Présentation du site en co-gestion

Les étangs et marais des salins de Camargue sont situés au sud-est du delta du Rhône, dans le Parc naturel régional de Camargue et dans la Réserve de biosphère de l’UNESCO. Ce site représente une vaste zone côtière de plus de 6500 ha qui s’étend sur les communes d’Arles et des Saintes-Maries-de-la-Mer. Il accueille une biodiversité importante et sert de zone tampon naturelle face aux intrusions marines. Il s’agit également d’un lieu important pour les activités humaines telles que le tourisme, l’élevage extensif et la chasse.

Localisation du site des anciens salins de Camargue

 

Une gestion adaptative du site inspirée par les Solutions fondées sur la Nature

Depuis l’acquisition progressive de ce site par le Conservatoire du littoral à partir de 2008, une nouvelle approche de gestion a été mise en place, intégrant de nouveaux objectifs. Cette gestion s’appuie sur une stratégie adaptative pour faire face à l’élévation du niveau marin, en se basant notamment sur les Solutions fondées sur la Nature (SfN).

L’objectif principal étant de permettre un meilleur fonctionnement des écosystèmes restaurés tout en intégrant les enjeux liés à l’élévation du niveau marin et aux risques d’inondation (protection des biens et des personnes). En effet, les SfN fournissent des options alternatives pour travailler « avec » les écosystèmes plutôt que de compter uniquement sur des solutions d’ingénierie conventionnelles pour contrecarrer les forces de la nature.

Sur le site des anciens salins, une stratégie hybride apparaît la plus adaptée, misant sur la complémentarité des SfN et des solutions d’infrastructure grise.

Objectifs du projet

Orienter la reconversion et la restauration d’un espace littoral exceptionnel en favorisant une approche pluridisciplinaire et intégrée.

Les objectifs de restauration des anciens salins de Camargue visent:

  • le rétablissement d’un fonctionnement hydrologique plus naturel par la reconnexion avec les hydrosystèmes alentours (Vaccarès, mer, et Rhône, via les réseaux hydrauliques) ;
  • la restauration des écosystèmes littoraux caractéristiques des lagunes littorales méditerranéennes et des fronts de mer sableux ;
  • le maintien ou l’augmentation de la capacité d’accueil des oiseaux d’eau coloniaux ;
  • la mise en œuvre d’une gestion adaptative à l’élévation du niveau de la mer, par un retrait maîtrisé et progressif du trait de côte dans les secteurs soumis à l’érosion ;
  • la contribution au développement local, en facilitant le développement d’activités écotouristiques et de loisirs respectueuses de l’environnement.

Méthodologie et actions

La gestion des Étangs et marais des salins de Camargue a été confiée par le Conservatoire du Littoral à trois co-gestionnaires : le Parc naturel régional de Camargue, la Tour du Valat et la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN).

La gestion du site est définie par un plan de gestion sur 10 ans (2023-2032), établi sous la maîtrise d’ouvrage du Conservatoire du littoral, et élaboré par un consortium constitué des co-gestionnaires et du CPIE Rhône-Pays d’Arles. Il a été validé par un comité de pilotage associant collectivités locales, services de l’État, associations et représentants des acteurs et usagers du territoire.

Une stratégie hybride pour les digues présentes sur le site : conjuguer Solutions fondées sur la Nature et infrastructures grises

Sur ce site principalement constitué d’anciens salins, la stratégie de gestion axée sur un fonctionnement le plus naturel possible, comprend notamment l’abandon des digues situées en front de mer et le renforcement des digues situées plus à l’intérieur des terres. En effet, en Camargue plus qu’ailleurs, face à la montée des eaux et au changement climatique, maintenir les digues en front de mer apparaît très coûteux et nécessiterait des reconstructions régulières, de plus en plus en retrait, sans pour autant arrêter l’avancée de la mer. En particulier, un diagnostic mené en 2022 par le SYMADREM a montré que la digue frontale située sur les Étangs et marais des salins de Camargue a été inefficace pour fixer le rivage. Une solution plus durable consiste à renforcer la Digue à la mer, un ouvrage historique situé à plusieurs kilomètres du littoral, dont la responsabilité de l’entretien revient au Syndicat Mixte Interrégional d’Aménagement des Digues du Delta du Rhône et de la Mer (SYMADREM), qui porte également les compétences en termes de gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations (GEMAPI) pour le territoire du Grand Delta du Rhône.

Depuis l’arrêt d’entretien des digues littorales, lors des tempêtes hivernales, l’eau de mer pénètre désormais largement dans les étangs et sur une vaste zone en l’absence d’obstacles des anciens endiguements. Un cordon sableux se reconstitue progressivement en arrière des anciennes digues. Du fait des reconnexions directes avec la mer, une augmentation de la diversité est observée au niveau de la faune piscicole et de la végétation aquatique de plusieurs lagunes. Ces espaces tampons absorbent ainsi l’énergie des tempêtes, empêchant celles-ci d’atteindre les terres habitées plus au nord en Camargue.

D’importants travaux hydrauliques ont été réalisés afin de rétablir les connexions hydrobiologiques entre les différents étangs du site, la mer et les sous-bassins versants périphériques. Des îlots artificiels ont également été aménagés pour favoriser la reproduction des oiseaux, en particulier les laro-limicoles coloniaux. Un suivi écologique du site est réalisé afin de surveiller son évolution, et évaluer l’efficacité des actions de restauration.

Face à l’évolution rapide du site ces dernières années, imputable à la fois aux modifications de sa gestion, à la dynamique du trait de côte et à la remontée du niveau de la mer associée à des événements météorologiques, des groupes de travail thématiques ont été initiés afin de mieux appréhender les dynamiques en cours, tant d’un point de vue géomorphologique que socio-économique, pour alimenter un processus de gestion adaptative et intégrée du site.

Résultats attendus

  • Reconstitution naturelle d’un cordon littoral mouvant et adaptatif à la hausse du niveau marin, contribuant à réduire les risques de submersion à moindre coût ;
  • Amélioration de l’état écologique de la majeure partie des milieux lagunaires ;
  • Diminution de la salinité globale du site ;
  • Contribution au développement des communautés de poissons en mer et en lagunes ;
  • Augmentation des effectifs de laro-limicoles coloniaux nicheurs ;
  • Recolonisation des sols nus par les sansouires et les salicornes annuelles, habitats d’intérêt communautaire en déclin en Camargue ;
  • Gain en qualité, diversité et naturalité des paysages ;
  • Diversification des usages (écotourisme, tourisme balnéaire, pêche, chasse, pâturage…).
Découvrez en images l’évolution des principaux écosystèmes du site sous forme de trois épisodes, portant respectivement sur le littoral, les sansouires et les lagunes :

 

 

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