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La société civile, un acteur-clé de la gestion durable des zones humides méditerranéennes

Alors que les zones humides ont connu depuis la seconde moitié du 20ème siècle un sévère déclin partout dans le monde, la situation est encore plus alarmante autour du bassin méditerranéen. En effet, tandis que 35 % des zones humides ont disparu à l’échelle globale depuis 1970, un chiffre déjà très élevé, la perte atteint 48 % pour ce qui concerne la zone méditerranéenne (voir le rapport de l’OZHM Enjeux et perspectives 2 – Solutions pour des zones humides méditerranéennes durables [1]).

Les raisons en sont bien connues : forte pression démographique (notamment dans les zones littorales), conversion accélérée des zones humides en terres agricoles, forte croissance de la demande en eau, aménagements industriels ou urbanistiques, pollutions, ou encore instabilité politique récurrente, se combinent autour du bassin méditerranéen et y font souvent passer la préservation des milieux naturels et de la biodiversité au second plan des préoccupations.

Un projet axé sur le Sud et l’Est de la Méditerranée

C’est partant de ce constat que la Tour du Valat a lancé en octobre 2018 à Tunis un ambitieux projet dans sept pays de l’Est et du Sud du bassin méditerranéen (Algérie, Maroc, Tunisie, Jordanie, Liban, Libye et Turquie) grâce au soutien financier de l’Agence française de développement (AFD [2]).

Si c’est en effet souvent dans les pays les moins développés du bassin que les menaces sont les plus fortes sur les milieux naturels, les populations y sont aussi, paradoxalement, les plus à-mêmes de bénéficier de milieux naturels en bonne santé, du fait de leur plus grande vulnérabilité socio-économique.

Élevage dans les zones humides d’Aammiq au Liban © L. Chazée / Tour du Valat

Les zones humides peuvent en effet apporter de nombreux services écosystémiques (épuration des eaux, régulation des inondations, stockage de ressources hydriques et résilience face à la sécheresse, etc), ainsi que des ressources essentielles au bien-être et au développement (produits agricoles, poissons, matériaux de construction, ressources médicinales…).

L’objectif final du projet est d’améliorer la prise en compte des zones humides par les décideurs des pays concernés. Il se focalise pour cela sur les organisations de la société civile (OSC), afin de renforcer leur capacité d’influer sur politiques de développement et d’aménagement territorial à différentes échelles nationale et/ou locale (en savoir plus sur le projet [3]).

Les activités prévues ont entre autres pour but de renforcer la capacité des OSC à participer à l’Alliance Méditerranéenne pour les Zones Humides, lancée en 2017 pour mieux organiser leur action et donner davantage de visibilité à leurs initiatives pour la préservation des zones humides méditerranéennes (en savoir plus sur l’Alliance [4]).

Par ailleurs le projet s’appuie aussi fortement sur le réseau d’organisations de la société civile déjà constitué par la Tour du Valat ces dernières années tout autour du bassin méditerranéen, notamment dans le cadre du Réseau Oiseaux d’Eau Méditerranée [5].

Des formations dans plusieurs pays

C’est dans ce cadre que plusieurs formations ont déjà eu lieu dans plusieurs des pays concernés par le projet depuis 2018, en partenariat avec les acteurs locaux de la protection de l’environnement.

Une première formation a ainsi eu lieu à Azraq (Jordanie) en avril 2019, co-organisée par la Tour du Valat et la Royal Society for Nature Conservation [6], et portant sur la restauration des zones humides par la dynamique de l’eau ; une thématique primordiale dans une région fortement soumise au stress hydrique (en savoir plus [7]).

Visite de terrain dans la réserve naturelle de la zone humide d’Azraq en Jordanie en avril 2019 © Hazem al Hreisha / RSCN

La seconde session s’est déroulée à Izmir (Turquie) en juin 2019, sur le thème du montage d’une campagne de plaidoyer, du développement d’un programme d’éducation à l’environnement, et de la formation de formateurs.

Formation sur le terrain à Izmir (Turquie) en juin 2019 © C. Perennou / Tour du Valat

La troisième s’est déroulée à Tirana (Albanie) avec pour sujet la gestion des risques pour les zones humides, en partenariat avec l’ONG albanaise INCA [8].

Enfin la quatrième formation a eu lieu en France à la Tour du Valat en novembre 2019, et portait sur le développement d’observatoires nationaux ou locaux de zones humides.

À partir de 2020, les formations seront plus centrées sur le renforcement des capacités institutionnelles des OSC : bonne gouvernance, recherche de fonds, gestion de projets…

Au total, fin 2019 une quarantaine de personnes de 13 OSC ont bénéficié des diverses formations, parmi lesquelles une large proportion de femmes. Ces formations seront ensuite répétées dans leurs pays par les OSC en ayant bénéficié en direction d’organisations émergentes, afin de démultiplier les effets du projet.

Un second volet du projet à partir de novembre 2019

La formation à la Tour du Valat en novembre 2019 a également été l’occasion de lancer officiellement le second volet du projet, financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM [9]).

Cette nouvelle convention mobilise un montant de 662 500 €, au bénéfice des 10 organisations de la société civile des pays déjà concernés par le projet AFD, auxquels se rajoutent deux OSC, une d’Albanie et l’autre du Monténégro (en savoir plus [10]).

[11]
Signature de la convention avec le FFEM en novembre 2019 © Tour du Valat

Elle permettra d’une part de renforcer les activités prévues dans le projet, et d’autre part de l’enrichir de nouvelles activités  : formations complémentaires, micro-projets de terrain ciblant des zones humides précises, forums d’échange sur les enjeux émergents des zones humides en Méditerranée, ainsi que de renforcement des capacités de gestion durable des ressources, suivis renforcés des zones humides, et modules de formations pour universités sur les oiseaux d’eau et les zones humides.

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