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Menaces sur la biodiversité et les zones humides en temps de pandémie

Si les témoignages rapportant la présence d’espèces, profitant du confinement d’une grande partie de la population mondiale pour s’aventurer dans des zones où elles s’aventurent peu habituellement, se multiplient, ce calme a également des effets néfastes sur la biodiversité et les zones humides. Plusieurs membres et partenaires de l’Alliance méditerranéenne des zones humides [1], un réseau de 28 ONG du bassin méditerranéen qui aspire à augmenter collectivement la visibilité et la protection des zones humides dans la société méditerranéenne, ont mis en lumière une situation plus inquiétante.

Construction sur la rivière Bjelava © R. Oroz

En plusieurs endroits la paralysie des activités est utilisée pour poursuivre des projets de constructions controversés. Il s’agit notamment de projets hydroélectriques, comme c’est le cas dans les Balkans, où les investisseurs semblent profiter de la réduction de l’activité gouvernementale, notamment baisse des activités d’inspection et de contrôle, pour avancer sur ces projets dans des conditions illégales ou frôlant l’illégalité. Ainsi, en Bosnie Herzégovine, au sud de Sarajevo, les destructions continuent avec cinq projets de barrages concernant les rivières Bjelava, Mala Bjelava, Vrhovinska, Željeznica and Prača (voir ici [2]).

Par ailleurs, les investisseurs tirent également parti des interdictions pour la société civile de se rassembler pour protester. C’est notamment le cas en Turquie, autour du lac Salda (Burdur), où un projet d’aménagement est en cours alors que le lac est fermé à la société civile et que la population locale s’oppose au projet (voir ici [3] et ici [4]). Le gouvernement a également profité de la pandémie pour assouplir la législation sur les aires protégées, rendant possible la construction de barrages et autres infrastructures dans ces dernières,  et approuvé un projet de développement touristique sur les rives du plus grand lac d’eau douce du pays, le lac de Beyşehir (voir ici [5]).

L’Alliance méditerranéenne des zones humides [1] dénonce ces activités anti-démocratiques et contraires au développement durable. La crise actuelle, au contraire, met en lumière les liens entre populations humaines et écosystèmes et le besoin de les préserver. Les zones humides sont indispensables à la résilience des sociétés humaines dans un contexte de réchauffement climatique et de raréfaction des ressources en eau. Il est inacceptable que le calme, tout relatif, qui règne actuellement serve à la destruction de la biodiversité, en général, et des zones humides en particulier.

Si vous avez connaissance de développement similaires dans vos régions respectives, merci de nous contacter: [email protected] [6]  et rejoignez-nous sur facebook [7].

Contact : Maud Borie, Tour du Valat (e-mail [8])


Les activités de l’Alliance méditerranéenne pour les zones humides sont soutenues dans le cadre du projet « Organisations de la société civile & gestion durable des zones humides en Méditerranée » [9] par l’Agence Française de Développement (AFD [10]) et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM [11]).