Dynamique des populations de Cistude d’Europe sur le domaine de la Tour du Valat
Objectif du projet

Ce projet vise à identifier les mécanismes qui affectent la dynamique de la population de cistude d’Europe présente sur le domaine de la Tour du Valat. Nous nous intéressons notamment a mesurer et suivre les valeurs des paramètres démographiques clés (âge, sexe-ratio, survie, dispersion, croissance, âge à la première reproduction), ainsi qu’aux effets des changements globaux (mode de gestion, climat, qualité de l’eau) sur cette espèce de tortue aquatique menacée en France, pour laquelle la Camargue constitue un site majeur. Nous nous intéressons également à l’exposition des cistudes à différents contaminants tels que les pesticides et les métaux lourds, et aux impacts de cette exposition.
Actions & méthodologie
Ce projet repose sur une étude à long terme initiée en 1997 par Elisabeth Rosecchi, tandis qu’auparavant quelques dizaines de Cistudes avaient déjà été marquées dès 1976 par Alan Johnson. Chaque année, une campagne de capture-marquage-recapture (CMR) se déroule d’avril à août sur le domaine de la Tour du Valat. Les cistudes sont capturées à l’aide de filets verveux, et sont marquées individuellement par incision des écailles marginales. Fin 2017, près de 1200 cistudes avait été marquées à la Tour du Valat grâce à 9500 occasions de capture. Dans certains cas les captures sont accompagnées de prélèvements sanguins et de tests comportementaux qui permettent d’étudier l’exposition aux contaminants et ses impacts.
Résultats
Du fait de sa longue durée dans le temps, inédite à l’échelle française, cette étude a, entre autres permis :
- d’estimer des données de survie adultes, encore peu disponibles chez cette espèce. Ainsi, les femelles adultes de cette population ont une probabilité de 97 % de survivre d’une année sur l’autre ;
- de démontrer la très haute fidélité des femelles à leur site de naissance et à l’inverse la dispersion longue distance (jusqu’à 18 km) de certains mâles adultes ;
- de découvrir l’isolement génétique de deux noyaux de populations pourtant très proches l’un de l’autre (1 km de distance) sur le domaine de la Tour du Valat ;
- d’observer la forte capacité de résilience de cette espèce en réponse à des changements de gestion ;
- de confirmer la possibilité pour certaines femelles d’effectuer trois pontes au cours de la saison de reproduction ;
- ou encore de dévoiler l’existence d’une très importante communauté d’algues dites épizoïques (77 espèces), fixées sur les carapaces des tortues ;
- de montrer l’exposition contrastée des cistudes aux pesticides en fonction de leur habitat (canaux de drainage plus contaminés que les canaux d’irrigation).
Le volume et la qualité des données récoltées permettent en outre de calculer à intervalle régulier la taille de population et des estimations de survie, afin de s’assurer du bon état de conservation de cette population en cohérence avec les objectifs du plan de gestion de la Réserve naturelle régionale de la Tour du Valat.

Équipe du projet
- Responsable : Anthony Olivier
- Membres impliqués : Marion Vittecoq, Arnaud Béchet
- Thèmes : Conservation des Espèces & Ecologie de la Santé
- Date de début du projet : 1997
Partenaires
Techniques
- CNRS – Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) Montpellier
- CNRS – Centré d’Études Biologiques de Chizé (CBEC)
- École Pratiques des Hautes Études (EPHE) Montpellier
- UMR Metis -Sorbonne Université
- Aix-Marseille Université
- Université de la Rochelle – Laboratoire LIENSs
- Laboratoire d’hydrobiologie de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) PACA
- Université El Tarf (Algérie)
- Ege University, Izmir (Turquie)
Financiers
Publications
- Brochure : Cistude d’Europe en Camargue (2017).
- Livre : La Cistude. Encyclopédie de la Camargue. Buchet-Chastel. 2013
Articles
- Structure de la population et morphométrie de la cistude d’Europe au lac Tonga, Algérie (2018)
- Estimations de survie en début de vie en fonction de l’âge chez deux espèces de tortues (2018)
- Dynamique spatiale et temporelle de la population d’espèces cryptiques : l’exemple de la cistude d’Europe (2010)
- Réponse rapide d’une espèce longévive à une meilleure gestion de l’eau et du pâturage : le cas de la cistude d’Europe en Camargue (2014)
- Distribution des algues épizoïques sur la carapace et le plastron de la tortue d’étang européenne (2016)
- Prévalence de Placobdella costata sur la cistude d’Europe dans le nord-est de l’Algérie (2017)
- Invasion de la tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) et de ses parasites dans les écosystèmes d’eau douce du sud de l’Europe : évaluation des risques pour la cistude d’Europe (Emys orbicularis) (2017)
- Facteurs déterminants en Camargue des niveaux de polluants organiques persistants chez la cistude d’Europe (2021)
- Concentrations de pesticides en Camargue chez une tortue d’eau douce menacée (Emys orbicularis) (2023)
- Concentrations sanguines en éléments traces métalliques influencées par le sexe, l’âge et l’habitat chez la cistude d’Europe (2024)