers de la production primaire mais également de la décomposition de la matière organique et des émissions de méthane. Aucune donnée n’est actuellement disponible sur les émissions de gaz à effet de serre dans les zones humides en Camargue où la gestion hydrosaline est très largement artificielle. L’objectif principal de ce projet était d’évaluer les ordres de grandeurs de ces émissions dans un échantillon de 12 zones humides de Camargue, incluant 2 rizières. Ont été analysés les émissions de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N20), avec un potentiel de réchauffement respectivement 28 fois et 298 fois plus puissant que le CO2. Les zones humides ont été sélectionnées pour couvrir le mieux possible la diversité des régimes hydrologiques et de salinité rencontrées en Camargue. Les stocks de carbone organique et les taux d’accumulation dans les sols de ces zones humides ont été analysés sur des carottes d’un mètre de profondeur découpées en strates de 1-2cm dont l’âge a été déterminé à l’aide des isotopes du plomb (Pb210).
La gamme rencontrée de moyennes d’émissions de méthane était très large ; très forte dans certains marais permanents doux (>20 mg CH4 m-2 h-1) à faibles (<5 mg CH4 m-2 h-1) à très faibles dans les marais saumâtres quel que soit leur régime hydrologique et les marais doux avec un assèchement estival prolongé. La production de méthane était intermédiaire dans les rizières. Les émissions de N20 étaient très faibles, négatives dans la plupart des marais (-6.4 – -3.8 μg m-2 h-1) peut-être par son rôle dans l’oxydation du méthane par des bactéries méthanotrophes. Des émissions ont cependant été notées dans l’Esquineau et les Garcines avec en moyenne respectivement 4.0 ± 28.14 et 47.2 ± 33.5 μg m-2 h-1).
Les stocks de carbone sur un mètre de profondeur étaient compris entre environ 18 et 95 tonnes/ha. L’accumulation de carbone organique sur les dernières décades (3 à 5), correspondant à la gestion « moderne » des zones humides en Camargue n’a pas pu être estimée sur tous les sites principalement du fait du mélange des horizons supérieurs du sol (perturbations du sol par le piétinement, labour, …) ou des phénomènes d’érosion ou d’absence d’accumulation (Vaccarès). Les taux mesurés d’accumulation de carbone organique étaient compris entre 0.17 et 0.70 tonnes/ha.an.
Ces résultats permettent de donner un ordre de grandeur des émissions de gaz à effet de serre dans les marais de Camargue. Une gestion adaptée pourrait permettre de réduire sensiblement ces émissions. Une évaluation des émissions à l’échelle de la Camargue nécessiterait de compléter ces premiers travaux.