L’association « Les Marais du Verdier » regroupe des habitants, principalement du hameau du Sambuc (commune d’Arles), pour gérer de manière concertée ces marais propriété de la Tour du Valat.
Le marais a été aménagé pendant une cinquantaine d’année pour l’élevage de carpes et de sandres. Depuis son acquisition en 2003 et la constitution de l’association en 2004, les 120 hectares sont dorénavant gérés pour favoriser la forte valeur écologique du site, tout en développant des activités dans un esprit collectif et de concertation. Ainsi, pâturage de chevaux et de vaches, suivis scientifiques, chasse (de mi-septembre à fin janvier les mercredi et samedi), découverte de la nature, activités artistiques sont proposées.
Une mosaïque de milieux, des espèces remarquables
En 2003, le brusque changement de gestion lié à la cessation de l’activité piscicole avec notamment cette phase d’assèchement total du site a engendré une germination massive des graines contenues dans les sédiments. Des ceintures de tamaris se sont ainsi rapidement installées dans les zones d’emprunts restées humides plus tardivement. Dans les secteurs plus ou moins alimentés en eau de pompage se sont établis des habitats comme les scirpaies et les roselières. Dans les secteurs non gérés d’un point de vue hydrologique, c’est une végétation composée essentiellement de plantes adaptées à la sécheresse estivale, au pâturage et à la présence de sel dans le sol qui s’est imposée. Une graminée d’intérêt régional et protégée, le Crypsis en aiguillon (Crypsis aculeata) s’est rapidement répandue sur l’ensemble des prés salés et marais temporairement inondés alors qu’elle est mentionnée rare par ailleurs en Camargue. De même, la salicorne rameuse, qu’on croyait disparue de Camargue, s’est développée dans le secteur des Enganes.
Cette mosaïque de milieux est aussi favorable à une avifaune variée. Le Butor étoilé et le Blongios nain sont des nicheurs réguliers des roselières. L’essentiel des passereaux paludicoles est représenté par le Rossignol, la Rousserole turdoïde et la Rousserole effarvate, la Bouscarle de cetti, l’Hypolais polyglotte. De nombreuses autres espèces sédentaires utilisent le site comme zone d’alimentation (Cigognes blanche et noire, Spatule, Grande aigrette, Canard colvert, Foulque, …).
Panneau d’information 2023 © Cyril Girard
En 2020, cinq panneaux de sensibilisation conçus par le graphiste et illustrateur Cyril Girard seront installés sur le site : « Les Marais du Verdier, une gestion concertée », « Le Clos des Saladelles », « Les oiseaux d’eau des Marais du Verdier », « La roselière ».
La gestion concertée, une démarche innovante
L’innovation de ce projet tient dans sa gestion concertée et au multi-usages. L’association a ainsi développé une vision partagée, dans laquelle s’inscrivent ses activités :
Une mosaïque de zones humides camarguaises, remarquables par leur biodiversité, gérées collectivement en respectant les cycles naturels. Le site est un support de multi-usages et d’évènements concertés qui favorisent le lien social et le bien-être.
L’association « Les Marais du Verdier » compte aujourd’hui une soixantaine d’adhérents comprenant des usagers du site, bénévoles, habitants et bienfaiteurs. Bien au-delà des préoccupations initiales de chasser ou de faire pâturer quelques chevaux sur le site, l’association a su développer des activités et des manifestations inattendues. Par exemple, le repas des marais composé de produits issus des zones humides rassemblant chasseurs, ornithologues, villageois et autres membres. Autre temps fort, les journées de soins des chevaux qui réunissent propriétaires, maréchal ferrant, vétérinaire ou ostéopathe équin. Ou encore la réalisation collective des infrastructures du site (plateforme, observatoire, clôture) où chacun valorise son savoir-faire et contribue à la gestion du site. Enfin, la mobilisation des bénévoles pour le suivi de la nidification des oiseaux ou la réalisation de chantiers collectifs, notamment pour l’arrachage d’une plante hautement invasive, le Baccharis halimifolia (Seneçon en arbre).
La brochure « Gestion partagée d’un marais en Camargue » (2015) retrace sous forme de recueil d’expérience l’historique du projet, sa phase de concertation avec les villageois du Sambuc, l’élaboration conjointe d’un plan de gestion, et les diverses activités.
La fiche « Restauration participative d’une zone humide » (2023) retrace quant à elle les 20 ans de cette aventure humaine, incluant les travaux réalisés depuis 2021.
Les marais du Verdier figurent dans le film « Liste verte des aires protégées : le Domaine de la Tour du Valat » (2023).
Équipe
- Responsable du projet : Virginie Mauclert
Cheffe de projet – Thème Gestion et restauration des écosystèmes naturels et agricoles
04 90 97 29 67 / [email protected]