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Projet SWOS : Interview de Tobias Salathé

Tobias Salathé est conseiller pour l’Europe au Secrétariat de la Convention de Ramsar et membre du conseil d’administration de la Tour du Valat ; il répond aux questions de la Tour du Valat concernant le projet SWOS (en savoir plus [1]).

Le déclin actuel global des habitats naturels et de leur biodiversité est désormais bien documenté, notamment en ce qui concerne les zones humides. En quoi le projet SWOS apportera-t-il selon vous une plus-value pour tenter de stopper ou même d’inverser la tendance ?

Nos efforts pour des politiques environnementales se concentreront au cours des prochaines années sur les Objectifs du Développement Durable (ODD). Parmi eux, l’objectif 6.6 stipule qu’il faut, d’ici 2020, protéger et restaurer les écosystèmes liés à l’eau, y compris les montagnes, les forêts, les zones humides, les rivières, les aquifères et les lacs. Le progrès pour atteindre cette cible sera mesuré avec un indicateur (6.6.1), qui illustrera les changements de l’étendue des écosystèmes liés à l’eau au fil du temps. Les pays sont invités à mesurer séparément l’étendue de leurs zones humides intérieures, côtières marines et artificielles, selon la définition par la Convention de Ramsar. Si le projet SWOS offrira un outil pour mesurer ces changements, il apportera surtout une plus-value à tous ceux qui s’engageront à effectuer ce suivi régulier d’une manière transparente et objective ; une précondition pour stopper et inverser la tendance au déclin.

Les outils d’observation de la Terre (OT) pour le suivi des zones humides ont connu des progrès spectaculaires depuis leur début dans les années 1970. Pensez-vous que cette progression va perdurer au cours des prochaines décennies ? Si oui, dans quelle direction ? Quels sont, selon vous, les nouveaux défis auxquels ils doivent répondre en priorité, afin de mieux suivre l’état et les tendances des zones humides ?

La progression va sans doute continuer avec l’obtention de données plus fréquentes, plus détaillées et plus précises. Cela concernera à la fois l’étendue des différents écosystèmes, et leur nature en profondeur (inondations, aquifères, dépôts tourbeux). Les défis auxquels il faudra répondre sont déjà connus : combiner les outils d’OT avec les informations terrain d’ordre scientifique, sociale et économique, afin de pouvoir convaincre les décideurs des solutions intégrées nécessaires.

Dans le cadre du projet SWOS, les phases de formation et de transfert aux décideurs et aux gestionnaires des zones humides sont capitales, notamment via le géo-portail. Ce type d’approche est-elle devenue indispensable pour améliorer concrètement la protection et la gestion des sites humides, aussi bien dans les pays du Sud que du Nord ?

Notre plus grand défi, autant au Nord qu’au Sud, reste le transfert des connaissances et du savoir-faire. Cela ne se fera ni unilatéralement ni passivement. Il faudra un engagement mutuel et un vrai travail en commun pour changer nos conceptions, nos attitudes et notre comportement. Cela restera un grand chantier après le projet SWOS. J’espère qu’un tel programme d’action pourra déjà être préparé au cours du projet actuel, auquel la Tour du Valat pourra jouer un rôle crucial de catalyseur.