La biodiversité des Zones humides méditerranéennes
Le bassin méditerranéen est un haut lieu de la biodiversité mondiale et ses zones humides sont de véritables réservoirs de vie.
Environ 2 500 espèces de vertébrés sont recensées et jusqu’à 10 % des espèces de plantes vasculaires du monde. Un quart des espèces dépendent de ces milieux pour leur survie alors qu’ils n’occupent que 2 % de la superficie de la région !
Cependant, en raison des menaces qui pèsent sur les zones humides méditerranéennes, une espèce sur trois est en voie de disparition.
La végétation
Les plantes halophytes
En bordure maritime des lagunes où les deux types d’environnement se fondent, on trouve des herbiers marins.
Dans les zones intertidales, la végétation est généralement dominée par les zostères Zostera spp. Celles-ci laissent habituellement la place aux ruppias Ruppias spp. dans les eaux plus calmes, plus fermées et plus chaudes des étangs d’eau salée. Ces deux plantes herbacées sont pérennes et constituent d’importantes frayères et zones de nourrissage pour des poissons côtiers et attirent de nombreux oiseaux d’eau herbivores.
Sur les berges, dans des zones marécageuses saisonnièrement inondées, on trouve des espèces halophytes annuelles qui germent à la saison sèche, lorsque l’eau redescend au-dessous de la surface du sol et notamment les salicornes Salicornia, Arthrocnemum et les graminées des marais salants qui résistent aussi bien aux inondations hivernales qu’à un pâturage intense.
Les salicornes occupent de vastes zones de marais salés dans le bassin méditerranéen, en particulier dans les deltas, en bordure des lagunes et autour des lacs salés d’Afrique du Nord. Elles contribuent au maintien de ces structures en capturant les sédiments, donnant naissance à un terrain caractéristique parsemé de mamelons.
D’autres communautés de plantes halophytes sont établies en bordure des marais comme les joncs Juncus spp. qui peuvent former une ceinture de quelques mètres de large seulement autour des étangs, à la limite supérieure des zones inondées en hiver, avant que les tamaris Tamarix spp. ne cèdent la place aux prairies humides à mesure que l’on s’éloigne du rivage.
Les joncs font partie des communautés végétales les plus particulières du bassin méditerranéen ; un grand nombre de ces plantes très diverses, et en particulier plusieurs espèces d’isoètes Isoetes spp. ne se rencontrent que dans cette région.
Les grandes émergentes des marais d’eau douce
Les roseaux Phragmites australis dominent nettement parmi les grandes émergentes des marais d’eau douce. Cette espèce pousse partout où l’humidité se maintient presque toute l’année. On la trouve dans les zones inondées en permanence sous forme de masses flottantes.
En cas de pâturage intensif, les roseaux peuvent céder la place à des graminées rampantes comme les Aeluropus ou à des scirpes maritimes Scirpus maritimus qui tolèrent mieux le sel et prospèrent dans des zones légèrement pâturées, souvent sur les berges de lacs profonds.
Les marisques Cladium spp. préfèrent les zones qui restent humides en permanence. Elles sont rares dans le bassin méditerranéen tout comme les papyrus restreints à la partie orientale du bassin. Les plus grandes stations se trouvent dans la zone humide de Daimiel dans le centre de l’Espagne et dans le marais de la Crau en Camargue.
Les forêts riveraines
La plupart des forêts riveraines ont disparu des plaines d’inondation européennes, bien que dans certains deltas, quelques parcelles subsistent comme dans celui du Nestos, en Grèce, qui abrite les soixante derniers hectares d’une forêt de feuillus inondée saisonnièrement ou le delta de l’Ebre qui abrite des peuplements de peupliers Populus spp., d’aulnes Alnus spp. et de saules blancs Salix alba.
Les plantes d’eau douce submergées et flottantes
Beaucoup d’espèces de plantes submergées sont de types des potamots, comme le potamot pectiné Potamogeton pectinatus qui s’étend sur près d’un tiers de la superficie du lac d’Ichkeul en Tunisie et qui constitue la principale espèce consommée par les populations de canards hivernants. Lorsque l’eau est plus salée, les potamots font place aux ruppias et dans les zones qui restent à sec pendant plus d’un mois, on trouve plutôt des communautés d’eau peu profonde comme les characées Chara spp. qui tolèrent un assèchement estival.
La faune
Les lacs et marais d’eau douce et salée du bassin méditerranéen constituent non seulement des sites de reproduction et d’hivernage pour des millions d’oiseaux mais ils jouent également le rôle d’étape pour un nombre encore plus important d’oiseaux qui s’y nourrissent et s’y reposent lors de leurs migrations annuelles entre l’Afrique et le nord de l’Europe et de l’Asie. Les principales voies migratoires ceinturent la Méditerranée, à l’est à travers la Turquie et la vallée du Rift en Israël, à l’ouest à travers le Maroc et l’Espagne. D’autres voies plus directes traversent la mer aux passages les plus étroits, entre la Tunisie et le sud de l’Italie, via Malte, ou entre la Libye et la Grèce et les Balkans, via la Crète.
Les zones humides méditerranéennes constituent un refuge pour les mammifères, mal adaptés aux étés chauds et secs du climat méditerranéen. Les grands espaces non perturbés représentent des habitats importants pour les des animaux espèces devenues rares (par exemple, le Lynx pardelle ibérique Lynx pardina au sud de l’Espagne, à Doñana). Certaines espèces ont également développé des adaptations semi-aquatiques : Campagnol amphibie, Crossopes, Castor.
Deux tiers des 120 espèces d’Amphibiens des pays méditerranéens sont endémiques. Leur état de conservation est particulièrement préoccupant, en partie le reflet de la forte dégradation de leurs habitats comme les mares temporaires. Les Reptiles sont moins représentés dans les zones humides même si on peut y observer plusieurs espèces de tortues ou couleuvres aquatiques. Le Crocodile a lui presqu’entièrement disparu.
L’endémisme des amphibiens et des reptiles est extrêmement élevé . Dans les îles méditerranéennes, les faunes actuelles proviennent très largement de connexions passées entre les îles et le continent européen ou africain mais aussi des introductions par l’homme. Sur les îles du bassin occidental de la Méditerranée, les valeurs d’endémicité pour les batraciens sont élevées en raison de l’ancienneté des faunes comme de leurs faibles capacités de déplacement. Qu’il s’agisse de nouvelles espèces, de sous-espèces ou de petites populations isolées, cette palette de variation génétique est très souvent la plus menacée. Toute atteinte à l’habitat de ces espaces entraîne des conséquences irréversibles.
La faune des poissons d’eau douce de la région nord-méditerranéenne est particulièrement remarquable dans le bassin méditerranéen avec près de 500 espèces dont la moitié (226 taxons) est endémique (128 espèces et 98 sous-espèces) répartis en 13 familles : les Cyprinidés qui constituent le groupe le plus important, les Cobitidés, les Cyprinodontidés et les Salmonidés, les Petromyzonidés, les Acipenseridés, les Siluridés, les Percidés, les Blennidés, les Cottidés et les Gasterosteidés. La plupart de ces espèces habitent les rivières de plaine et les lacs naturels, dans une moindre mesure les sources et les torrents de montagne et rarement les marais, les lagunes côtières, les canaux artificiels et les réservoirs. La plus grande diversité se retrouve dans les cours d’eau et les lacs naturels avec des foyers d’endémisme particulièrement importants en péninsule ibérique, nord de l’Italie, Balkans, Proche-Orient et ouest du Maroc. Vingt espèces ont déjà disparu et plus de 60 % des espèces endémiques sont menacées d’une façon ou d’une autre.