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Zones humides, satellite et conservation : les avancées de la cartographie des habitats des ZH en France partagées au Living Planet Symposium 2025

Le mardi 24 juin à Vienne, dans le cadre du Living Planet Symposium organisé par l’Agence Spatiale Européenne (ESA), les premiers résultats de la phase 2 du projet de cartographie nationale des habitats des milieux humides en France ont été présentés. Ce projet, financé par le Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires, est piloté par PatriNat [1], Université de Rennes-2 et la Tour du Valat.

Nina Bègue lors de la session “Wetlands: from Inventory to Conservation”

Lors de la session “Wetlands: from Inventory to Conservation”, animée par Lammert Hilarides  (Wetlands International [2]) et Dania Abdul Malak (European Topic Centre – Université de Malaga [3]), en présence de Marc Paganini (Agence Spatiale Européenne [4]), Nina Bègue, ingénieure en télédétection à la Tour du Valat et membre de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes [5], a exposé la méthodologie mise en œuvre et les résultats obtenus. Elle a notamment mis en lumière l’utilisation inédite de la typologie EUNIS, pour cartographier les habitats en milieux humides à partir de données d’observation de la Terre.

Les retours ont été nombreux, avec un intérêt marqué pour les potentialités de la télédétection dans le suivi de la biodiversité des zones humides via l’utilisation de la typologie EUNIS, ainsi que pour les perspectives de généralisation à d’autres contextes.

Cette participation a permis de renforcer les échanges avec la communauté scientifique de l’observation de la Terre, de recevoir des retours critiques sur la méthodologie utilisée, d’identifier de nouvelles pistes de collaboration scientifique et d’assurer une veille sur les outils et méthodes d’inventaire écologique.

À l’approche de la COP Ramsar, ces travaux viennent nourrir l’expertise de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes [5]. Ils alimenteront notamment le futur Géoportail des zones humides méditerranéennes, outil clé de diffusion et de sensibilisation pour la préservation de ces écosystèmes essentiels.

Présentateurs, animateurs et partenaires de la session “Wetlands: from Inventory to Conservation”

 

 

Lors du Living Planet Symposium, l’Agence Spatiale Européenne [4] et la Convention de Ramsar sur les zones humides [6], représentée par sa Secrétaire Générale Dr. Musonda Mumba, ont signé un Mémorandum d’entente visant à mettre à profit les technologies d’observation de la Terre afin d’appuyer la conservation des zones humides.

Cet accord porte sur la surveillance des sites Ramsar, l’identification de zones prioritaires de restauration, le développement des inventaires nationaux des zones humides, l’intégration de données satellitaires et terrestres et l’appui à l’initiative GEO Wetlands. [7]

 

[7]
Signature du Mémorandum d’entente entre l’European Space Agency et la Convention sur les zones humides, représentée par sa Secrétaire générale Dr. Musonda Mumba. [7] © European Space Agency

 

 

Retour en images sur le Festival de la Camargue et du Delta du Rhône 2025

Publié par marquis le Actualités,Evénements | Pas de commentaire

A l’occasion de l’édition 2025 du Festival de la Camargue et du Delta du Rhône, trois sorties pour partir à la découverte des zones humides ont été proposées par la Tour du Valat. La Fondation a également participé à une table ronde sur le thème de la chasse, à retrouver en podcast à la fin de cet article.

Visite dans la Sansouïre © Arsène Marquis-Soria

Visite de la Réserve Naturelle Régionale de la Tour du Valat

Au matin du 28 mai, un premier groupe est parti à la découverte de la Réserve Naturelle Régionale de la Tour du Valat. Marion Lourenço, éco-garde à la Tour du Valat, a accompagnés les participant·es au sein des différents milieux qui coexistent sur ce site d’exception, à travers les sansouïres, les mares temporaires et les montilles, jusqu’à arriver au marais du St-Seren.

Entre observations naturalistes et découverte des zones humides, cette visite fut également l’occasion d’évoquer les différentes modalités de gestion de cet espace patrimonial d’exception.

Marion Lourenço, éco-garde à la Tour du Valat © Arsène Marquis-Soria
© Arsène Marquis-Soria

Suivi participatif des chauves-souris au crépuscule

Proposée dans le cadre des actions de sciences participatives du projet Rest-Chir’Eau, cette sortie a permis à 20 participant·es de prendre part à un protocole scientifique visant à évaluer l’activité des chauves-souris le long d’un ancien bras alluvial du Rhône.

Après une présentation des liens étroits qui relient les chauves-souris aux zones humides, le groupe s’est réparti à différent points stratégiques afin de dénombrer les chauves-souris à la tombée du jour. A la fin du protocole, Pauline Rocarpin, coordinatrice du projet, a proposé un moment d’écoute et d’observation des chiroptères pour clôturer la soirée.

Dispositif du suivi participatif © Arsène Marquis-Soria

Visite des marais de Raphèle : découverte d’une tourbière méditerranéenne

Accompagnés de Grégoire Massez, conservateur du site des marais de Raphèle, d’Antoine Gazaix, spécialiste de la tourbe, ainsi que d’un salarié du SYMCRAU, les participants ont pu visiter une partie de cette tourbière habituellement fermée au public et qui abrite de nombreuses espèces de plantes rares et menacées.

Au fil des canaux, ce parcours de 6 kilomètres les a menés à la rencontre de cette zone humide méconnue, son histoire, son fonctionnement et ses richesses naturelles.

Antoine Gazaix devant une carotte de tourbe © Elisa FEL

Plateau radio : “Comment concilier chasse et biodiversité”

 En Camargue, la chasse tient une place singulière dans la gestion des milieux naturels. C’est pourquoi, à l’occasion de la révision de sa charte, le Parc de Camargue à convié le public du festival, ainsi que plusieurs acteurs locaux, à échanger autour du thème de la chasse et la biodiversité à l’heure du changement climatique.

A cette occasion, a été présenté l’ouvrage collectif de partages d’expériences « Gestion des marais chassés de Camargue : Savoirs pratiques & scientifiques ». [8]

Intervenants :

Retrouvez le plateau radio en replay : https://www.soleilfm.com/17eme-edition-du-festival-de-la-camargue-du-28-mai-au-1er-juin-2025/ [9]

© Festival de la Camargue et du Delta du Rhône © Festival de la Camargue et du Delta du Rhone

 

Une nouvelle étude révèle l’impact contrasté de l’urbanisation et de l’agriculture sur les communautés d’oiseaux et de reptiles au delta du Gediz (Turquie) 

Publié par estamm le Publications | Pas de commentaire

La Tour du Valat, en partenariat avec des chercheurs turcs, vient de publier les résultats d’une étude approfondie sur les effets des changements d’usage des sols dans le delta du Gediz, en Turquie. Menée entre 2019 et 2021, elle apporte un éclairage précieux sur les défis de conservation auxquels font face les zones humides méditerranéennes. 

Un delta sous pression 

Le delta du Gediz, situé sur la côte égéenne de la Turquie occidentale près d’Izmir, constitue l’une des zones humides les plus importantes de la Méditerranée orientale. Reconnu site Ramsar depuis 1998, ce vaste territoire de 80 000 hectares abrite une biodiversité remarquable avec plus de 299 espèces d’oiseaux recensées. Comme de nombreuses zones humides méditerranéennes, les écosystèmes naturels du Delta ont connu des modifications profondes liées à la croissance urbaine de la métropole d’Izmir (4 millions d’habitants) et à l’intensification agricole durant le siècle écoulé. 

Résultats clés 

L’étude, publiée dans BMC Ecology and Evolution, a évalué entre 2019 et 2021 les effets de trois types de paysage (naturel, agricole et urbain) sur la composition des communautés d’oiseaux nicheurs (90 espèces) et de reptiles (14 espèces) dans le delta. 

Les résultats de l’étude révèlent que la composition des communautés d’oiseaux et de reptiles est influencée différemment selon le type de paysage, notamment en raison d’une spécialisation des espèces pour certains habitats : 

Des enjeux qui résonnent en Camargue 

Cette étude présente un intérêt particulier pour la compréhension des dynamiques écologiques en contexte méditerranéen. Les auteurs soulignent les parallèles avec d’autres deltas méditerranéens : « contrairement à ce que l’on observe en Camargue où les rizières peuvent offrir des habitats alternatifs pour certains oiseaux d’eau, les cultures sèches du delta du Gediz ne permettent pas cette compensation écologique. » 

De plus, l’utilisation de modèles de distribution conjointe d’espèces (JSDM) a permis de quantifier précisément comment les préférences d’habitat des espèces expliquent leur réponse aux changements paysagers, une approche méthodologique innovante applicable à d’autres zones humides. 

Face à ces constats, les auteurs formulent plusieurs recommandations pour la conservation de la biodiversité 

À court terme : 

À moyen terme : 

 

Des apports au-delà du périmètre d’étude 

L’étude contribue également à combler le déficit de connaissances sur les zones humides méditerranéennes orientales, la plupart des recherches se concentrant traditionnellement sur l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.  

Ces travaux ouvrent la voie à de nouvelles recherches comparatives entre deltas méditerranéens. Ils fournissent également aux gestionnaires et décideurs locaux des données scientifiques robustes pour orienter les politiques de conservation du delta du Gediz. 

La méthodologie développée pourrait être appliquée à d’autres zones humides méditerranéennes confrontées à des pressions similaires, contribuant ainsi à une meilleure compréhension globale des impacts des changements d’usage des sols sur la biodiversité. 

 

__________

[1] [12] Espèce disposant d’une niche écologique très large, qui peut tolérer une grande variété de conditions environnementales et dont le régime alimentaire comprend une large gamme de ressources 

[2] [13] Espèce n’utilisant qu’un seul type de ressources ou d’habitat, ce qui la rend très dépendante de ce dernier. Elle est donc très sensible aux perturbations de sa ressource ou de son habitat.


Référence de l’étude

Arslan, D., Gaget, E., Çiçek, K., Olivier, A., Galewski, T., Döndüren, Ö., Guelmami, A., Ernoul, L., & Béchet, A. (2025). Contrasting effects of agriculture and urbanisation on bird and reptile communities in a Mediterranean delta (Gediz Delta, Türkiye). BMC Ecology and Evolution, 25, 58. doi: 10.1186/s12862-025-02390-y [14] 

Une campagne de financement participatif en faveur d’une libellule : le Leste à grands stigmas

Publié par Com TdV le Actualités | Pas de commentaire

Un projet porté par la Tour du Valat qui vise la restauration d’une mare temporaire saumâtre en Camargue, un habitat clé pour la survie du rare et menacé Lestes macrostigma, a été sélectionné par la plateforme de financement participatif « Flamingo.eco ».

Flamingo, [15]nouvelle plateforme de financement participatif dédiée à la conservation et à la restauration des zones humides vient d’ouvrir ! Cette initiative vise à mieux faire connaître ces écosystèmes et à offrir au grand public l’opportunité de soutenir des projets concrets à fort impact écologique. Le premier projet sélectionné par la plateforme est un projet porté par Philippe Lambret, chef de projets sur les libellules à la Tour du Valat.

Engagez-vous pour la conservation de Lestes macrostigma en rejoignant la prochaine campagne de financement participatif de la plateforme Flamingo

En Camargue, la libellule Lestes macrostigma est aujourd’hui vulnérable. Cette espèce patrimoniale dépend d’un habitat bien spécifique : les mares temporaires saumâtres. Ces zones humides dynamiques, naturellement asséchées en été, sont souvent perçues à tort comme dégradées ou sans valeur écologique, ce qui a conduit à leur destruction massive, emportant avec elles la biodiversité unique qu’elles abritent. 

Afin de contribuer à la sauvegarde de Lestes macrostigma, la Tour du Valat pilote un projet de restauration d’une mare temporaire saumâtre sur le site de Mas Neuf, au nord de l’étang du Vaccarès. L’objectif est de recréer les conditions écologiques nécessaires à la reproduction de cette espèce, en agissant à la fois sur son habitat et sur la plante qu’elle privilégie pour pondre ses œufs, le Scirpe maritime (Bolboschoenus maritimus)

Quelles actions concrètes soutiendrez-vous ?

Acte 1 – Reconstitution de l’habitat végétal (2026–2027)

Au printemps 2026, des bulbes de Scirpe maritime seront transplantés dans la mare ciblée. Le suivi scientifique portera sur la reprise, la croissance et la colonisation de cette espèce végétale. 

Acte 2 – Réintroduction de Lestes macrostigma (2027–2029)

Une fois le Scirpe bien établi, des tiges contenant des œufs de L. macrostigma seront introduites dans la mare. L’émergence des larves, le comportement de ponte des adultes et ainsi le démarrage d’un cycle de reproduction naturel seront suivis afin d’évaluer le succès de la réintroduction. 

Acte 3 – Transfert et essaimage (dès 2029)

En cas de succès, la méthode sera reproduite sur d’autres sites en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie. L’objectif est aussi ici de tester l’applicabilité de ce protocole de restauration à plus grande échelle. 

Acte 4 – Capitalisation et diffusion (2030)

L’ensemble des résultats sera consolidé sous la forme d’un cahier technique de gestion conservatoire, co-rédigé avec les partenaires du Plan National d’Actions en faveur des libellules [16]. Ce document de référence visera à guider d’autres gestionnaires d’espaces naturels dans des démarches similaires de restauration et de réintroduction de libellules. 


👉 Envie de faire partie de l’aventure ?

Contribuez à la campagne de financement participatif Flamingo pour aider la Tour du Valat à concrétiser ce projet de restauration écologique !

📩 Pré-inscrivez-vous dès maintenant pour être informé du lancement de la campagne :
https://flamingo.eco/pre-inscription/ [17]


Projet de restauration porté par : 

Philippe Lambret [18], chef du projet « conservation des Odonates » à la Tour du Valat

Hugo Fontès [19], Ingénieur de recherche en écologie végétale à la Tour du Valat

 

Le rapport d’activité 2024 de la Tour du Valat est en ligne !

Publié par estamm le Actualités,Documentations | Pas de commentaire

La Tour du Valat publie comme chaque année son rapport d’activité, illustré de magnifiques photos et présentant nos principales réalisations de l’année dernière, fruit de nombreuses collaborations avec nos partenaires, qu’ils soient institutionnels, scientifiques, techniques ou financiers.

Plus largement, ce rapport témoigne de notre engagement, à vos côtés, en faveur de la nécessaire réconciliation entre les humains et la nature. Explorer et décrypter les liens du vivant, expérimenter, inventer des solutions pour demain, dialoguer, partager et agir ensemble. Voilà ce qui nous anime et que vous pourrez découvrir au fil des pages de ce rapport d’activité.

 

Pour chaque équipe thématique retrouvez un projet mis en avant sous forme de focus :

Nous vous souhaitons une bonne lecture !


👉 Télécharger le rapport d’activité 2024  [20]de la Tour du Valat

Retrouver l’ensemble de nos rapports d’activité depuis 2008 dans la section médiathèque [21] du site internet.

En Camargue, chasseurs, gestionnaires d’espaces naturels et scientifiques se réunissent autour des oiseaux d’eau et des zones humides

Publié par marquis le Actualités | Pas de commentaire

Chaque année depuis 2007, la Tour du Valat et l’Office Français de la Biodiversité (OFB) invitent les acteurs de la chasse, de la conservation de la nature et de la recherche à se réunir en Camargue lors d’une demi-journée d’échange.

Jean-Baptiste Mouronval, ingénieur d’études à la Tour du Valat, présente les résultats des dénombrements aériens d’oiseaux d’eau de l’hiver 2024-2025 © Jocelyn Champagnon

L’objectif de cette journée est de favoriser les interactions entre les différents acteurs du territoire autour des questions cynégétiques et de gestion des populations d’oiseaux d’eau et de leurs habitats en Camargue. Cette année, 74 participants ont répondu présent et se sont réunis à la Tour du Valat, le vendredi 16 mai.

Après un mot d’accueil par Jean Jalbert, directeur général de la Tour du Valat, Jean-Baptiste Mouronval, ingénieur d’études à la Tour du Valat, a présenté les résultats des dénombrements aériens d’oiseaux d’eau de l’hiver 2024-2025 (retrouvez une synthèse des résultats en fin d’article).

Matthieu Guillemain, de la Direction de la Recherche et de l’Appui Scientifique de l’OFB a ensuite présenté les travaux conduits à la demande de la Commission Européenne concernant les espèces d’oiseaux chassables en mauvais état de conservation. Les échanges avec la salle ont permis de mettre en avant les données scientifiques sur lesquelles se base cette approche, qui conduisent la Commission à proposer des mesures de gestion incluant la suspension de la chasse de certaines espèces les plus fragilisées.

En parallèle des enjeux réglementaires européens, la gestion quotidienne des territoires reste centrale. Le bilan du projet PACTE Camargue financé par la fondation Albert II de Monaco a été présenté par Raphaël Mathevet, directeur de recherche CNRS EPHE au CEFE de Montpellier. Ce projet sur les conditions de coexistence des activités humaines et de la faune sauvage a permis la réalisation de la thèse de D. Coz sur les sangliers et les grues cendrées en Camargue qui a été valorisée par deux publications scientifiques. Deux outils de mise en situation (jeux sérieux) sur la chasse adaptative des canards et des sangliers ont été également présentés. Enfin, un ouvrage collectif de partage d’expériences sur la gestion des marais chassés en Camargue [8] a été présenté. Réalisée par des gestionnaires de marais chassés, des experts et des chercheurs, cette publication [8] illustre l’intérêt de prendre en compte la diversité des pratiques de gestion et des savoirs pour mieux contribuer à la préservation du patrimoine naturel et culturel du grand delta du Rhône. Adossé à cet ouvrage, un second livret a permis également de donner une lecture plus sociologique et ethnologique de ce travail collectif.

Cette approche collaborative trouve un écho dans une étude récemment publiée dans la revue Landscape Ecology [22] qui illustre le rôle complémentaire des marais chassés et des espaces naturels pour le cycle annuel et le cycle de vie des spatules blanches. Présentée par Jocelyn Champagnon, directeur de recherche à la Tour du Valat, cette étude souligne l’importance de concilier différentes approches de gestion de l’eau afin de répondre aux objectifs de conservation des oiseaux d’eau ainsi qu’aux besoins spécifiques d’autres espèces patrimoniales.

Les stratégies de conservation passant également par la connaissance de la situation sanitaire au sein des espaces naturels, un temps a été dédié à la situation de la grippe aviaire en Camargue. Marion Vittecoq, directrice de recherche à la Tour du Valat, a présenté le protocole de surveillance active déployé en Camargue depuis l’automne (les résultats sont disponibles en ligne [23]) et incité les participants à se tenir informés de l’évolution rapide de la situation grâce aux synthèses proposées régulièrement par la Plateforme ESA [24].

Enfin, la réunion s’est achevée par la projection d’un film [25] produit par l’équipe mixte TDV/OFB qui participe aux suivis d’oiseaux d’eau migrateurs au Sahel. Ce film relate la découverte et la désignation d’une nouvelle zone humide Ramsar au Soudan, d’une importance exceptionnelle à la fois pour les oiseaux d’eau et les communautés locales qui en dépendent.  Dans un contexte différent, ce film témoigne pourtant d’enjeux similaires à ceux de la Camargue : la nécessité de coopérer entre acteurs afin de concilier activités humaines et préservation de la biodiversité.


Retrouvez le film produit par l’équipe mixte TDV/OFB et projeté lors de cette réunion :

Publication du 26ème Compte-rendu ornithologique Camargue-Crau-Alpilles 2013- 2018

Publié par marquis le Publications | Pas de commentaire

Publié dans la Revue internationale d’ornithologie Alauda, le 26ème Compte-rendu ornithologique Camargue-Crau-Alpilles 2013-2018 [26] est à présent disponible en ligne.

Cincle plongeur © Thomas Galewski

Ce 26ème rapport ornithologique de la Camargue [26] couvre l’avifaune de la Camargue au sens large (plan-du-Bourg, Grande Camargue, Camargue gardoise), ainsi que la Crau et le massif des Alpilles. Il s’inscrit dans la continuité d’une longue tradition commencée en 1930, peu après la création de la Réserve Botanique et Zoologique de Camargue, devenue depuis la Réserve Nationale de Camargue.

Cette compilation s’appuie sur les bases de données gérées au quotidien par plusieurs structures présentes sur la zone couverte : LPO PACA, Meridionalis, la Tour du Valat, le Parc naturel régional de Camargue, etc.  Ces bases de données sont très largement alimentées par les observations des ornithologues locaux, qui étudient nombre d’espèces annuellement. Elles sont complétées par les observations de visiteurs occasionnels, ainsi que par diverses données issues des suivis à long terme réalisés par la Tour du Valat et les Marais du Vigueirat.

Gobemouche à demi-collier © Thomas Galewski

Entre 2013 et 2018, plus de 900 000 observations ont été collectées, soit plus du double de l’édition précédente.

Dans le contexte de la crise climatique et alors que de nombreuses populations d’oiseaux sont en déclin, ces milliers d’observations nous permettent de mieux comprendre la biologie des espèces présentes en Camargue-Crau-Alpilles et leurs évolutions d’effectifs dans une perspective longue.

Cette publication scientifique témoigne également du travail collaboratif qui rassemble de multiples structures et de nombreux contributeurs  passionnés autour du territoire de la Camargue, dont l’intérêt patrimonial et international pour l’avifaune n’est plus à démontrer.

Neuf nouvelles espèces ont été découvertes en Camargue-Crau-Alpilles durant la période 2013-2018 :

  • le Faisan vénéré Syrmaticus reevesii,
  • le Martinet cafre Apus cafer,
  • le Gravelot asiatique Charadrius asiaticus,
  • le Gypaète barbu Gypaetus barbatus,
  • la Mésange boréale Poecile montanus,
  • le Gobemouche à demi-collier Ficedula semitorquata,
  • le Cincle plongeur Cinclus cinclus,
  • la Bergeronnette orientale Motacilla tschutschensis (si homologuée)
  • et le Pipit de Sibérie Anthus japonicus (la sous-espèce de Pipit farlousane Anthus rubescents observée en Camargue ayant été élevée au rang d’espèce sur décisions de la Commission de l’Avifaune Française en 2023 et 2024)

[26]

Télécharger le Compte-rendu ornithologique Camargue-Crau-Alpilles 2013- 2018 [26]

Alternatives au Bti pour le contrôle des moustiques en Camargue

Publié par marquis le Actualités,Presse | Pas de commentaire

Depuis 2006, la Tour du Valat est associée à l’expérimentation de démoustication de l’embouchure du Grand Rhône lancée par le Département des Bouches du Rhône. Après presque 20 ans d’expérimentation, et face au constat de l’impact de la démoustication au Bti sur la faune sauvage non-cible, plusieurs alternatives ont été développées.

Cristaux (toxines) de Bti et larve de moustique. © Guillaume Tétreau

Expérimentation de la démoustication au BTI

Depuis août 2006, une démoustication expérimentale par épandage de Bti est mise en œuvre sur la partie sud-est de la Camargue. A la demande du Parc naturel régional de Camargue, des études d’impact ont été mises en place par la Tour du Valat, notamment pour étudier l’impact de l’insecticide sur la faune sauvage non-cible.

Le Bti est un insecticide composé de spores de la bactérie Bacillus thuringiensis. Ingérée par les larves aquatiques de moustiques, elle sécrète des toxines qui

entraînent la mort de l’animal. Découvert en 1976, il est largement utilisé dans le monde, notamment en France, où il est épandu sur les zones humides à la main, par pulvérisateur ou par voie aérienne.

Comme cet insecticide non chimique est peu susceptible d’affecter directement la faune non-cible, les études proposées par la Tour du Valat ont porté sur les impacts indirects, à travers la chaîne alimentaire : comment les prédateurs des moustiques et chironomes (petits diptères non-piqueurs également sensibles au Bti) sont-ils affectés par la diminution de leurs proies ?

Un impact non-négligeable sur la faune non-cible

Les études ont révélé des impacts sur la faune non-cible supérieurs à ceux généralement observés avec des insecticides chimiques (Poulin 2012) :

L’accumulation et la prolifération des spores de Bti dans les sédiments suggèrent par ailleurs des impacts sur les chironomes benthiques bien au-delà des périodes d’épandage.

Moustique © Philippe Lambret

A la recherche de solutions alternatives

Depuis la publication de ces résultats, des études se sont orientées vers la recherche de solutions alternatives au Bti qui puissent être compétitives en matière de résultat, mais également de prix.

Parmi les solutions développées, des pièges anti-moustique permettent de contrôler les zones habitées en piégeant les moustiques à l’aide de CO2. En Camargue, la société Techno BAM a développé les bornes Qista, des bornes anti-moustiques sur ce principe, en partenariat avec le Parc de Camargue et la Tour du Valat. Une expérimentation grandeur nature menée durant deux ans (2015-2017) au hameau du Sambuc a montré que l’on pouvait réduire de 70 % la nuisance causée par les moustiques grâce à l’installation de pièges à moustiques, sans impact environnemental et à moindre coût (Poulin et al. 2017). Contrôle des eaux stagnantes, stérilisation des mâles et prévention des populations sont autant de dispositifs alternatifs et sans impact sur la biodiversité. Plutôt que de traiter des milliers d’hectares de milieux naturels, ces solutions se concentrent sur la protection des zones habitées, pour réduire les nuisances en impactant au minimum la biodiversité.

Revue de presse

–        Les Echos « Moustiques : quand la tech remplace les insecticides » [27]

–        Le Figaro « Pièges à CO2, stérilisation des mâles, contrôles des eaux  : la lutte contre les moustiques passe par une combinaison de dispositifs [28] »

–        L’Echo du Mardi « Démoustication de la Camargue : quel bilan depuis son lancement en 2006 ?  [29]» 

–        France 3 PACA « Une technique de démoustication pour réduire les nuisances tout en préservant l’environnement [28] »

Weekend d’inventaire naturaliste à la ferme agroécologique Petit Saint-Jean

Publié par marquis le Actualités | Pas de commentaire

Du 16 au 18 mai 2025, un inventaire naturaliste a eu lieu à la ferme agroécologique du Petit Saint Jean. 70 participants, naturalistes amateurs et professionnels, ont répondu présent durant ce week-end pour documenter la biodiversité de ce site situé en Camargue gardoise, et propriété de la Tour du Valat.

Blongios Nain © Ferran Pestaña

Documenter la richesse écologique du Petit Saint-Jean

L’objectif de cet inventaire naturaliste était de compléter les inventaires de biodiversité existants du site. Les participants ont effectué des relevés diurnes et nocturnes couvrant différents groupes taxonomiques : végétation terrestre et aquatique, amphibiens, reptiles, papillons, insectes nocturnes, pollinisateurs, araignées, etc.

Durant ce week-end, plusieurs espèces d’intérêt communautaire / emblématiques de la Camargue ont ainsi pu être observées :

Valorisation des données collectées

Les données recueillies seront partagées au réseau « Réensauvager la ferme » et à la plateforme Géoferme [30], afin de mieux comprendre les liens entre biodiversité, pratiques agricoles et paysages

En documentant la biodiversité présente dans les espaces agricoles, cette démarche collaborative permet également d’évaluer l’efficacité des pratiques agroécologiques mises en œuvre. Elle constitue également un support pour favoriser les échanges entre naturalistes et agriculteurs locaux, ainsi que le partage de connaissances sur l’agroécologie.

Les inventaires ont eu lieu de jour comme de nuit. © Perrine Sapede

Une agriculture innovante et respectueuse de la nature

Situé entre marais et dunes fossiles sur un ancien cordon littoral, le domaine du Petit Saint Jean présente une mosaïque d’habitats caractéristiques de la Camargue, tels que marais, montilles, sansouïres et une pinède à pin pignon. Les activités de la ferme associent viticulture (13 cépages), arboricultures, agroforesterie et maraîchage ainsi que du pastoralisme (ovins, bovins et équins)

Tous en favorisant la biodiversité par l’implantation d’un ensemble d’infrastructures agroécologiques (haies, bandes enherbées, gîtes et nichoir pour la faune, …).

 

Cordulie à corps fin © Wikimedia Commons

Carnet sonore de terrain – Episode 1 « Une journée de pêche sur le canal de Fumemorte avec Pascal Contournet »

Publié par estamm le Documentations,Projets / Nos actions | Pas de commentaire

En 2025, la Tour du Valat vous propose un nouveau format pour découvrir les coulisses du terrain de ses salariés et mieux connaître les activités de la Tour du Valat.

[31]

 

Episode 1 – Une journée de pêche sur le canal de Fumemorte avec Pascal Contournet

Embarquez avec Pascal Contournet, technicien de recherche à la Tour du Valat, sur le canal du Fumemorte, un canal de drainage des eaux rizicoles qui se jette dans l’étang de Vaccarès en Camargue. Depuis 1993, il y mène un suivi des populations de poissons de cet écosystème au fil des saisons, avec une attention particulière portée à l’anguille européenne.

 

 

🎧 A écouter ici :


© Réalisation :Tour du Valat

© Musique intro & outro :  Days Past by In Closing

Thèse de doctorat I Processus démographiques de la Spatule blanche face aux changements globaux

Publié par estamm le Publications | Pas de commentaire

Hugo Ferreira, doctorant à la Tour du Valat depuis 2020, a soutenu sa thèse et obtenue la mention honorifique le 13 mars 2025 à Aveiro au Portugal, intitulée :

«Processus démographiques de la Spatule blanche face aux changements globaux »

Hugo a réalisé son doctorat sous la supervision scientifique du Dr José Alves, chercheur principal au CESAM, Université d’Aveiro, le co-encadrement de Jocelyn CHAMPAGNON, directeur de recherche à la Tour du Valat et avec la collaboration de Tamar Lok, NIOZ Royal Netherlands Institute for Sea Research.

Soutenance de Thèse de Hugo Ferreira au Portugal le 13 mars 2025 ©Tour du Valat

Résumé :

Les changements globaux se produisent à un rythme alarmant en raison du développement humain continu et croissant. Les activités anthropiques entraînent une perte directe et significative des habitats, et donc de la biodiversité, mais elles influencent également, de manière indirecte, la capacité des espèces à répondre aux changements globaux. Les oiseaux migrateurs, qui connaissent actuellement un déclin important et rapide à l’échelle mondiale, font partie des taxons les plus touchés par les changements climatiques mondiaux et la perte d’habitat. Cependant, toutes les espèces de ce groupe ne sont pas en déclin et certaines semblent se rétablir, au moins localement, comme l’atteste plusieurs espèces d’oiseaux d’eau en Europe. Étudier la manière dont ces espèces en voie de rétablissement s’adaptent aux changements actuels, que ce soit au niveau du climat ou de leur habitat, peut fournir des indications sur la capacité de résilience des espèces d’oiseaux migrateurs.

©Tiziana Annesi / Hans Lucas

 

Un exemple notable d’une croissance de population après des années de déclin est celui de la Spatule blanche, une espèce partiellement migratrice qui s’étend de la côte est de l’Atlantique à l’Asie du Sud-Est. Dans cette thèse, Hugo a étudié le rôle des conditions environnementales, du comportement et de l’expérience dans l’influence de la réponse de cet oiseau d’eau aux changements globaux et locaux induits par des facteurs anthropiques directs et/ou indirects. Plus précisément, cette thèse comprend six chapitres visant à (i) explorer la façon dont le succès de reproduction est associé aux conditions environnementales rencontrées localement ; (ii) évaluer l’impact des facteurs anthropiques tout au long du cycle annuel et selon l’âge ; et (iii) comprendre l’effet du comportement migratoire sur la survie et la productivité.

 

 

 

 

Cette thèse explore comment une espèce d’oiseau d’eau modérément spécialisée peut bénéficier des changements globaux actuels en exploitant de nouvelles opportunités, telles que l’utilisation d’espèces envahissantes comme nouvelles sources de nourriture et l’utilisation de zones humides gérées pour des activités économiques et récréatives. Elle souligne également comment l’amélioration des performances (par exemple, la reproduction et la migration), avec l’âge et grâce aux signaux sociaux des congénères plus âgés, renforce la capacité de la spatule à prospérer dans des environnements changeants. Enfin, cette thèse examine la rapidité avec laquelle un scénario actuellement positif (affichés par les oiseaux d’eau) peut changer face à une grave dégradation des zones humides ou à un manque de souplesse d’adaptation aux changements mondiaux en cours.

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Hugo a également rédigé six articles dans sa thèse dont trois sont déjà publiés :

1) Ferreira HRS, Alves JA, Jiguet F, Duriez O, Blanchon T, Lok T, Champagnon J. 2024. Role of protected areas for a colonial-breeding waterbird in a fragmented landscape throughout its annual cycle. Landscape Ecology 40:6. https://doi.org/10.1007/s10980-024-02017-5  [32]> Plus d’info ici [33]

2) Ferreira HRS, Hadden AC, Champagnon J, Lok T, Vittecoq M, Alves JA. 2025. Presence and potential impact of anthropogenic nesting materials on a colonial breeding waterbird. Science of The Total Environment 964:178588. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2025.178588 [34].

Dans cette étude, nous avons quantifié la présence de matériaux de nidification anthropiques (plastiques) dans les nids de spatules. Plusieurs collectes d’informations ont été menées, la principale étant réalisée par photos pour limiter le dérangement. Les plastiques font partie principalement du linteau des nids de spatules, et sont principalement des feuilles de plastique. La proportion de plastiques augmente au fil de la saison. Aucun lien n’a été trouvé entre la proportion de plastiques et l’âge des reproducteur ou le succès de l’éclosion.

3) Ferreira HRS, Champagnon J, Alves JA, Lok T. 2024. Relationship between wintering site and survival in a migratory waterbird using different migration routes. Oecologia. https://doi.org/10.1007/s00442-024-05518-x [35].

Une étude a utilisé les données de baguage pour évaluer des différences de survie des spatules blanches en fonction des zones d’hivernage. Les migrateurs à longue distance ont le taux de survie le plus bas, indépendamment de la voie de migration empruntée. En outre, avec l’âge, les spatules semblent mieux faire face aux défis migratoires et aux conditions d’hivernage, car aucune différence de survie apparente entre les stratégies d’hivernage n’a été détectée au cours des années suivantes.

Il est encore temps de sauver les marais côtiers de Méditerranée

Publié par estamm le Publications | Pas de commentaire

Jusqu’à 92% des marais côtiers de Méditerranée pourraient disparaître d’ici à 2100, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications Earth & Environment, à laquelle ont contribué des chercheurs de la Tour du Valat. Selon les auteurs, des mesures de protection locales associées à une politique globale de ralentissement du changement climatique pourraient permettre de largement réduire ces pertes. 

Les marais côtiers : des milieux essentiels  

Les marais côtiers de Méditerranée sont des milieux uniques dont dépendent de nombreuses espèces, et où l’on retrouve une flore spécifique adaptée aux conditions saumâtres. La Camargue en France, le delta de l’Èbre en Espagne ou encore le delta du Nil en Égypte sont des espaces emblématiques de ce type d’écosystèmes. 

Au-delà de constituer de véritables refuges pour la biodiversité, ces milieux fournissent également d’importants services écosystémiques aux sociétés humaines. Stockage du CO2 dans leurs sols, filtration des eaux ou encore barrière naturelle contre l’érosion côtière et les submersions marines : les marais côtiers contribuent largement à protéger notre qualité de vie, nos infrastructures, ainsi qu’à mitiger les effets du changement climatique.  

Pourtant, ces écosystèmes font face à des pressions croissantes. Alors que la montée des eaux liée au changement climatique réduit progressivement leur superficie, la multiplication des barrages sur les grands fleuves a considérablement réduit l’apport de sédiments nécessaires à leur renouvellement naturel. Enfin, l’urbanisation des littoraux méditerranéens et la multiplication des infrastructures créent un phénomène de « compression côtière » qui empêche le processus naturel de migration des marais vers l’intérieur des terres, en réponse à la montée des eaux. 

Vers une disparition des marais côtiers méditerranéens ?  

Dans cette étude les chercheurs ont analysé l’impact potentiel de l’élévation du niveau de la mer sur ces écosystèmes à l’échelle de tout le bassin méditerranéen.  

« En utilisant une approche de modélisation intégrée, nous avons analysé comment les marais des façades côtières méditerranéennes allaient être impactés à large échelle par l’élévation du niveau de la mer, la dynamique des sédiments, la gestion des côtes, conduisant, ainsi, à leur migration vers l’intérieur des terres, voire leur disparition totale », explique Olivier Boutron [36], l’un des auteurs de l’étude, chercheur en hydrologie à la Tour du Valat et coordinateur de l’équipe en charge des problématiques de gestion de l’eau en zone littorale. Cette méthodologie a permis de modéliser plusieurs scénarios à l’échelle du bassin méditerranéen, en fonction de trois trajectoires climatiques : optimiste, intermédiaire et pessimiste. 

Les résultats sont alarmants, puisqu’ils révèlent que jusqu’à 92% des marais côtiers de la façade méditerranéenne pourraient disparaître d’ici 2100. Dans le scénario du maintien de la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre, la France, l’Égypte et l’Algérie pourraient ainsi voir la totalité des marais de leur façade côtière méditerranéenne disparaître d’ici la fin du siècle.  

Des solutions sont possibles 

Selon l’étude, la gestion actuelle des ouvrages de protection côtière ne permet pas d’enrayer cette disparition et ce, quel que soit le scénario climatique envisagé. Toutefois, une refonte stratégique de la gestion littorale couplée à un ralentissement global du changement climatique pourrait diviser par deux les pertes, à l’échelle méditerranéenne.  

Pour atteindre cet objectif, une stratégie doit être mise en place à deux niveaux : globalement, par la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pour limiter l’ampleur du changement climatique, ainsi que localement, par l’adoption de mesures d’adaptation permettant de préserver certains marais côtiers toujours existants en Méditerranée, en fonction des spécificités et possibilités locales, voire de restaurer une partie de ceux ayant été perdus et qui seront moins exposés au risque de submersion marine dans le futur.  

Parmi les politiques locales à mettre en œuvre prioritairement figure la création de « zones tampons » à l’arrière des marais actuels. Cette mesure essentielle permettrait aux écosystèmes de migrer naturellement vers l’intérieur des terres en réponse à la montée des eaux. « Ce type de mesure seule ne suffit cependant pas, il faut également développer des projets de restauration active de ces milieux » souligne Anis Guelmami, [37]coordinateur de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes [38] à la Tour du Valat et co-auteur de l’étude, et ajoute : « Il faut dès à présent engager le dialogue afin de trouver l’équilibre entre réduction de la compression côtière et maintien de systèmes de défense traditionnels pour protéger les enjeux économiques, là où c’est nécessaire. »  


Schuerch, M., Kiesel, J., Boutron, O., Guelmami, A., Wolff, C., Cramer, W., Caiola, N., Ibáñez, C., Vafeidis, A. T. Large-scale loss of Mediterranean coastal marshes under rising sea levels by 2100. Commun Earth Environ 6, 128 (2025). https://doi.org/10.1038/s43247-025-02099-2 [39]  


Contacts

Olivier Boutron [40], chargé de recherche et Coordinateur du Thème Dynamiques des zones humides et gestion de l’eau  à la Tour du Valat

Anis Guelmami, [41]coordinateur de l’Observatoire des Zones Humides Méditerranéennes [38] à la Tour du Valat