La 5ème édition de l’école d’été « Biodiversité et vecteurs » a réuni 20 participant·es de 7 nationalités et de différentes origines scientifiques, professionnelles et géographiques.
Organisée dans le cadre du Défi Clé « Risques infectieux et vecteurs en Occitanie[1] » (RIVOC), la 5ème édition de l’école d’été « Biodiversité et vecteurs » s’est tenue
du 15 au 19 septembre 2025 à la Tour du Valat.
Avec pour thématique : «Biodiversité et vecteurs : au-delà de la lutte chimique ? », l’objectif de cette formation était d’explorer les maladies vectorielles qui affectent les humains, les animaux et les plantes.
Le lien entre la perte de biodiversité et l’émergence de maladies est fréquemment souligné. Cependant, le rôle des vecteurs en tant qu’éléments de la biodiversité, les conséquences sur la biodiversité des méthodes de lutte contre ces vecteurs, ainsi que l’influence de la biodiversité sur les vecteurs et les maladies qu’ils transmettent restent peu explorés.
Dans une perspective OneHealth, les étudiant·es ont pu explorer divers modèles impliquant moustiques, tiques, mollusques, pucerons, et plus encore, ainsi que réfléchir à des solutions de prévention et de contrôle.
Ouverte au public académique ainsi qu’aux professionnels de structures non académiques travaillant en lien avec la thématique, cette édition a permis aux étudiant·es de mieux connaître les maladies vectorielles et leurs dynamiques mais également, pour la plupart, de découvrir la précieuse réserve de biodiversité qu’est la Camargue.
De nouvelles recherches montrent que les populations de dizaines d’espèces d’oiseaux d’eau et d’oiseaux marins ont décliné depuis bien plus longtemps qu’on ne le pensait en Europe. L’article « Shifting the baseline for waterbird and seabird conservation in Europe, risk assessment over one century » démontre que faire abstraction d’un siècle d’histoire conduit à fixer des objectifs trop modestes pour restaurer la biodiversité.
En Europe, d’importants efforts de conservation et de suivi des oiseaux ont été mis en place à partir des années 1970, à la suite de la dégradation de leurs habitats et de leurs populations. Le suivi des espèces renseigne avec une grande précision l’état de santé de leurs populations. Mais oublier ce qui a précédé ces suivis, c’est potentiellement sous-estimer l’ampleur réelle des déclins.
Une étude menée par la Tour du Valat (France) et l’Université de Turku (Finlande), publiée dans Biodiversity and Conservation, a analysé plus d’un siècle de données (1900–2018) sur 170 espèces d’oiseaux d’eau et marins. Ses conclusions sont sans appel : ignorer les déclins historiques fausse nos références pour au moins 40% des espèces évaluées. Les chercheurs montrent que prendre les années 1970 comme point de référence revient à normaliser un état déjà gravement dégradé. « Restaurer les populations d’oiseaux tels qu’ils étaient dans les années 1970 ne suffit pas : leur déclin avait commencé bien avant », avertit Thomas Galewski (Directeur de recherche à la Tour du Valat). Les politiques de restauration devraient donc s’appuyer sur une perspective d’au moins un siècle pour être réellement ambitieuses.
Plus inquiétant encore, certaines espèces ont décliné sans interruption depuis plus d’un siècle. C’est le cas de la guifette noire ou du râle des genêts.
« Ces espèces devraient être replacées au centre des efforts de conservation », alerte Élie Gaget (Tour du Valat), premier auteur de l’étude.
Depuis les années 1970, conventions internationales et directives européennes ont été adoptées pour protéger oiseaux et habitats. Pourtant, les résultats restent insuffisants : 61 espèces sur 170 continuent de décliner. Les causes – destruction des zones humides, intensification des pratiques agricoles, surpêche, pollution, chasse illégale ou non-durable – restent puissantes et insuffisamment contrôlées. Le changement climatique agit comme un facteur aggravant, accentuant les pressions existantes et bouleversant les équilibres écologiques.
Le Flamant rose, quasiment disparu d’Europe occidentale dans les années 1960, a spectaculairement recolonisé le bassin méditerranéen grâce à la protection de ses sites de reproduction, d’abord en Camargue, puis sur d’autres zones humides d’Espagne, d’Italie ou de Turquie. Après des décennies de persécutions qui l’avaient presque fait disparaitre, le Grand Cormoran est redevenu un oiseau familier de nos côtes et de nos zones humides. Mais ces succès de protection ne doivent pas masquer la réalité : de nombreuses espèces ont perdu une grande partie de leur aire de répartition historique, et certaines n’ont jamais retrouvé les effectifs du début du XXe siècle.
« Les suivis à long terme, comme les dénombrements, sont notre meilleure arme contre l’amnésie générationnelle. Sans mémoire collective, nous risquons de normaliser un monde déjà appauvri », conclut Thomas Galewski.
Référence
Gaget, E., Brommer, J.E., Galewski, T. (2025). Shifting the baseline for waterbird and seabird conservation in Europe, risk assessment over one century. https://doi.org/10.1007/s10531-025-03155-1[3]
Le Congrès de l’UICN a voté en faveur de la motion 130, » Renforcer les restrictions contre les infrastructures touristiques non durables « . Lors du Congrès mondial de la nature 2025 de l’UICN, les membres ont massivement approuvé la motion 130. Avec plus de 98% des voix, ils appellent à des restrictions plus fortes sur les infrastructures touristiques non durables dans les aires protégées des catégories I et II de l’UICN.
Lagune de Vjosa-Narta
Cette motion a été lancée par la PPNEA (Albanie) et appuyée par 14 organisations partenaires de 13 pays, dont EuroNatur, BirdLife International, la Tour du Valat, Wetlands International et d’autres. Ce qui a commencé comme un appel d’un petit pays comme l’Albanie, contre les amendements controversés à la Loi sur les zones protégées (Loi n° 21/2024), s’est transformé en un succès mondial en faveur de la conservation. Ensemble, nous avons réaffirmé un principe élémentaire : les zones protégées sont destinées à la conservation, et non au développement massif, y compris celui du tourisme de masse.
L’adoption de la loi n° 21/2024 en Albanie, défendue sous le prétexte fallacieux de « respecter les critères de l’UICN », a ouvert la voie à la construction de complexes touristiques, d’aéroports et d’installations de production d’énergie, même dans les parcs nationaux. Ce dangereux précédent a mené à l’élaboration de la Motion 130, qui vise à empêcher les gouvernements du monde entier d’utiliser des failles similaires pour justifier la destruction de la nature sous couvert de tourisme. La motion demande expressément au gouvernement albanais de rétablir les restrictions sur le développement d’infrastructures lourdes dans les zones protégées.
Qu’il s’agisse des zones humides côtières d’Albanie ou des dunes millénaires de Vjosa-Narta, où des complexes hôteliers et des aéroports de luxe sont en projet, ou de luttes similaires dans le monde entier, la Motion 130 rappelle désormais aux gouvernements que le tourisme n’est pas une excuse pour détruire les zones protégées.
Mais malgré le succès majeur du vote, le chapitre n’est pas clos. Sans une action immédiate, le gouvernement albanais pourrait continuer à mener des projets destructeurs dans les parcs nationaux, ignorant à la fois les exigences européennes et le positionnement global de l’UICN.
Du renfort pour le volet agroécologie à la Tour du valat
Deux nouvelles recrues sont venues renforcer le travail mené par la Tour du Valat sur sa ferme agroécologique : Katrina Müller, œnologue, et Mario Bourcin, en charge du développement commercial de nos produits.
En juin, nous avons accueilli Katrina Müller, qui apporte son expertise dans l’élaboration des vins. Elle accompagne la préparation des cuvées 2025 ainsi que la restructuration de notre gamme, afin de valoriser au mieux le travail réalisé sur nos vignes en agroécologie.
En septembre, Mario Bourcin a rejoint l’équipe pour soutenir le développement commercial de nos produits. Sa mission principale consiste à renforcer et élargir le réseau de partenaires et de détaillants, afin de faire connaître et rayonner nos produits auprès d’un public plus large, tout en mettant en avant leur dimension agroécologique et leur soutien à la conservation des zones humides.
Leur arrivée contribuera à donner toujours plus de qualité, de visibilité et de reconnaissance aux produits de la Tour du Valat, issus d’une agriculture qui allie savoir-faire, innovation et respect de la biodiversité.
Six ans après le précédent rapport et alors que le bassin méditerranéen concentre de nombreuses tensions qui parcourent la planète, le troisième rapport régional de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (MWO-3) vient d’être publié. Découvrez les principales conclusions de ce rapport, fruit d’un intense travail d’analyse piloté par la Tour du Valat.
Un patrimoine menacé mais essentiel
Les zones humides méditerranéennes, dans leur grande diversité d’habitats (cf. diagramme ci-dessous), comptent parmi les écosystèmes les plus précieux et les plus menacés de la région. Elles régulent le cycle de l’eau, filtrent les pollutions, abritent une biodiversité exceptionnelle, protègent les côtes des tempêtes et stockent d’importantes quantités de carbone. Leur disparition progressive, souvent silencieuse, met pourtant en péril ces services vitaux.
Pourcentages des superficies en habitats humides, hors cours d’eau, dans le bassin méditerranéen (MWO-3)
Le troisième rapport régional de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (MWO-3), coordonné par la Tour du Valat dans le cadre de l’Initiative MedWet[7] de la Convention de Ramsar, dresse un constat alarmant. Plus de la moitié des zones humides historiques ont disparu. Urbanisation, intensification agricole, surexploitation de l’eau et changement climatique exercent une pression croissante sur ces milieux. Cependant, le rapport insiste également sur un message porteur d’espoir : loin d’être seulement les victimes de nos activités, les zones humides constituent des alliées essentielles face aux grandes crises méditerranéennes.
Un diagnostic scientifique inédit
Le MWO-3 repose sur une analyse approfondie menée à l’échelle de 28 pays, à travers 18 indicateurs qui renseignent les dynamiques sociales et économiques pouvant impacter les zones humides, les pressions directes qu’elles subissent, leur état, mais également les services qu’elles rendent et les réponses de la société pour les préserver (cadre conceptuel DPSIR Drivers – Pressures – State – Impacts – Responses).
Les résultats sont frappants. Depuis 1990, 12% des surfaces des zones humides naturelles méditerranéennes ont diminué. 40 % des espèces inféodées à ces milieux se trouvent aujourd’hui dans un état de conservation préoccupant, notamment dû, entre autres, au changement climatique. En parallèle, les pressions s’accélèrent avec l’urbanisation qui a augmenté de 44 % autour des zones humides depuis l’an 2000 tandis que les surfaces agricoles occupent plus de 30 % de leur espace fonctionnel. La fragmentation des cours d’eau atteint un niveau critique, avec 95 % du linéaire des grandes rivières affecté par des infrastructures. Néanmoins, le rapport révèle aussi des signes positifs : la population d’oiseaux d’eau hivernants a progressé de 43 % depuis 1995, démontrant que des politiques de conservation ciblées peuvent porter leurs fruits.
Distribution des espèces vulnérables au changement climatique.
Facteurs multiples, impacts visibles
Trois facteurs principaux expliquent la vulnérabilité des zones humides méditerranéennes. Le premier est démographique : près de 400 millions de personnes vivent à proximité immédiate d’une zone humide, avec une densité quatre fois supérieure à la moyenne régionale en méditerranée. Cette proximité entraîne une demande accrue en eau, en terres agricoles et en infrastructures.
Le deuxième facteur tient aux fortes disparités de gouvernance entre les pays. Certains disposent d’outils solides, comme la directive européenne sur l’eau ou des réseaux d’aires protégées, qui permettent de réguler les usages et de préserver une partie des écosystèmes. D’autres, au contraire, souffrent d’un manque de moyens institutionnels, financiers ou politiques pour gérer ces espaces, ce qui entraîne leur dégradation rapide.
Enfin, le climat agit comme un catalyseur. Le bassin méditerranéen se réchauffe 20 % plus rapidement que la moyenne mondiale (MedECC, 2022). Les sécheresses s’allongent, les vagues de chaleur se multiplient, les crues deviennent plus fréquentes et plus intenses, et l’élévation du niveau moyen de la mer menace directement les zones humides côtières. D’ici 2100, de 69 à 92 % des marais littoraux pourraient disparaître si la trajectoire actuelle se poursuit sans changement majeur.
Des réponses existent
Face à ces menaces, le rapport souligne qu’il est encore possible d’agir. Aujourd’hui, 36 % des habitats humides bénéficient d’une forme de protection, même si seuls 7 % disposent d’un niveau élevé de protection. Les opportunités de restauration sont considérables : près de 88 000 km² de zones humides perdues pourraient être réhabilitées dans les pays du Nord de la Méditerranée avec des efforts modérés, tels que la restauration d’anciennes terres agricoles en habitats humides. La modernisation des systèmes d’irrigation permettrait quant à elle de réduire de 35 % les prélèvements d’eau, soulageant ainsi les écosystèmes les plus fragiles.
Au-delà des chiffres, le rapport met en lumière des initiatives concrètes. En Tunisie, la réhabilitation en cours des tourbières de Dar Fatma permettrait de restaurer un habitat unique tout en impliquant les communautés locales dans sa gestion. En Turquie, des projets de gestion intégrée des deltas contribuent à préserver la continuité écologique et à soutenir les activités traditionnelles. En Espagne, la restauration des zones humides côtières autour de Valence illustre les bénéfices concrets que ces milieux peuvent apporter lorsqu’on les remet au cœur des territoires. La réhabilitation de l’Albufera a permis d’améliorer la qualité de l’eau, de renforcer la biodiversité et surtout d’accroître la résilience de la ville face aux inondations et aux vagues de chaleur. Ces actions montrent qu’investir dans la restauration, c’est à la fois protéger la nature et rendre des services essentiels aux populations.
Vers un nouveau pacte entre les sociétés et les zones humides méditerranéennes
La conclusion du rapport est claire : protéger et restaurer les zones humides n’est pas seulement une question écologique, c’est une nécessité pour l’avenir des sociétés méditerranéennes. Ces milieux doivent être reconnus comme des solutions aux crises climatiques, hydriques et sociales que traverse la région.
Ce troisième opus appelle à un nouveau pacte entre sociétés et zones humides, fondé sur une meilleure planification territoriale, une gouvernance inclusive et des investissements ciblés dans la restauration. Il invite gouvernements, scientifiques, ONG et citoyens à unir leurs forces pour que les zones humides cessent d’être perçues comme des espaces marginaux et deviennent, au contraire, des piliers de la résilience et de la durabilité des sociétés méditerranéennes.
Fader, M., Giupponi, C., Burak, S., Dakhlaoui, H., Koutroulis, A., Lange, M.A., Llasat, M.C., Pulido-Velazquez, D., Sanz-Cobeña, A. (2020) Water. In: Climate and Environmental Change in the Mediterranean Basin – Current Situation and Risks for the Future. First Mediterranean Assessment Report [Cramer W, Guiot J, Marini K (eds.)] Union for the Mediterranean, Plan Bleu, UNEP/MAP, Marseille, France, pp. 181-236, doi:10.5281/zenodo.7101074.
Galewski, T., Segura, L., Biquet, J., Saccon, E., & Boutry, N. (2021). Living Mediterranean Report—Monitoring species trends to secure one of the major biodiversity hotspots. Tour du Valat.
Geijzendorffer, I.R., Galewski, T., Guelmami, A., Perennou, C., Popoff, N., Grillas, P. (2018). Mediterranean wetlands: a gradient from natural resilience to a fragile social-ecosystem. In: Schröter M, Bonn A, Klotz S, Seppelt R, Baessler C (eds) Atlas of ecosystem services: drivers, risks, and societal responses. Springer International Publishing AG, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-96229-0[9].
Geijzendorffer, I.R., Beltrame, C., Chazée, L., Gaget, E., Galewski, T., Guelmami, A., Perennou, C., Popoff, N., Guerra, C.A., Leberger, R. & Jalbert, J. (2019). A more effective Ramsar Convention for the conservation of Mediterranean wetlands. Frontiers in Ecology and Evolution, 7, 21. https://doi.org/10.3389/fevo.2019.00021[10].
Guelmami, A. (2020). Sebkhat Séjoumi et son Bassin Versant (Tunisie) : Un Territoire en Mouvement. Rapport technique. Tour du Valat, CEPF, 54p.
Guelmami, A. (2023). Large-scale mapping of existing and lost wetlands: Earth Observation data and tools to support restoration in the Sebou and Medjerda river basins. Euro‑Mediterranean Journal for Environmental Integration, 9(2–3), 169–182. https://doi.org/10.1007/s41207-023-00443-6[12].
Guelmami, A., Arslan, D. & Ernoul, L. (2023). Assessing the impacts of land use and land cover changes 1984–2020 on wetland habitats in the Gediz Delta (Turkey). Climatic and Environmental Significance of Wetlands: Case Studies from Eurasia and North Africa [Internet]. IGI Global; 2023 [cited 2024 Aug 12]. pp. 12–23. DOI: 10.4018/978-1-7998-9289-2.ch002.
MedECC (2020). Climate and Environmental Change in the Mediterranean Basin – Current Situation and Risks for the Future. First Mediterranean Assessment Report [Cramer, W., Guiot, J., Marini, K. (eds.)] Union for the Mediterranean, Plan Bleu, UNEP/MAP, Marseille, France, 632pp. ISBN: 978-2-9577416-0-1 / DOI: 10.5281/zenodo.7224821.
Mediterranean Wetlands Observatory (2012). Mediterranean wetlands outlook 1. Technical report. Tour du Valat, France.
Mediterranean Wetlands Observatory (2018). Mediterranean wetlands outlook 2: solutions for sustainable Mediterranean wetlands. Tour du Valat, France.
Leberger, R., Geijzendorffer, I. R., Gaget, E., Guelmami, A., Galewski, T., Pereira, H. M., & Guerra, C. A. (2020). Mediterranean wetland conservation in the context of climate and land cover change. Regional Environmental Change, 20(2), 67.
Plan Bleu (2025). MED 2050, The Mediterranean by 2050, A foresight by Plan Bleu.
Popoff, N., Gaget, E., Béchet, A., Dami, L., Du Rau, P.D., Geijzendorffer, I.R., Guelmami, A., Mondain‑Monval, J.-Y., Perennou, C., Suet, M., Verniest, F., Deschamps, C., Taylor, N.G., Azafzaf, H., Bendjedda, N., Bino, T., Borg, J.J., Božič, L., Dakki, M., Encarnação, V.M.F., et al. (2021). Gap analysis of the Ramsar site network at 50: over 150 important Mediterranean sites for wintering waterbirds omitted. Biodiversity and Conservation, 30, 3067–3085. https://doi.org/10.1007/s10531-021-02236-1[13].
Schuerch, M., Kiesel, J., Boutron, O., Guelmami, A., Wolff, C., Cramer, W., Caiola, N., Ibáñez, C., & Vafeidis, A. T. (2025). Large-scale loss of Mediterranean coastal marshes under rising sea levels by 2100. Communications Earth & Environment, 6(1), Article 128. https://doi.org/10.1038/s43247-025-02099-2[14].
Verniest, F., Galewski, T., Boutron, O., Dami, L., Defos du Rau, P., Guelmami, A., Julliard, R., Popoff, N., Suet, M., Willm, L., Abdou, W., Azafzaf, H., Bendjedda, N., Bino, T., Borg, J. J., Božič, L., Dakki, M., Hamoumi, R. E., Encarnação, V., et al. (2024). Exposure of wetlands important for nonbreeding waterbirds to sea-level rise in the Mediterranean. Conservation Biology, 38, e14288. https://doi.org/10.1111/cobi.14288[15].
L’UICN vient de dévoiler une nouvelle publication rassemblant 21 études de cas à travers le monde, offrant un retour d’expérience riche en enseignements sur la mise en œuvre concrète des Solutions fondées sur la Nature (SfN). Ces exemples illustrent l’application de la nouvelle Norme mondiale pour les Solutions fondées sur la Nature de l’UICN et constituent une source d’inspiration pour d’autres sites où ce type de solutions pourrait être adopté.
Lancée en 2020, la Norme mondiale pour les Solutions fondées sur la Nature a été créée pour aider les gouvernements, ONG, entreprises et communautés à concevoir, mettre en œuvre et évaluer des projets qui utilisent la nature pour répondre aux grands défis sociétaux (climat, biodiversité, sécurité alimentaire, eau, risques naturels, santé, etc.). Les études de cas couvrent une grande diversité d’écosystèmes — milieux marins, zones humides, écosystèmes terrestres (forêts, prairies, zones alpines), milieux urbains — ainsi que deux initiatives économiques. L’ensemble offre un panorama riche et varié des approches possibles et des bonnes pratiques de mise en œuvre des SfN à l’échelle mondiale.
Les Étangs et Marais des Salins de Camargue à l’honneur
Parmi ces vingt et une études de cas figure un site co-géré par la Tour du Valat, le Parc naturel régional de Camargue, et la Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) (étude de cas n°3) : les Étangs et marais des salins de Camargue (EMSC)[18]. Ce site, constitué notamment d’anciens salins, a bénéficié de cet outil d’autoévaluation de la norme afin d’analyser sa conformité à 8 critères et 28 indicateurs, et de formuler des retours éclairés.
Cette étude de cas illustre l’approche mise en œuvre pour la restauration écologique côtière, visant à améliorer la biodiversité et à réduire les risques côtiers liés à l’érosion et à la submersion marine. La coordination du projet demeure toutefois complexe en raison de la multiplicité des acteurs, de leurs sensibilités et des politiques publiques impliquées. Un point à ne pas sous-estimer, la réussite de ces projets reposant également sur la coopération entre acteurs et sur une vision commune à long terme, essentielle pour relever les défis écologiques et sociaux de demain.
Référence de la publication
Thibault M., Poulin B., Segura L., Billé R. 2025. Adaptive management of the lagoons and marshes of the former Camargue saltworks – France. In: Applying the IUCN Global Standard for Nature-based Solutions : 21 cases studies from around the globe. Gland (Switzerland): IUCN; p. 38–42. https://doi.org/10.2305/RFTD6180[19]
Columba Martinez-Espinosa élue Présidente de la Section européenne de la Society of Wetlands Scientists
Le 2 juillet 2025, Columba Martinez-Espinosa, ingénieure de recherche à la Tour du Valat, a été élue Présidente de la Section européenne de la Society of Wetlands Scientists (SWS).
Membre de la section européenne de la SWS depuis 8 ans, Columba Martinez-Espinosa est ingénieure de recherche à la Tour du Valat depuis mars 2022. Elle possède une expertise solide en écologie fonctionnelle et en dynamique des nutriments des zones humides, qu’elle applique aujourd’hui pour étudier les lagunes méditerranéennes françaises en vue de la restauration de leur bon état écologique.
Un parcours académique et professionnel international
Avant de rejoindre la Tour du Valat, Columba a mené des recherches, notamment aux États-Unis (Advanced Science Research Center – GC/CUNY à New York), en France (CNRS Toulouse), au Brésil (Manaus, Amazonie), en Italie (Université de Ferrara), en Malaisie (Universiti Tereggannu) et en Égypte (American University in Cairo). Cette expérience internationale lui a permis d’acquérir une vision globale des écosystèmes humides, renforcée par des compétences en modélisation biogéochimique, de développer un solide réseau de collaborations scientifiques et d’apprendre de la diversité des modes de gestion locaux des zones humides.
Son parcours académique et professionnel international, allié à son engagement dans la gestion durable des zones humides, ont constitué les atouts qui l’ont menée à l’élection à la présidence de cette section européenne de la SWS.
« J’ai eu la chance de bénéficier du soutien de la SWS durant mes études, ce qui m’a permis de développer mon expertise sur les zones humides. Cette élection me donne aujourd’hui l’opportunité de soutenir à mon tour les jeunes chercheurs et chercheuses qui s’engagent dans ce domaine », commente-t-elle.
Society of Wetlands Scientists – Section européenne
La section européenne de la SWS a été fondée dans le but de réunir des scientifiques ainsi que d’autres professionnels spécialisés dans les zones humides qui partagent un intérêt commun pour la science et la gestion de ces milieux et travaillent en Europe. La SWS vise à améliorer les connaissances sur les zones humides ; à faire progresser les domaines scientifiques qui y sont liés ; ainsi qu’à accompagner les processus de décisions pouvant avoir une incidence sur ces milieux, afin de garantir qu’ils reposent sur une bonne compréhension des enjeux scientifiques.
Pour mener à bien cette mission, il est nécessaire que les membres de la SWS aient une solide connaissance tant des données scientifiques relatives aux zones humides que des éléments de contexte pouvant influencer la prise de décision, dont beaucoup sont spécifiques à l’Europe. Dans cette optique, des conférences et colloques en ligne sont organisés de façon annuelle et des ressources sont mises à disposition sur le site de l’organisation. Il existe également de petites bourses destinées à encourager les étudiants.
La SWS et la Tour du Valat
L’élection de Columba Martinez-Espinosa s’inscrit dans un historique de liens forts entre la Tour du Valat et la SWS. Ainsi, Nick Davidson, membre du Conseil Scientifique de la Tour du Valat est également membre de la section européenne de la SWS ; Patrick Grillas, ancien Directeur du programme de la Tour du Valat, en a été membre durant des années et la Tour du Valat a eu le plaisir d’accueillir à la Fondation LUMA les rencontres annuelles de la Section européenne de la SWS en 2022.
Au cours de son mandat, Columba Martinez-Espinosa espère renforcer et développer ces liens. Elle souhaite notamment favoriser une plus grande implication de ses collègues de la Tour du Valat dans la SWS ; renforcer les échanges avec l’Alliance méditerranéenne pour les zones humides, dont la SWS est membre ; valoriser les travaux scientifiques et d’aide à la gestion produits par la Tour du Valat auprès des réseaux de gestionnaires de zones humides en Europe ; et, enfin, renforcer le volet plaidoyer en faveur de la protection des zones humides.
Vous êtes un scientifique travaillant dans le domaine des zones humides et vous souhaitez rejoindre le réseau de la SWS ? Depuis sa création en 1980, la Society of Wetland Scientists a accueilli plus de 3 000 membres venus du monde entier.
Une récente étude de la Tour du Valat, menée en collaboration avec l’INRAE, modélise pour la première fois les interdépendances entre activités humaines et biodiversité de l’Île de Camargue.
Dans cette étude, publiée dans Ecology and Society[21], les chercheurs ont développé un modèle conceptuel dans lequel interagissent dynamique hydrosaline, gestion de l’eau, activités économiques (agriculture, chasse, pêche, tourisme) et milieux naturels.
Une approche méthodologique en quatre sous-modèles
Ce modèle conceptuel repose sur quatre sous-modèles qui fournissent des représentations complémentaires :
De la gouvernance de l’eau
De l’agriculture
Des communautés d’oiseaux
Des communautés de poissons
Ce modèle met en évidence les relations fortes et complexes entre les multiples entités du socio-écosystème deltaïque. Ces relations peuvent être de plusieurs natures :
Chaînes causales (succession d’impacts entre plusieurs entités) – 17 relations identifiées ;
Boucles de rétroaction (chaîne causale dans laquelle l’entité A influence une chaîne d’entités, qui influence alors A en retour pour amplifier ou amortir le processus) – 2 relations identifiées ;
Effets secondaires (lorsque la mise en œuvre d’actions visant à atteindre des objectifs spécifiques a un impact négatif ou positif inattendu sur d’autres entités) – 8 relations identifiées ;
Compromis (antagonisme entre deux processus concurrents, c’est-à-dire qu’une augmentation de l’un diminue l’autre) – 5 relations identifiées.
Principaux résultats et perspectives
L’étude met en évidence des boucles de rétroaction paradoxales : par exemple, le renforcement des réglementations sur les pesticides (notamment les herbicides du riz), destiné à protéger la biodiversité et améliorer la qualité de l’eau, a finalement conduit à une réduction des surfaces rizicoles1, diminuant alors la disponibilité des habitats pour les oiseaux d’eau au printemps.
Des arbitrages permanents
L’article met également en évidence l’arbitrage constant entre qualité et quantité d’eaudans la gestion du système lagunaire du Vaccarès, créant des compromis permanents entre les besoins des pêcheurs, les exigences écologiques et les contraintes agricoles.
Des enjeux sur la gouvernance de l’eau en Camargue
L’étude souligne les limites actuelles dans la gouvernance de l’eau en Camargue. La Commission Exécutive de l’Eau (CEE), bien qu’informelle, ne couvre pas l’ensemble des enjeux interconnectés du système. L’étude souligne le besoin de repenser cet outil vers un forum plus global intégrant tous les acteurs et les multiples enjeux hydrologiques du territoire camarguais.
Ce modèle conceptuel constitue un point de départ pour développer une plateforme de modélisation quantitative et pourrait même être adapté à d’autres deltas méditerranéens.
1 Diminution de 50% des surfaces de riz depuis 1994 (de 24 000 à moins de 12 000 ha).
Référence de l’étude
Rodier R., Boutron O., Béchet A., Therond O. 2025. Interdependencies among hydro-saline dynamics, economic activities, ecological processes, and biodiversity in a deltaic social-ecological system: insights from the Rhône delta (southern France). Ecology and Society; 30. doi: 10.5751/ES-16122-300311[21]
Article publié dans le cadre de la thèse de Rose Rodier, co-écrit avec Olivier Boutron, Arnaud Béchet et Olivier Therond.
Agir en faveur de la libellule Leste à grands stigmas grâce au financement participatif
Lancement de la première campagne de la plateforme Flamingo.eco intitulée « libellule cherche mare ! » soutient un projet porté par la Tour du Valat en faveur d’une libellule menacée
En France, près d’un tiers des libellules sont menacées. Le leste à grands stigmas (Lestes macrostigma), une libellule rare, voit ses chances de survie se réduire à mesure que disparaît son habitat naturel : les mares temporaires saumâtres. Pour cette espèce, la préservation de zones humides est vitale. Le projet mené sur la mare du Mas Neuf, au cœur de la Camargue, vise justement à refaire de cette mare une station de reproduction durable et tester une véritable « recette de cuisine » à reproduire à grande échelle.
Les différentes étapes prévues
Pour valider une méthode de restauration, il faut tester, observer, ajuster. Vous pouvez contribuer à cette étape décisive ! Voici un descriptif des différentes étapes du projet, si nous parvenons à obtenir les fonds nécessaires.
ACTE 1 (8500€) : Transplanter des bulbes de Scirpe maritime, la plante préférée de L. macrostigma, et suivre sa colonisation dans la mare.
ACTE 2 (8400€) : Introduire des œufs de L. macrostigma en suivant une technique qui a fait ses preuves en 2020, puis étudier la colonisation par cette libellule, et notamment son utilisation des scirpes lors de la ponte.
ACTE 3 (6200€) : Réitérer l’expérience pilote dans de nouvelles mares en PACA et en Occitanie avec suivi de l’activité de ponte dans les scirpes par les femelles
ACTE 4 (4200€) : Diffuser la méthode à grande échelle !
En bref
Pour valider une méthode, il faut tester, observer, ajuster : le crowdfunding peut permettre à ce projet de restauration de franchir cette étape décisive.
C’est grâce à votre soutien que le projet pourra faire ses preuves — et prétendre à des financements européens plus ambitieux, comme le programme européen LIFE !
🙏 Même un petit don compte (et pour rappel il est déductible à 66 % et pour chaque don il y a un petit cadeau).
🎁 Plusieurs contreparties pour vous remercier de votre engagement : livres, coffrets, affiche artistique, rencontres avec les chercheurs, visites guidées, week-end en Camargue…
N’hésitez pas également à faire circuler l’info, à en faire la promotion auprès de vos amis et à contribuer à ce un beau projet !
Les flamants roses nous révèlent leur secret sur le vieillissement
Vieillir est-il une fatalité ? Si la plupart des êtres vivants vieillissent, certains le font plus lentement que d’autres. Unenouvelleétudescientifiquepubliée ce jour dans ProceedingsoftheNational Academy of Science (PNAS) [23]aborde une question fascinante : et si le fait de migrer influençait la manière dont on vieillit ? Pour explorer ce mystère,les scientifiques se sont intéressés au flamant rose (Phoenicopterus roseus), cet oiseau migrateurgracieuxetemblématiquede la Camargue.
Desoiseauxquinevieillissentpastous de la même façon
Grâce à un programme de baguage et de suivi des flamants roses mené pendant plus de 40 ans par l’institut de recherche de la Tour du Valat, les chercheurs ont découvert un phénomène étonnant : les flamants migrateurs vieillissent pluslentementquelesrésidents. Chez cette espèce en effet, certains oiseaux restent toute leur vie en Camargue (on les appelle les« résidents »),tandisqued’autresparcourent chaque année les rives de la Méditerranée (ce sont les « migrateurs »).
Au début de leur vie adulte, les flamants résidents s’en sortent mieux : bien installés dans les lagunes des côtes méditerranéennes françaises pendant l’hiver, ils survivent et se reproduisent davantage que les migrateurs.
Mais à quel prix ? En prenant de l’âge, les résidents déclinent plus rapidement. Avec un vieillissement40 %plusimportant,leur capacité à se reproduire diminue et le risque de passer devieàtrépasaugmenteplusvitequechezles flamantsmigrateurs.Aucontraire,lesflamants migrateurs,ceuxquipartenthivernerenItalie, enEspagneouenAfriqueduNord,payentcher le coût de ces voyages saisonniers en début de vie (plus forte mortalité et reproduction moindre) mais semblent le compenser par un vieillissement ralenti à un âge avancé. Ainsi, le début du processus de vieillissement intervient de manière plus précoce chez les résidents (20,4 ans en moyenne) que chez les migrateurs (21,9 ans).
Lamigration:uncomportementanimal qui influence le vieillissement
Cetteétudemontrequelamigrationsaisonnière –uncomportementmassivementutilisépardes milliardsd’animaux–peutinfluencerlerythme du vieillissement. Chez les flamants, décider de ne pas migrer offre des avantages en début de vie qui sont associés à une sénescence accélérée à un âge avancé.
« Ceci est probablement lié à un compromis entreperformancejeuneetsantéàun âge avancé », explique Sébastien Roques, chercheurauCNRSetco-auteurdel’étude.
«Lesrésidentsviventintensémentaudébut, mais paient ce rythme plus tard. Les migrateurs, eux,semblentvieillirpluslentement».
Avecleurlongueduréedevie(certainsdépassent 50ans!)etleurdiversitécomportementale,les flamants roses constituent plus qu’un animal emblématique de la Camargue.
Ils offrent aussi un modèle idéal pour comprendrelevieillissementchezlesanimaux. « C’est tout l’intérêt d’avoir poursuivi cette étude àlongterme.Initiéeen1977enCamargueparle marquage des flamants avec des bagues lisibles àdistanceavecuntélescope,ceprogramme permet aujourd’hui encore d’observer des flamantsbaguéscetteannée-là»précisent ArnaudBéchet et Jocelyn Champagnon, Directeurs de recherche à la Tour du Valat et co-auteursdel’étude.«C’estunjeudedonnées uniqueensongenrequis’avèreprécieuxpour comprendrelesressortsduvieillissementdans lespopulationsanimales».
Percerlessecretsduvieillissement,une quête scientifique et existentielle
Cette découverte s’inscrit dans un domaine de recherche passionnant : la sénescence, c’est-à-dire le vieillissement biologique.
Hugo Cayuela, un des co-auteurs de l’étude, chercheuràl’Universitéd’Oxford,commente: « Comprendre les causes des changements devitesse de vieillissement est un problème quiobsèdeleschercheursetlesphilosophes polymathesdepuisl’Antiquité».Etdecontinuer «Pendant longtemps, nous avons pensé que cesvariationss’opéraientessentiellemententre espèces. Mais récemment, notre perception duproblèmeachangé.Nousaccumulonsdes preuvesmontrantque,auseind’unemême espèce, les individus ne vieillissent souvent pas au même rythme du fait de variations génétiques, comportementales, et environnementales».
En étudiant comment certains animaux naissent, se reproduisent et meurent, les scientifiques espèrent percer les secrets du vieillissement… Tentant ainsi d’apporter des réponses à l’une des questionslesplusexistentiellesetcentralesen biologie : pourquoi et comment mourrons-nous ?
Référence de l’étude
H. Cayuela, S. Roques, A. Arnaud, C. Germain, A. Béchet, & J. Champagnon, Migration shapes senescence in a long-lived bird, Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 122 (36) e2422882122, https://doi.org/10.1073/pnas.2422882122[24] (2025).
Le MOOC-RESSOURCE propose 6 modules (environ 40 heures de formation) avec un contenu pédagogique exceptionnel : plus de 5 000 photographies d’oiseaux, 219 fiches d’identification d’espèces, 40 séquences pédagogiques et 23 entretiens vidéo avec des experts. La formation couvre l’identification des espèces, les techniques de dénombrement et le contexte de la conservation des zones humides dans la moitié nord de l’Afrique.
Modalités pratiques
L’accompagnement pédagogique s’étend du 15 septembre au 24 octobre 2025, avec un accès au contenu jusqu’au 18 décembre 2025. Cette flexibilité permet de suivre la formation à son rythme sur trois mois.
Développé par le projet RESSOURCE en collaboration avec la Tour du Valat et l’Office français de la biodiversité, ce projet bénéficie du soutien du FFEM et de l’Union européenne. L’objectif : créer un réseau d’observateurs qualifiés pour la conservation des zones humides.
Un enjeu de conservation majeur
Les zones humides d’Afrique du Nord et du Sahel accueillent des millions d’oiseaux d’eau, qu’ils soient migrateurs ou résidents permanents. Ces espèces jouent un rôle essentiel dans les écosystèmes locaux et contribuent directement à la sécurité alimentaire et financière de nombreuses communautés de la région. Face aux pressions croissantes sur ces milieux fragiles, le développement de réseaux d’observateurs qualifiés devient une priorité pour leur conservation.
Un état des lieux stratégique dans un contexte de tensions croissantes
Depuis plus d’une décennie, l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes (OZHM)[7] accompagne les politiques publiques et les actions de conservation en produisant des évaluations régionales fondées sur des données scientifiques robustes. Après une première édition en 2012 qui a posé les bases d’un suivi partagé à l’échelle du bassin, suivi d’une deuxième publication en 2018 consacrée à l’actualisation des connaissances et à l’exploration de solutions durables, cette troisième édition “Zones humides méditerranéennes : Des Réponses face aux Crises”[26], constitue une nouvelle étape majeure. Publié à l’occasion de la COP15 Ramsar (Victoria Falls, Zimbabwe, 23-31 juillet 2025), le rapport dresse un état des lieux actualisé, dans un contexte de pressions environnementales, sociales et climatiques qui ne cessent de s’intensifier.
[26]
Le MWO-3 s’appuie sur une analyse structurée fondée sur 18 indicateurs DPSIR (Drivers – Pressures – State – Impacts – Responses), élaborés par l’OZHM en étroite collaboration avec un large réseau de partenaires scientifiques et techniques issus des 28 pays membres de l’Initiative Régionale Ramsar MedWet et au-delà. Ce dispositif permet d’analyser les dynamiques à l’œuvre : des facteurs de changement comme la démographie ou le climat, aux pressions exercées sur les zones humides (artificialisation, pollutions, prélèvements d’eau), en passant par l’évaluation de leur état écologique, des impacts observés sur la biodiversité et les services écosystémiques rendus, jusqu’aux réponses mises en place aux différentes échelles.
L’analyse met en évidence une dégradation continue : réduction de la surface et de la qualité des habitats humides, perte de connectivité hydrologique, tensions accrues sur l’eau et vulnérabilités croissantes face aux aléas climatiques. Mais au-delà du diagnostic, le rapport éclaire aussi les réponses existantes et les marges de progrès. Il identifie des leviers d’action concrets pour restaurer les fonctions écologiques, renforcer la résilience des milieux et valoriser durablement les services rendus aux sociétés méditerranéennes.
Structuré en trois volets complémentaires, le rapport comprend :
Une synthèse technique qui présente les tendances observées, les enseignements issus de l’analyse des 18 indicateurs DPSIR, ainsi que les principaux moteurs de changement à l’échelle du bassin ;
Des recommandations articulées autour de cinq leviers d’action, offrant des orientations stratégiques aux décideurs politiques, gestionnaires et acteurs de terrain, afin de mobiliser des efforts concrets pour concilier développement et préservation des zones humides ;
Une série de fiches-indicateurs détaillées, qui présentent les résultats de manière structurée et en proposent une interprétation synthétique
En complément, plusieurs études de cas issues de contextes locaux variés viennent illustrer les processus à l’œuvre et les réponses engagées sur le terrain. Enfin, des infographies et des cartes synthétiques facilitent la lecture et renforcent l’accessibilité des résultats à un public large.
Le MWO-3 s’adresse à l’ensemble des parties prenantes concernées par l’avenir des zones humides méditerranéennes : autorités nationales, collectivités territoriales, agences de bassin, organisations de la société civile, scientifiques, usagers et communautés locales. Il vise à alimenter les débats, à renforcer la cohérence des politiques publiques et à inspirer des actions coordonnées et ambitieuses, à la hauteur des enjeux.
Dans une Méditerranée soumise à des tensions multiples, le message porté par l’OZHM est clair : préserver les zones humides, ce n’est pas freiner le développement, c’est le rendre possible, intégré et durable.