Cet article a été publié dans la revue Animal Behaviour en janvier 2015 ; vous pouvez accéder à son résumé via le lien ci-contre.
Il s’agit d’un essai explorant les diverses voies par lesquelles le cancer pourrait influer sur l’évolution des comportements animaux. Nous proposons des pistes de recherche à développer pour aborder cette thématique.
Chez les animaux les phénomènes oncogéniques ne sont pas limités à de rares cancers métastatiques. Au contraire on observe dans la faune sauvage une grande variété de tumeurs bénignes et malignes qui peuvent influer sur la santé et la valeur sélective des individus tout au long de leur vie. En effet en laboratoire ou en captivité le cancer peut être une cause directe et tardive de mortalité tandis que dans la nature les tumeurs vont influer sur les interactions inter- et intra-spécifiques et jouer ainsi sur la fitness au travers de la favorisation de la prédation ou du parasitisme notamment.
Dans cet article nous rappelons que de nombreux comportements animaux peuvent entrainer un risque accru de développer un cancer ou, à l’inverse permettre de prévenir ou de guérir cette pathologie. On s’attend donc à ce que de tels comportements soient des cibles pour la sélection naturelle. Pourtant très peu d’études ont à ce jour porté sur l’influence que pourrait avoir une telle sélection sur l’évolution des comportements animaux.
Nous listons ici les données existantes concernant les liens entre cancer et comportement au sein de la faune sauvage et proposons des pistes de recherche à développer. Nous identifions trois types de comportements ayant potentiellement évolué sous l’influence du cancer :
- Des comportements permettant de limiter le risque de développer un cancer comme l’évitement des habitats contaminés par des mutagènes.
- Des comportements visant à limiter l’impact du cancer sur la fitness une fois qu’il est installé tels que l’automédication ou la régulation de la durée du sommeil.
- Des comportements permettant de maximiser la survie de la descendance comme l’évitement des partenaires sexuels porteurs de tumeurs.
Mieux appréhender l’évolution de ces comportements permettraient d’apporter de nouveaux éléments potentiellement importants à la compréhension des comportements animaux dans leur ensemble. De plus certains aspects de ces études pourraient bénéficier à la recherche médicale. Ainsi, étudier les plantes ingérées par les grands singes en cas de cancer dans le cadre de l’automédication pourrait par exemple aider à identifier de nouveaux composés naturels utilisables en chimiothérapie.