Alors que l’AEWA (l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie) célèbre ses 30 ans, une partie de l’équipe de la Tour du Valat s’est rendue à la MOP9 pour y animer deux side-events.
Laura Dami, Julien Birard, Clémence Deschamps et Elisa Tuaillon sont actuellement à Bonn, en Allemagne, pour rejoindre la MOP9 de l’AEWA. Accompagnés de Pierre Defos du Rau de l’OFB, ils retrouvent plusieurs de leurs partenaires : la délégation de Libye, d’Algérie, ainsi que du Tchad, du Soudan et du Sud-Soudan.
La Tour du Valat y anime deux sides-events :
Statut des dénombrements des oiseaux d’eau dans les pays partenaires du Réseau oiseau d’eau Méditerranée (ROEM) et avancées majeures
En 2021, dix pays du « Réseau Oiseaux d’eau Méditerranée (ROEM) » ont décidé de synthétiser leurs données sous forme de rapports techniques, destinés à évaluer l’état du suivi des oiseaux d’eau dans chacun des pays, ainsi qu’à produire une synthèse générale. Cinq ans plus tard, le ROEM présente les évolutions de ces rapports ainsi que ceux des 5 pays ayant décidé de rejoindre l’initiative. L’objectif est de souligner les efforts réalisés, de documenter les espèces hivernantes et leurs tendances, d’identifier les principaux enjeux ainsi que les opportunités offertes pour l’accueil de ces espèces migratrices.
Présentation du MOOC « Identifier et dénombrer les oiseaux d’eau d’Afrique du Nord et du Sahel – Comment et dans quels buts ? »
Présentation du nouveau cours en ligne du Projet RESSOURCE « Identifier et dénombrer les oiseaux d’eau d’Afrique du Nord et du Sahel – Comment et dans quels buts ? »
Complet et gratuit, ce cours offre une initiation avancée à l’identification des oiseaux d’eau du Sahel et d’Afrique du Nord et aux techniques de dénombrement. Il a pour ambition de développer les réseaux d’observateurs et d’experts en dénombrement international d’oiseaux d’eau et est dès à présent disponible sur la plateforme du Programme sur les aires protégées et la conservation en Afrique (PAPACO) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
2025 marque les 30 ans du traité de l’AEWA ! De l’Islande à l’Afrique du Sud, ce sont 85 parties prenantes (84 pays + Union européenne) qui se rassemblent tous les trois ans, pour convenir des politiques et stratégies de conservation des oiseaux d’eau migrateurs aux niveaux national et international.
École d’automne RESTORE4Cs 2025 : sciences, politiques et pratiques au service de la restauration des zones humides côtières
Du 3 au 6 novembre 2025, l’Ecole d’automne RESTORE4CS s’est tenue à Malaga (Espagne). Cet évènement a réuni scientifiques, décideurs politiques, gestionnaires et acteurs de la restauration autour d’un même objectif : promouvoir la restauration des zones côtières et des zones humides en Europe au service de la résilience climatique.
L’École d’automne RESTORE4Cs : quatre jours d’échanges et de formation
Cette école d’automne a réuni des participants de toute l’Europe, mais aussi d’Algérie, du Pakistan, d’Iran, d’Arabie Saoudite et du Bangladesh, pour quatre journées intensives de formation et d’échanges.
Le programme s’est articulé autour de plusieurs temps forts :
Sessions scientifiques et techniques : les experts présents ont partagé leurs derniers travaux sur les flux de gaz à effet de serre (GES), la modélisation des écosystèmes humides, le développement d’indicateurs de suivi, ainsi que les méthodologies de cartographie et de monitoring des zones humides : autant de bases scientifiques indispensables à une restauration efficace.
Démonstrations pratiques : les participants ont pu découvrir et tester la Plateforme en ligne et la Boîte à Outils RESTORE4Cs. Conçus pour faciliter la prise de décision en matière de restauration des zones humides, ces outils ont été partagés lors de sessions interactives qui ont permis de recueillir des retours précieux en vue de leur finalisation.
Dialogue entre science et politique : la dernière journée fut entièrement consacrée à la rencontre entre la communauté scientifique et les décideurs politiques. Elle s’est terminée par des échanges libres entre les acteurs institutionnels présents et les chercheurs, en vue de promouvoir la restauration et la conservation des zones humides côtières en Europe, en tant que solutions concrètes pour l’atténuation des effets du changement climatique.
La Plateforme en ligne et la Boîte à Outils RESTORE4Cs
Au cœur du projet RESTORE4Cs, se trouve une Plateforme numérique dédiée aux zones humides et côtières européennes. Conçue pour l’aide à la décision, cet outil numérique vise à accompagner les pouvoirs publics, les gestionnaires et les acteurs de la société civile dans leurs démarches d’identification de zones humides à restaurer et de définition des actions à mettre en œuvre.
Plus qu’un simple répertoire de données, la Boîte à Outils et la Plateforme en ligne de RESTORE4Cs permettront de :
Prioriser les zones humides côtières à restaurer en fonction de multiples critères (niveau de dégradation, pertinence écologique, apports potentiel en service écosystémiques, etc.)
Évaluer leur état de conservation
Aider à répondre aux cadres politiques clés à l’échelle de l’Europe (Régulation sur la Restauration de la Nature, Directives européennes, etc.)
Développée en collaboration avec les futurs utilisateurs, en fonction de leurs besoins et de leurs retours, ces outils s’appuie sur les résultats des différents volets du projet RESTORE4Cs. En accompagnant les différents acteurs dans la préservation et la restauration des zones humides côtières, son objectif est d’optimiser les services que ces dernières rendent à la société dans la lutte contre le changement climatique.
RESTORE4Cs : une coordination européenne pour la préservation des zones humides côtières
Le projet RESTORE4Cs, financé par le programme Horizon Europe, répond à un enjeu environnemental majeur : valoriser et optimiser le rôle des zones humides côtières européennes dans l’atténuation des effets du changement climatiques. Capables de séquestrer le carbone et les GES, essentiels au cycle de l’eau et à la biodiversité, ces écosystèmes comptent parmi les plus riches et les plus productifs de la planète, mais également parmi les plus menacés.
Grâce à un réseau de partenaires européens, RESTORE4Cs ambitionne de produire des connaissances scientifiques robustes ainsi que des outils opérationnels au service d’une gestion plus efficace et d’une plus large restauration de ces milieux. Le succès de cette session de formation montre qu’ensemble, nous pouvons développer les connaissances, la communauté et la dynamique nécessaires à la bonne gestion et la restauration des zones humides à travers l’Europe.
Pour aller plus loin :
Ne manquez pas la sortie de la série de podcasts « Wetlands in Action » ! Disponible le 18 novembre 2025, elle sera présentée au Forum sur la Résilience de l’Eau à la Commission européenne le 8 décembre 2025.
Rapports techniques du Réseau Oiseaux d’Eau Méditerranée (ROEM)
Le Mediterranean Waterbirds Network (MWN/ROEM) soutient et coordonne les comptages d’oiseaux d’eau à l’échelle du bassin méditerranéen. Créé en 2012 dans le cadre de l’Initiative africaine de l’AEWA, il s’est d’abord développé avec cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte), en partenariat avec la Tour du Valat et l’Office Français de la Biodiversité (OFB), afin d’améliorer la quantité et la qualité de ces suivis.
Depuis 2017, le Réseau Oiseaux d’Eau Méditerranée (ROEM)[3] s’est élargi à d’autres pays méditerranéens pour favoriser les échanges et les collaborations scientico-techniques. Parmi ces pays, les collaborations plus importantes sont notamment avec : l’Albanie, l’Espagne, la France, l’Italie, la Grèce, la Serbie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, le Portugal et la Turquie.
Cette année, treize de ces pays ont décidé de renouveler la collaboration sur l’élaboration de rapports techniques nationaux, ainsi que sur une synthèse générale sur l’état des dénombrements des oiseaux d’eau (DIOE).
Vous pouvez télécharger ci-dessous les différents rapports réalisés : la synthèse méditerranéenne générale des rapports techniques du Réseau Oiseaux d’Eau Méditerranée (ROEM) sur l’état des dénombrements d’oiseaux d’eau (2019-2023), dans les 15 pays du réseau, ainsi que 13 chapitres « pays ».
De nouvelles recherches montrent que l’agriculture moderne a un impact sur la biodiversité dans les sites naturels, alors que certaines pratiques agricoles traditionnelles peuvent contribuer à la préserver. Natura 2000 est le plus grand réseau de zones protégées au monde, établi pour conserver les habitats et les espèces les plus précieux de l’Union européenne (UE). Les chercheurs ont mené une enquête à grande échelle auprès des gestionnaires de sites Natura 2000 dans toute l’Europe, en se concentrant sur les pratiques de gestion, les sources de financements et les menaces pour la biodiversité auxquelles le réseau Natura 2000 est confronté.
Les conclusions sont très claires : La principale menace pesant sur les sites naturels en Europe provient de l’intensification des pratiques agricoles, telles que l’utilisation de pesticides, le surpâturage et l’élimination des haies. « Il est alarmant de constater que les gestionnaires estiment que la biodiversité n’est pas à l’abri des pratiques néfastes », déclare Giorgio Zavattoni, chercheur doctorant.
L’agriculte intensive, une menace pour les sites naturels
En effet, 80 % des habitats d’intérêt communautaire de l’Union européenne se trouvent dans un état de conservation défavorable. Les rapports des Etats Membres de l’Union Européenne suggèrent que le principal facteur de dégradation des habitats est l’agriculture intensive mise en place dans les sites Natura 2000. Ce type d’agriculture est caractérisé par l’utilisation accrue d’engrais chimiques, de pesticides et de méthodes de culture délétères pour la biodiversité. Les résultats de l’étude révèlent que ces pratiques agricoles créent des menaces trop importantes pour que les gestionnaires puissent y faire face pleinement. Cela montre que la simple désignation d’un site naturel ne garantit pas en soi la conservation efficace de ses habitats et de ses espèces.
Les pratiques agricoles traditionnelles, un outil clé
Les gestionnaires sont-ils opposés à l’agriculture dans les sites naturels ? La réponse est non. En fait, certaines pratiques agricoles figurent parmi les mesures de conservation les plus utilisées par les gestionnaires de site Natura 2000 pour améliorer l’état de la biodiversité. Ce sont des pratiques agricoles traditionnelles de faible intensité, telles que le pâturage extensif et le fauchage tardif. Ces pratiques jouent un rôle clé dans la préservation d’habitats patrimoniaux, vitaux pour de nombreuses espèces menacées.
« Les prairies et les marais comptent parmi les écosystèmes les plus riches en biodiversité d’Europe, et les gestionnaires de sites naturels peuvent avoir recours au pâturage extensif pour assurer la conservation de ces habitats », explique Elie Gaget, chercheur à la Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes (France) et coauteur de l’étude. Malheureusement, avec l’intensification de l’agriculture, ces pratiques traditionnelles sont en train de disparaître dans l’Union Européenne.
Les fonds disponibles pour la gestion des sites Natura 2000 dépendent souvent de la politique agricole commune (PAC), l’instrument qui subventionne, entre autres, les pratiques agricoles intensives même à l’intérieur des sites naturels. Le professeur Jon Brommer, coauteur de l’étude basé à l’Université de Turku (Finlande), explique : « Le réseau Natura 2000 vise à protéger la biodiversité tout en rendant possible les activités humaines et la mise en œuvre de projets d’aménagements. Cependant, il est déroutant d’utiliser des fonds publics pour soutenir à la fois la conservation de la biodiversité et sa dégradation au sein des sites naturels ».
Dans l’ensemble, l’étude souligne la nécessité urgente de renforcer la réglementation agricole dans les sites naturels si l’Union Européenne veut atteindre ses objectifs en matière de conservation de la biodiversité. Une grande partie des mesures favorables à la biodiversité qui était incluse dans l’ensemble des propositions initiales du Pacte Vert Européen (Green Deal) a été supprimée après le printemps 2024.
L’étude souligne à quel point les pratiques agricoles peu intensives, à l’intérieur et autour des sites naturels, sont nécessaires à la conservation de la biodiversité européenne.
Référence :
Giorgio Zavattoni, Elie Gaget, Ineta Kačergytė, Tomas Pärt, Thomas Sattler, Tyler Hallman, Diego Pavón-Jordán & Jon E. Brommer. Threats and management of Natura 2000 protected areas in relation to current agricultural practices. Conservation Biology. 2025. DOI: 10.1111/cobi.70172
Étude MIGRALION : de nouvelles connaissances sur les migrations d’oiseaux en Méditerranée
Après quatre ans d’étude de la présence et des comportements des oiseaux et des chiroptères dans le golfe du Lion, le projet MIGRALION partage des résultats inédits sur l’usage de cet espace maritime par la faune volante migratrice.
Lancé en 2020 à l’initiative de la commission spécialisée « éolien flottant » du conseil maritime de façade Méditerranée et piloté par l’Office français de la biodiversité (OFB), à la demande des ministères en charge de la biodiversité et de l’énergie, le programme MIGRALION regroupe plus d’une dizaine de partenaires (chercheurs, scientifiques, bureaux d’études, associations). Ensemble, ils travaillent sur l’acquisition des données et leur analyse globale. Ce projet de grande ampleur a permis d’équiper plus de 500 oiseaux de balises GPS et ainsi d’obtenir des données inédites sur un grand nombre d’espèces qui n’avaient jamais été équipées auparavant.
Selon le Directeur général de l’institut de recherche de la Tour du Valat, Jean Jalbert, dans une interview pour le media Dis-Leur[11] :
« C’est un projet qui a apporté beaucoup d’enseignements scientifiques. »
« Nous avons participé au volet recherche sur les oiseaux terrestres que nous avons équipés de balises. On a entrouvert une porte scientifique. On a appris par exemple que ce ne sont pas les mêmes zones fréquentées en “montant” ou “descendant” vers nos côtes ; et oui ces futurs champs d’éoliennes sont sur le chemin de ces oiseaux migrateurs alors que la plupart de ces espèces sont déjà dans des tendances démographiques préoccupantes. »
Découvrir les résultats
Les résultats de MIGRALION seront mobilisés dans le cadre de la planification des zones de développement de l’éolien en mer à l’horizon 2050. Ils viendront également alimenter l’Observatoire national de l’éolien en mer, chargé de valoriser les connaissances existantes ainsi que de conduire de nouveaux programmes d’acquisition de données sur le milieu marin et les effets de l’éolien en mer.
Vous pouvez retrouver les rapports et posters scientifiques du projet sur le site Eoliennes en mer[12]. Les différentes données sont progressivement mises à disposition sur l’infrastructure de données de l’OFB[13] à partir du 10 octobre.
Un webinaire de restitution ouvert à tous se tiendra le 6 novembre, pour permettre au consortium scientifique de présenter ses travaux à une large audience.
Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) sont de plus en plus reconnues comme étant des approches efficaces pour relever les défis environnementaux et sociétaux. En s’appuyant sur les dynamiques naturelles, les SfN contribuent à préserver la biodiversité, réduire les risques climatiques et améliorer le bien-être humain. En Méditerranée, où les pressions telles que l’urbanisation, la pollution et la perte de biodiversité sont particulièrement fortes, les SfN proposent une manière efficace de rétablir l’équilibre entre les personnes et les écosystèmes, tout en promouvant le développement durable.
L’étude souligne que la collaboration interdisciplinaire, les approches participatives et des modèles de gouvernance robustes sont essentiels à une mise en œuvre efficace. Elle met également en avant la nécessité du soutien politique, de mécanismes de financement adaptés et d’une meilleure communication pour amplifier l’impact des SfN et les rendre plus inclusives.
Le Consortium Méditerranéen pour la Biodiversité et les solutions fondées sur la nature
Le Consortium Méditerranéen pour la Biodiversité (CMB) promeut activement l’utilisation des Solutions fondées sur la Nature par le biais du projet RESCOM, sa première grande initiative régionale.
RESCOM vise à améliorer la résilience sociale et écologique des écosystèmes méditerranéens par la mise en œuvre des SfN sur neuf sites pilotes : en Albanie, en Égypte, en Italie, en Libye, au Monténégro, au Maroc, en Tunisie et en Turquie.
Dans le cadre de ces initiatives pilotes et des activités associées, le CMB travaille avec les partenaires locaux pour développer des actions de restauration concrètes, renforcer les capacités des gestionnaires et des acteurs locaux, ainsi que soutenir des petits projets intégrant les SfN par le biais de subventions dédiées. Au niveau régional, il facilite également le partage des connaissances. L’ensemble de ces activités mettent les Solutions fondées sur la Nature au cœur de la mission du CMB : protéger et de restaurer la biodiversité méditerranéenne.
Résumé de l’article
L’urbanisation et l’intensification de l’agriculture ont un impact important sur la biodiversité dans le bassin méditerranéen. L’une des réponses a été l’adoption du concept de Solutions fondées sur la Nature, notamment promu par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Bien que le terme soit largement employé, il existe une grande variabilité dans sa définition, son utilisation et les impacts attendus sur la biodiversité et/ou la société. Nous avons réalisé une analyse documentaire de projets de SfN exemplaires dans le bassin méditerranéen, en identifiant les obstacles à leur mise en œuvre et en formulant des recommandations pour surmonter ces difficultés. L’étude a analysé plus de 200 documents, dont des articles scientifiques, des documents stratégiques et des guides de bonnes pratiques. Les recommandations ont été regroupées en catégories (gouvernance, financement, intégration et aspects techniques) et une liste de messages clés ont été identifiés. Les résultats ont montré que l’interdisciplinarité et les pratiques participatives sont essentielles et que des changements systématiques et politiques sont nécessaires. La sélection et l’adaptation de SfN à des contextes sociaux et écologiques spécifiques et la prise en compte des compromis et des inégalités ont été identifiées comme des conditions préalables indispensables. La communication publique et les systèmes de financement sont également des leviers importants pour améliorer la mise en œuvre. Les résultats montrent que, bien que les SfN spécifiques à la Méditerranée restent un sujet émergent dans la littérature scientifique, un large éventail d’autres types de documents, y compris des articles universitaires internationaux, peuvent être utiles pour les acteurs locaux.
Citation:
Ernoul, B. Hetherington, Nature-based Solutions in the Mediterranean Region: A look back and moving forward, Journal for Nature Conservation (2025), doi: https://doi.org/10.1016/j.jnc.2025.127109[17]
L’automne s’installe… et si on l’accueillait avec un bon verre de vin ?
L’offre de vins et de jus de raisin du Petit Saint-Jean, notre ferme agroécologique, est toujours au rendez-vous ! C’est l’occasion de (re)découvrir des cuvées engagées, issues de l’agriculture biologique, cultivées et vinifiées avec soin en plein cœur de la Camargue.
Au programme :
Des blancs minéraux et élégants (Grenache gris, Grillo, Alvarinho…)
Des rosés frais et fruités (Nero d’Avola)
Des rouges ronds et gourmands (Merlot, Malbec, Clovis, Sapéravi…)
Et bien sûr, notre jus de raisin 100 % bio, récolté à la main !
En Camargue, des scientifiques traquent les virus avant qu’ils ne déclenchent la prochaine pandémie. Découvrez en vidéo le projet ZOOCAM, un projet dédié à la prévention des zoonoses.
La Camargue (Delta du Rhône, France) est un écosystème tempéré propice à l’émergence et à la propagation de maladies zoonotiques. Face à ce défi, alors que la mise en œuvre de l’approche One Health s’est surtout concentrée sur les régions tropicales et intertropicales, une Zone Atelier Santé-Environnement-Camargue du CNRS est en cours de construction. ZOOCAM est un premier projet issu de cette initiative.
L’ambition est de fédérer la recherche en santé-environnement en Camargue, hotspot de biodiversité où faune sauvage, animaux domestiques et activités humaines se côtoient, selon une approche intégrative et interdisciplinaire pour apporter des réponses concrètes aux acteurs locaux.
7 équipes pluridisciplinaires sont mobilisées pour comprendre et prévenir les zoonoses – ces maladies qui passent de l’animal à l’homme.
Au programme :
Détection des virus à potentiel pandémique dans les fèces de mammifères sauvages
Impact de la pollution sur la transmission des parasites
Rôle des microplastiques dans la capacité vectorielle
Modélisation de la biodiversité et circulation des pathogènes
Co-construction de solutions avec les populations locales
Cette approche nécessite un dialogue constant entre scientifiques et acteurs locaux, notamment pour trouver des solutions durables qui permettent de réduire les risques sanitaires tout en préservant les écosystèmes. De la biologie moléculaire à l’étude des microplastiques, en passant par la modélisation participative avec les habitants, ces chercheurs analysent chaque maillon de la chaîne de transmission.
ZOOCAM est un projet financé par le PEPR PREZODE (Prévention du Risque Zoonotique), dans le cadre de la Zone Atelier Santé Environnement en Camargue (ZACAM).
Retour sur la 5ème édition de l’école d’été « Biodiversité et vecteurs »
La 5ème édition de l’école d’été « Biodiversité et vecteurs » a réuni 20 participant·es de 7 nationalités et de différentes origines scientifiques, professionnelles et géographiques.
Organisée dans le cadre du Défi Clé « Risques infectieux et vecteurs en Occitanie[19] » (RIVOC), la 5ème édition de l’école d’été « Biodiversité et vecteurs » s’est tenue
du 15 au 19 septembre 2025 à la Tour du Valat.
Avec pour thématique : «Biodiversité et vecteurs : au-delà de la lutte chimique ? », l’objectif de cette formation était d’explorer les maladies vectorielles qui affectent les humains, les animaux et les plantes.
Le lien entre la perte de biodiversité et l’émergence de maladies est fréquemment souligné. Cependant, le rôle des vecteurs en tant qu’éléments de la biodiversité, les conséquences sur la biodiversité des méthodes de lutte contre ces vecteurs, ainsi que l’influence de la biodiversité sur les vecteurs et les maladies qu’ils transmettent restent peu explorés.
Dans une perspective OneHealth, les étudiant·es ont pu explorer divers modèles impliquant moustiques, tiques, mollusques, pucerons, et plus encore, ainsi que réfléchir à des solutions de prévention et de contrôle.
Ouverte au public académique ainsi qu’aux professionnels de structures non académiques travaillant en lien avec la thématique, cette édition a permis aux étudiant·es de mieux connaître les maladies vectorielles et leurs dynamiques mais également, pour la plupart, de découvrir la précieuse réserve de biodiversité qu’est la Camargue.
De nouvelles recherches montrent que les populations de dizaines d’espèces d’oiseaux d’eau et d’oiseaux marins ont décliné depuis bien plus longtemps qu’on ne le pensait en Europe. L’article « Shifting the baseline for waterbird and seabird conservation in Europe, risk assessment over one century » démontre que faire abstraction d’un siècle d’histoire conduit à fixer des objectifs trop modestes pour restaurer la biodiversité.
En Europe, d’importants efforts de conservation et de suivi des oiseaux ont été mis en place à partir des années 1970, à la suite de la dégradation de leurs habitats et de leurs populations. Le suivi des espèces renseigne avec une grande précision l’état de santé de leurs populations. Mais oublier ce qui a précédé ces suivis, c’est potentiellement sous-estimer l’ampleur réelle des déclins.
Une étude menée par la Tour du Valat (France) et l’Université de Turku (Finlande), publiée dans Biodiversity and Conservation, a analysé plus d’un siècle de données (1900–2018) sur 170 espèces d’oiseaux d’eau et marins. Ses conclusions sont sans appel : ignorer les déclins historiques fausse nos références pour au moins 40% des espèces évaluées. Les chercheurs montrent que prendre les années 1970 comme point de référence revient à normaliser un état déjà gravement dégradé. « Restaurer les populations d’oiseaux tels qu’ils étaient dans les années 1970 ne suffit pas : leur déclin avait commencé bien avant », avertit Thomas Galewski (Directeur de recherche à la Tour du Valat). Les politiques de restauration devraient donc s’appuyer sur une perspective d’au moins un siècle pour être réellement ambitieuses.
Plus inquiétant encore, certaines espèces ont décliné sans interruption depuis plus d’un siècle. C’est le cas de la guifette noire ou du râle des genêts.
« Ces espèces devraient être replacées au centre des efforts de conservation », alerte Élie Gaget (Tour du Valat), premier auteur de l’étude.
Depuis les années 1970, conventions internationales et directives européennes ont été adoptées pour protéger oiseaux et habitats. Pourtant, les résultats restent insuffisants : 61 espèces sur 170 continuent de décliner. Les causes – destruction des zones humides, intensification des pratiques agricoles, surpêche, pollution, chasse illégale ou non-durable – restent puissantes et insuffisamment contrôlées. Le changement climatique agit comme un facteur aggravant, accentuant les pressions existantes et bouleversant les équilibres écologiques.
Le Flamant rose, quasiment disparu d’Europe occidentale dans les années 1960, a spectaculairement recolonisé le bassin méditerranéen grâce à la protection de ses sites de reproduction, d’abord en Camargue, puis sur d’autres zones humides d’Espagne, d’Italie ou de Turquie. Après des décennies de persécutions qui l’avaient presque fait disparaitre, le Grand Cormoran est redevenu un oiseau familier de nos côtes et de nos zones humides. Mais ces succès de protection ne doivent pas masquer la réalité : de nombreuses espèces ont perdu une grande partie de leur aire de répartition historique, et certaines n’ont jamais retrouvé les effectifs du début du XXe siècle.
« Les suivis à long terme, comme les dénombrements, sont notre meilleure arme contre l’amnésie générationnelle. Sans mémoire collective, nous risquons de normaliser un monde déjà appauvri », conclut Thomas Galewski.
Référence
Gaget, E., Brommer, J.E., Galewski, T. (2025). Shifting the baseline for waterbird and seabird conservation in Europe, risk assessment over one century. https://doi.org/10.1007/s10531-025-03155-1[21]
Le Congrès de l’UICN a voté en faveur de la motion 130, » Renforcer les restrictions contre les infrastructures touristiques non durables « . Lors du Congrès mondial de la nature 2025 de l’UICN, les membres ont massivement approuvé la motion 130. Avec plus de 98% des voix, ils appellent à des restrictions plus fortes sur les infrastructures touristiques non durables dans les aires protégées des catégories I et II de l’UICN.
Lagune de Vjosa-Narta
Cette motion a été lancée par la PPNEA (Albanie) et appuyée par 14 organisations partenaires de 13 pays, dont EuroNatur, BirdLife International, la Tour du Valat, Wetlands International et d’autres. Ce qui a commencé comme un appel d’un petit pays comme l’Albanie, contre les amendements controversés à la Loi sur les zones protégées (Loi n° 21/2024), s’est transformé en un succès mondial en faveur de la conservation. Ensemble, nous avons réaffirmé un principe élémentaire : les zones protégées sont destinées à la conservation, et non au développement massif, y compris celui du tourisme de masse.
L’adoption de la loi n° 21/2024 en Albanie, défendue sous le prétexte fallacieux de « respecter les critères de l’UICN », a ouvert la voie à la construction de complexes touristiques, d’aéroports et d’installations de production d’énergie, même dans les parcs nationaux. Ce dangereux précédent a mené à l’élaboration de la Motion 130, qui vise à empêcher les gouvernements du monde entier d’utiliser des failles similaires pour justifier la destruction de la nature sous couvert de tourisme. La motion demande expressément au gouvernement albanais de rétablir les restrictions sur le développement d’infrastructures lourdes dans les zones protégées.
Qu’il s’agisse des zones humides côtières d’Albanie ou des dunes millénaires de Vjosa-Narta, où des complexes hôteliers et des aéroports de luxe sont en projet, ou de luttes similaires dans le monde entier, la Motion 130 rappelle désormais aux gouvernements que le tourisme n’est pas une excuse pour détruire les zones protégées.
Mais malgré le succès majeur du vote, le chapitre n’est pas clos. Sans une action immédiate, le gouvernement albanais pourrait continuer à mener des projets destructeurs dans les parcs nationaux, ignorant à la fois les exigences européennes et le positionnement global de l’UICN.
Du renfort pour le volet agroécologie à la Tour du valat
Deux nouvelles recrues sont venues renforcer le travail mené par la Tour du Valat sur sa ferme agroécologique : Katrina Müller, œnologue, et Mario Bourcin, en charge du développement commercial de nos produits.
En juin, nous avons accueilli Katrina Müller, qui apporte son expertise dans l’élaboration des vins. Elle accompagne la préparation des cuvées 2025 ainsi que la restructuration de notre gamme, afin de valoriser au mieux le travail réalisé sur nos vignes en agroécologie.
En septembre, Mario Bourcin a rejoint l’équipe pour soutenir le développement commercial de nos produits. Sa mission principale consiste à renforcer et élargir le réseau de partenaires et de détaillants, afin de faire connaître et rayonner nos produits auprès d’un public plus large, tout en mettant en avant leur dimension agroécologique et leur soutien à la conservation des zones humides.
Leur arrivée contribuera à donner toujours plus de qualité, de visibilité et de reconnaissance aux produits de la Tour du Valat, issus d’une agriculture qui allie savoir-faire, innovation et respect de la biodiversité.