Les différents types de zones humides méditerranéennes
Les zones humides méditerranéennes regroupent une grande variété d’habitats naturels : deltas des fleuves, lacs et marais (eau douce, saumâtre ou salée), rivières permanentes ou intermittentes, forêts inondables des bordures de fleuves, ou encore salines et lacs de barrage.
Les zones humides couvrent 18,5 millions d’hectares dans la région méditerranéenne, soit 1,7 à 2,4 % de la superficie totale des 27 pays méditerranéens (et 1 à 2 % des zones humides mondiales).
Les deltas
C’est à l’embouchure sur la mer Méditerranée des principaux fleuves que l’on trouve les deltas: les limons et les sables charriés vers la mer s’y déposent et donnent ainsi naissance à des dunes, à des marais et à de nouvelles langues de terre (lido) enfermant des lagunes, gagnant sur la mer, l’ensemble formant un delta.
Un delta naturel typique regroupe donc toute une gamme de zones humides dont la salinité augmente généralement au fur et à mesure que l’on s’approche de la mer. L’absence de marées en Méditerranée est particulièrement propice à la formation de deltas mais les grands cours d’eau permanents sont peu nombreux et parfois alimentés par de l’eau provenant de l’extérieur de la région (comme le Rhône, le Pô, ou le Nil).
Les lagunes côtières et les marais salants
Les sédiments charriés par un cours d’eau se déposent normalement à quelques centaines de mètres au large, lorsque les courants marins ont réduit la vitesse d’écoulement du fleuve. Les courants modèlent ensuite les dépôts de sable en créant souvent des cordons littoraux parallèles à la côte, derrière lesquels se forment les lagunes. Celles-ci sont généralement reliées à la mer par un chenal plus ou moins permanent, et peuvent également être alimentées par un cours d’eau. Divers mécanismes peuvent à terme provoquer la fermeture de certaines lagunes, dont l’eau s’adoucit alors (cas de certaines lagunes du Languedoc par exemple). D’autres ont été artificiellement isolées de la mer afin de les drainer pour l’agriculture (cas de la lagune de Drana en Grèce).
Les plus grandes zones de lagunes et de marais salants de la Méditerranée se trouvent en Égypte (delta du Nil), qui abriterait près du quart d’entre-elles, dans le sud de la France, de Venise à Trieste en Italie du nord, et sur la côte tunisienne.
Les lacs et marais d’eau douce
Ils se forment souvent soit à l’intérieur des terres, soit par adoucissement d’une lagune marine isolée de la mer et alimentée par des cours d’eau (comme dans le delta du Nil, du Rhône et du Pô).
Des milliers de marais d’eau douce qui couvraient autrefois d’immenses superficies dans les plaines alluviales du bassin Méditerranée, très peu subsistent aujourd’hui et leur régime d’inondation est presque toujours contrôlé par l’homme. Ils englobent divers types de milieux peu profonds, souvent inondés une partie de l’année seulement, allant des roselières qui entourent les plans d’eau aux prairies humides pâturées, en passant par les mares temporaires qui peuvent se trouver hors des plaines alluviales.
Les zones humides intertidales
Du fait de l’absence de marées significatives dans la majeure partie de la mer Méditerranée, il y a très peu de vasières entre la limite des hautes et basses eaux à l’exception de la partie du golfe de Gabès, située entre la côte du sud tunisien et les îles Kneïs. En revanche, les côtes atlantiques du Portugal et du Maroc, bénéficiant d’un climat méditerranéen, sont riches en vasières intertidales.
Les lacs salés continentaux
Les lacs salés (chott et, sebkhas en arabe) comptent parmi les plus grandes zones humides du bassin méditerranéen. Les plus importants se trouvent en Afrique du Nord où l’effet conjugué de pluies torrentielles subites et d’un ruissellement rapide dans des paysages quasi désertiques entraîne parfois la formation de vastes étendues d’eau dans des dépressions continentales. Dans les chotts, la végétation permanente est éparse et adaptée au caractère très temporaire de l’inondation de ces sites. Les sebkhas sont des dépressions peu profondes renfermant de l’eau pendant de plus longues périodes et ne s’asséchant généralement qu’au plus fort de l’été. Celles qui possèdent une végétation sont habituellement beaucoup plus petites que les autres, car elles concentrent et retiennent mieux l’eau et sont moins salées.
Les oasis
Au Sahara et dans une bonne partie du Levant, les oasis sont souvent des écosystèmes culturels créés par les populations, notamment à des fins agricoles, et alimentés par des. eaux souterraines profondes ou superficielles. L’une des oasis les plus importantes, pour la faune et la flore est celle d’Azraq en Jordanie. Elle abrite des reptiles rares ; c’est également une étape importante pour d’importantes populations d’oiseaux migrateurs.
Les salins
Les salins constituent des zones humides à forte composante artificielle mais néanmoins de très grande valeur biologique, qui accueillent un cortège d’espèces proche de celui retrouvé dans les lagunes côtières. Dans les bassins de faible salinité certaines espèces de végétaux et de poissons tolérant le sel prospèrent; en revanche, dans les bassins les plus salés, seules les artémias survivent. Les cycles saisonniers réguliers des salins, avec une mise en eau estivale (à l’inverse du cycle naturel) permettent de garantir la disponibilité des ressources alimentaires abondantes et, par conséquent, d’y accueillir une avifaune spécialisée.
Les lacs de barrages et retenues collinaires
Ils constituent un type de zones humides de plus en plus déterminant dans le bassin méditerranéen. Les réservoirs, construits en montagne, peuvent se substituer, dans une certaine mesure, aux zones humides des plaines en aval. Ils peuvent également, dans certains cas, constituer des zones d’accueil importantes pour les oiseaux migrateurs. Ce site figure aujourd’hui sur la liste de la Convention de Ramsar.
Malheureusement, la plupart des réservoirs sont construits dans des zones très pentues ce qui limite beaucoup les possibilités de développement de marais peu profonds en périphérie et pour beaucoup d’entre eux, le niveau d’eau peut baisser de manière très importante et rapide, réduisant d’autant plus les chances de croissance de la végétation sur les rives.