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1923-2023 : l’héritage de Luc Hoffmann

Il y a 100 ans naissait à Bâle Luc Hoffmann, ornithologue passionné, infatigable défenseur de l’environnement en général et des zones humides en particulier, philanthrope et père-fondateur de nombreuses initiatives et organisations, dont la Tour du Valat.

Luc Hoffmann (1923-2016) [1]

Un visionnaire qui toute sa vie a largement contribué à la connaissance et préservation des zones humides à travers le monde.

  • Fondateur de la Station biologique de la Tour du Valat (1954)
  • Co-fondateur du World Wildlife Fund-WWF (1961)
  • Organisateur de la première conférence internationale sur les zones humides aux Saintes-Maries-de-la-Mer en 1962, dans le cadre du projet MAR. Cette initiative préfigurera la Convention de Ramsar sur la préservation des zones humides (1971), premier traité international s’attachant à la protection d’un écosystème particulier.
  • Inspirateur et créateur de nombreuses zones protégées en Méditerranée (Parc National de Doñana en Espagne, lacs de Prespa aux confins de la Grèce, l’Albanie et la Macédoine) et en Afrique de l’ouest avec le Parc National du Banc d’Arguin
  • L’un des fondateurs de l’Initiative MedWet (1991), bras opérationnel de la Convention de Ramsar dans le bassin méditerranéen, qui a tracé la voie pour 19 autres initiatives régionales pour les zones humides à travers la planète.

Le centenaire de la naissance de Luc Hoffmann est l’occasion de contempler le chemin parcouru pour les zones humides 

Au cours du siècle passé, les zones humides ont en effet radicalement changé de statut, grâce aux efforts de la communauté scientifique, de la société civile et de quelques responsables politiques visionnaires. Autrefois perçues comme insalubres, sources de nuisances pour les populations et espaces à « mettre en valeur » à coup de drainage et de poldérisation, elles ont, plus que tout autre écosystème, subi les assauts du développement agricole et urbain au point de régresser de près de 90% à l’échelle mondiale depuis le 18e siècle.

Progressivement pourtant, le regard que nos sociétés portent sur les zones humides a profondément changé. A partir des années 1960, à mesure que les connaissances scientifiques s’accumulaient tant sur leur rôle clé pour un vaste cortège d’espèces animales et végétales que sur les innombrables services qu’elles nous rendent, les dispositifs juridiques et politiques les protégeant, nationaux comme internationaux, se sont étoffés. L’adoption de la convention de Ramsar en 1971 a joué en ce sens un rôle clé, et le nouveau cadre mondial pour la biodiversité adopté à Montréal en décembre dernier est un atout supplémentaire. Aujourd’hui, les zones humides sont largement perçues pour ce qu’elles sont : de formidables réservoirs de biodiversité, grandes pourvoyeuses de Solutions fondées sur la Nature en particulier face au changement climatique, que ce soit en matière d’atténuation ou d’adaptation.

Le chemin est certes encore long jusqu’à l’inversion de la tendance globale à la dégradation des zones humides, qui se poursuit à un rythme bien trop élevé. Mais désormais nous savons, nous disposons des connaissances et des leviers nécessaires, alors ensemble redoublons d’efforts pour parachever l’œuvre des précurseurs !