Retour aux actions
Projet en cours Camargue • - Gestion et restauration des écosystèmes naturels et agricoles

Agroécologie en Camargue

Gestion et restauration des écosystèmes naturels et agricoles
Gestion et restauration des écosystèmes naturels et agricoles

Objectifs du projet

Occupant un tiers de la surface terrestre du globe, et plus de la moitié de la surface de la France, les activités agricoles sont à la fois supports de biodiversité et sources de pressions. Une part importante des espèces de zones humides dépend aujourd’hui des milieux agricoles pour accomplir son cycle de vie. Inversement, de nombreuses espèces dites de milieux agricoles trouvent dans les zones humides des ressources alimentaires complémentaires : c’est notamment le cas de nombreux oiseaux insectivores.

L’objectif du projet est d’étudier la façon dont les pratiques et les paysages agricoles pourraient mieux participer à accueillir et restaurer la biodiversité dans les zones humides méditerranéennes. En Camargue spécifiquement, nous nous intéresserons aussi bien aux paysages de grande cultures, qu’aux pâturages mais aussi à l’arboriculture, à la viticulture et au maraîchage, qui sont plus marginaux en terme de surface mais représentent la diversité du paysage camarguais.

Nous avons décidé de porter notre attention sur trois taxons cibles prioritaires : les oiseaux, les chiroptères et les libellules. En effet, ces taxons ont non seulement une forte valeur patrimoniale mais aussi un potentiel clef d’auxiliaire des cultures.

Les principales menaces abordées dans ce projet sont la diminution de la qualité de l’habitat agricole pour la biodiversité en raison de la simplification des paysages (disparition des haies par exemple), la pollution par les pesticides et les intrants, une gestion défavorable de l’eau, le mauvais usage de médicaments vétérinaires (par exemple l’ivermectine toxique pour les insectes coprophages) et le changement climatique (salinisation, sécheresse). Nous étudierons l’effet de solutions basées sur la nature telles que la plantation de haies ou la pose de nichoirs, mais aussi l’effet des changements de pratiques (agriculture biologique, agriculture de conservation) et nous ferons la promotion des solutions bénéficiant au maintien d’une biodiversité emblématique de ce territoire.

Actions & méthodologie

A l’échelle du domaine de la Tour du Valat (incluant le domaine du Petit Saint-Jean) nous expérimentons concrètement des pratiques agroécologiques et d’agroforesterie visant à concilier la protection de la nature et la production agricole.

A l’échelle de la Camargue, nous collaborons avec un réseau d’exploitants pour étudier comment varient les communautés d’oiseaux, d’odonates et de chiroptères le long d’un gradient d’infrastructures agroécologiques (c’est-à-dire allant de champs complètement ouverts à des parcelles bocagères). Cet axe de recherche fait l’objet de la thèse de Pierre Mallet (2019-2022) en collaboration avec l’INRAE de Toulouse (Dynafor).

Toujours à l’échelle de la Camargue nous souhaitons développer un modèle intégré des réseaux d’activités, services écosystémiques, et de la biodiversité en Camargue. Cet axe de recherche fait l’objet d’une thèse (2022-2025) en collaboration avec l’INRAE de Colmar. Cette thèse s’attachera tout particulièrement à mieux comprendre comment les pratiques agricoles peuvent contribuer au maintien de l’équilibre hydrosalin de la Camargue.

Notre travail s’attache aussi à chercher des solutions aux conflits entre la biodiversité et l’agriculture, en étudiant et expérimentant des approches permettant par exemple de diminuer les dommages occasionnés aux cultures par les Flamants roses ou les Grues cendrées.

Enfin, en Méditerranée, nous faisons partie de l’Alliance Méditerranéenne pour la Nature et la Culture afin de renforcer la visibilité des paysages culturels auprès des décideurs et de partager des savoirs et savoir-faire communs aux agricultures traditionnelles. Nous chercherons également à transférer notre expérience sur les liens entre biodiversité et agriculture à d’autres zones humides du bassin méditerranéen.

Résultat

Nos premiers résultats sur les infrastructures agroécologiques démontrent que :

1. La présence d’IAE (infrastructures agro-écologiques) en bordures de champ ou dans le paysage agricole favorisent la biodiversité mais de façon différenciée selon les taxons. Plus précisément, nous observons que :

  • Les oiseaux de lisière forestière sont favorisés par les haies
  • Les oiseaux paludicoles (=oiseaux de marais) sont favorisés par les roseaux qui poussent dans les canaux d’irrigation et de drainage
  • Les araignées sont favorisées par les bandes enherbées non cultivées

2. Certaines espèces sont défavorisées par certains types d’IAE. Par exemple les oiseaux de prairies ou les oiseaux paludicoles n’apprécient pas la présence de haies. Ce résultat confirme d’autres études sur l’importance d’adapter les efforts de restauration d’IAE au contexte local de pratiques agricoles et de biodiversité. En Camargue, plus vaste zone humide de France, il faut planifier la replantation de haies de façon à ce qu’elles favorisent certaines espèces (par exemple des espèces auxiliaires de culture comme les chauve-souris et les oiseaux insectivores) mais ne défavorisent pas les espèces de zones humides.

Voir l’article : Mallet P., Béchet A., Galewski T., Mesléard F., Hilaire S., Lefebvre G., Poulin B., Sirami C. 2022. Different components of landscape complexity are necessary to preserve multiple taxonomic groups in intensively-managed rice paddy landscapes. Agriculture, Ecosystems & Environment 328:107864. doi: 10.1016/j.agee.2022.107864

Équipe

Partenaires

Partenaires techniques

Partenaires financiers

Pour aller plus loin

Liens