Contexte du projet

Le domaine du Cassaïre (70 ha) a été acquis par le Conservatoire du Littoral (Cdl) en 2004 et 2009 après avoir été exploité à des fins agricole, pastorale et/ou cynégétique. Contigu à la Réserve naturelle nationale des Marais du Vigueirat (919 ha), également propriété du Cdl, il est géré par l’association des Amis des Marais du Vigueirat.

 

Localisation du domaine du Cassaïre © AMV/TDV

Ce site offre un potentiel élevé en termes de valeur patrimoniale sans être assujettis aux contraintes strictes liées à la réglementation des réserves naturelles nationales. Les orientations de gestion, qui ont été choisies, visent donc à maximiser les complémentarités avec la réserve des Marais du Vigueirat par rapport aux enjeux patrimoniaux et sociétaux du territoire.

Fort d’une conviction partagée entre le gestionnaire (les Amis des Marais du Vigueirat), la Tour du Valat et les différents partenaires et acteurs du site, un projet de restauration de milieux naturels en accord avec les activités humaines dont la chasse a pu être développé. Une démarche participative qui a été impulsée dès le départ par le propriétaire (Conservatoire du Littoral) et le gestionnaire (AMV) et qui est le socle prépondérant de ce projet.

L’objectif de ce projet de restauration est de recréer des écosystèmes méditerranéens typiques de la Camargue (marais temporaires, prés salés, pelouses) pour démontrer la compatibilité entre la biodiversité et les usages locaux dans une perspective de changement climatique.

Grâce à différents partenariats et programmes, la Tour du Valat a pu intervenir sous différentes formes au sein de ce projet en développant son expertise en termes de restauration et de gestion des zones humides.

Projet de restauration du Cassaïre

Depuis 2007, différentes études ont été réalisées par la Tour du Valat afin de répondre à toute les étapes prépondérantes pour s’assurer de la réussite d’un projet de restauration, tel que :

  • le diagnostic du site et de ses enjeux ;
  • la définition des écosystèmes de référence qui vont être visés par le projet de restauration et la mise en place des actions nécessaires pour cela ;
  • la réalisation d’un suivi scientifique permettant de suivre la trajectoire écologique des écosystèmes restaurés et assurer une gestion adaptative nécessaire pour s’assurer du succès de restauration.

Définition des enjeux de conservation et de restauration

Une première étude globale a permis de définir les enjeux à l’échelle des 70 hectares du site. Cette surface a pu être « divisée » en trois entités avec des objectifs de gestion différents :

Entités Objectifs
Prairies de pâturage Maintien de l’activité pastorale
Milieux naturels relictuels non ou peu modifiés Conservation d’une biodiversité patrimoniale
Terres cultivables Restauration d’une zone humide fonctionnelle de type marais temporaire méditerranéen ;

Support de la conservation de la biodiversité et des activités socio-économiques locales.

La seconde étude réalisée en 2009 a permis d’établir un état initial des conditions abiotiques (sol, topographie, hydrologie) et biotiques (faune et flore).

Si ce travail a permis de confirmer le fort intérêt notamment floristique des milieux naturels relictuels, elle a également permis d’établir que les anciennes parcelles cultivées n’abritaient plus d’espèces ou d’habitats d’intérêt patrimonial. Cette conclusion était essentielle et permettait de justifier la réalisation de travaux lourds de restauration active sur ces surfaces.

Du point de vue des conditions abiotiques, l’étude de la topographie initiale et de l’analyse du sol a été menée afin notamment de s’assurer de la faisabilité d’une restauration d’une zone humide : il fallait vérifier que des couches de sol étanches (argile) étaient présentes sur la zone identifiée pour être transformée en marais.

Carte topographique du site du Cassaïre ©L. Willm/Tour du Valat
Analyse du sol du site du Cassaïre ©L. Willm/Tour du Valat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Définition de l’écosystème de référence et mise en place des actions de restauration

Avec la réalisation d’une thèse menée en 2010 par Isabelle Muller, co-encadrée par l’IMEP et la Tour du Valat, les écosystèmes de marais temporaires méditerranéens et de pelouses méso-xériques méditerranéennes ont pu être définis comme les écosystèmes à viser pour ce projet de restauration.

Schéma général d’organisation de la thèse © I. Muller/Tour du Valat

La thèse a permis d’apporter des réponses à différents types de question :

–          Quels sont les écosystèmes visés par la restauration ?

–          Quels sont les écosystèmes de référence que l’on cherche à recopier ?

–          Quelles sont les conditions abiotiques (sol, topographie, hydrologie) à reproduire ? Comment les atteindre ?

–          Une fois les conditions abiotiques en place, comment faire revenir les communautés floristiques ?  Revégétalisation passive ou active ?

Toute une expertise en ingénierie écologique a été développée : réalisation d’un design topographique prévisionnel répondant aux conditions écologiques des communautés visées et le test de différentes techniques et actions de restauration (transfert de sol, transfert de graines) pour permettre d’atteindre les objectifs de restauration.

 

Illustration des actions de restauration et d’ingenierie écologique mis en place sur le site du Cassaïre ©L. Willm et al./ Tour du Valat

Suivi de la trajectoire écologique et gestion adaptative

Depuis 2021, un nouveau souffle a été donné à ce projet par le soutien du WWF-France.

Cette nouvelle phase coordonnée par la Tour du Valat en partenariat avec les Amis des Marais du Vigueirat permet d’allier suivis scientifiques nécessaires à la réalisation d’une gestion adaptative essentielle pour assurer l’atteinte des objectifs de restauration, et développement de nouveaux outils de gestion d’autre part, tel que la mise en place d’un système d’apport d’eau par énergies renouvelables ou des modèles de suivi et gestion hydraulique.

 

Illustration des outils de gestion hydraulique et suivis mis en place © L.Willm et G.LEFEVRE/Tour du Valat

Les suivis scientifiques réalisés actuellement commencent à démontrer toute la richesse du site, avec l’apparition de nouvelles espèces de faune et de flore à enjeux patrimoniaux, tel que l’espèce végétale emblématique des milieux temporaires Lythrum tribracteatum ou encore l’observation d’une larve de Triton palmé (Lissotriton helveticus). Une reproduction avérée pour cette espèce d’urodèle qui n’avait encore jamais été contactée sur ce secteur et n’a pas été vu depuis le début des années 1990 dans les marais du Vigueirat (Leïla Debiesse et Grégoire Massez com. pers.).

Larve de Lissotriton helveticus © A. Olivier et L.Willm/Tour du Valat
Lythrum tribracteatum, 2023 © H. Fontes /Tour du Valat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un site « vitrine » dont l’objectif final est de montrer que la restauration d’une zone humide peut contribuer au maintien et à l’accroissement de la biodiversité mais également permettre d’accueillir d’autres activités comme l’élevage ou la chasse et permettre ainsi à des exploitations agricoles de diversifier leurs revenus. Cela pourrait également permettre d’inciter à aménager des terres agricoles ayant une faible valeur agronomique pour la chasse, par exemple, de manière à limiter les aménagements dans les milieux naturels qui sont souvent dégradés par une gestion hydraulique et de la végétation inadaptée.

Équipe

Responsable du projet : Pauline Rocarpin

Membres impliqués : Loïc Willm, Hugo Fontes, Anthony Olivier, Philippe Lambret, Emilie Laurent, Raphaël Billé, Coralie Hermeloup

Date du projet : Depuis 2007

Partenaires financiers

  • WWF
  • Région PACA
  • Conseil Général 13
  • AE RMC
  • Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage
  • Fédération départementale des chasseurs des Bouches-duRhône
  • CDL

 

Partenaires techniques

  • Amis des Marais du Vigueirat
  • Conservatoire du littoral
  • IMBE
  • Université Avignon
  • CPIE